Belgique

Rentrée académique : portrait des adultes se réorientant vers les études.

Les étudiants adultes composent 2,5% de la population estudiantine universitaire en Fédération Wallonie-Bruxelles, selon le CREF, qui a utilisé comme critères d’évaluation l’âge de plus de 25 ans et l’absence de formation académique durant les trois années précédentes. Parmi les étudiants adultes, 55% sont des femmes, et ce pourcentage est encore plus élevé dans la formation initiale, atteignant 57,5%.


Le profil des « étudiants adultes » est très diversifié, mais il s’agit généralement de personnes ayant déjà une expérience professionnelle. Elles choisissent, pour différentes raisons, soit de compléter leur formation, soit de se réorienter complètement. L’offre d’études pour les adultes est vaste, mais nous nous concentrons ici sur ceux qui retournent à l’université : ils représentent 2,5 % de la population estudiantine universitaire en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Pour établir ce pourcentage, le CREF, Conseil des Rectrices et Recteurs, a utilisé deux critères : avoir plus de 25 ans et n’avoir pas suivi de formation académique durant les trois années précédentes, suggérant ainsi un passage par le marché du travail.

Les sciences humaines et sociales sont les plus prisées par ces étudiants adultes, tout comme pour ceux en formation initiale. Parmi les filières les plus populaires, on trouve le droit, les sciences économiques, la gestion et la psychologie. Comme pour les plus jeunes, la majorité des étudiants adultes sont des femmes : 55 % des étudiants adultes sont des étudiantes, tandis que dans la formation initiale, la proportion est encore plus marquée avec 57,5 % de femmes contre 42,5 % d’hommes.

Il existe divers parcours pour reprendre des études après une première carrière professionnelle. Louise, 46 ans, commence cette semaine sa deuxième année de baccalauréat en psychologie à l’ULB. Elle a opté pour le parcours « classique » : elle suivra l’ensemble du bac et du master, en journée, avec les plus jeunes. Elle n’est pas seule : « Nous sommes une petite vingtaine en psychologie en première année ayant plus de 40 ans, et nous sommes très sérieux dans notre petit groupe. Beaucoup d’entre nous sommes parents et avons quitté notre emploi, très peu ont une sécurité financière autre. Nous nous sommes donnés comme mission de réussir notre année. La plupart d’entre nous serons diplômés vers 50 ans, donc nous ne pouvons pas nous permettre de rater une année. »

Sa décision de se lancer a été déclenchée par une discussion : « Un été, j’étais avec une personne qui me connaissait bien, qui m’a dit : ‘écoute, je crois que tu as raté ta vocation’. J’avais déjà 43 ans. Elle m’a dit que psycho pour enfants serait parfait pour moi. Ça m’a fait un électrochoc et je me suis dit : ‘c’est sûr que c’est ça !’. J’ai fait des recherches pendant plus de six mois, trouvé des cours par correspondance, puis essayé avant de me lancer, tout en gardant mon ancien travail. Quand j’ai compris que ça me passionnait, j’ai décidé de faire le grand saut. »

Pauline, 41 ans, a également décidé de reprendre des études en philosophie à l’UCLouvain. « À 40 ans, j’ai ressenti l’envie de vivre autre chose. J’ai suivi des formations et rencontré différents enseignants. Mon objectif est d’enseigner la philosophie aux écoles, en particulier dans le cours ‘Philo et Citoyenneté’. Quand j’ai découvert ce cours, j’ai réalisé que c’était ce que je voulais faire. » Elle a choisi un certificat d’un an aux trois années de bac, suivi d’un master, puis une année d’agrégation. Il existe également des cursus avec des horaires décalés, le soir et le week-end, permettant de continuer à travailler durant la journée.

Reprendre des études en journée nécessite souvent de démissionner. Pauline a dû faire des calculs financiers : « Nous avons passé des soirées à établir des tableaux Excel pour répertorier toutes nos dépenses et revenus. Nous avons évalué comment nous gérerions avec l’indemnité forfaitaire de l’ONEM et où nous pourrions réduire nos dépenses. »

Au-delà des préoccupations financières, reprendre des études après des années dans le monde professionnel représente un véritable défi. Pour Pauline, le blocus a été particulièrement difficile : « Je suis passée par tous les stades de remise en question : pourquoi ai-je fait cela ? Qu’est-ce qui m’a pris ? Puis j’ai réussi les examens, et là, j’étais fière de moi et prête à y retourner. Mais le vrai défi est la mémorisation. J’ai réalisé qu’à l’âge adulte, nous nous reposons beaucoup sur nos machines pour les rappels. La difficulté pendant les blocus est de se concentrer sur une longue période. »

La méthode d’étude a également changé. Louise et Pauline, qui utilisent des méthodes « traditionnelles » avec papier et stylo, ont été étonnées de voir comment les jeunes étudiants s’organisent : « Tous les étudiants ont leur PC devant eux et font mille choses à la fois, ils prennent des notes, enregistrent en même temps, sont sur les réseaux sociaux, et dans les bibliothèques, certains étudient en regardant des séries en parallèle. C’est fascinant de voir comment ces jeunes fonctionnent. »

Louise a également remarqué : « Ils nous montrent que la méthode d’apprentissage d’aujourd’hui est multimodale et très interactive. Ils utilisent ChatGPT pour poser des questions sur leur syllabus. Ils révisent dans le bus avec des écouteurs, multipliant les méthodes d’apprentissage. Pour moi, atteindre leur niveau de compétence technologique, qui est très important, me semble difficile. »

Ainsi, reprendre des études à l’âge adulte semble être autant un apprentissage des cours que des interactions avec les plus jeunes.