Rentrée du supérieur : les étudiants belges ne sont pas au niveau de l’OCDE pour le bachelier
Ce lundi, c’est la rentrée pour les quelque 450.000 étudiants que compte la Belgique. En Belgique, 22% des 25-34 ans sont titulaires d’un master ou d’un diplôme équivalent en 2023 comme en 2019.
Ce lundi marque la rentrée pour environ 450.000 étudiants en Belgique, un chiffre illustrant l’importance croissante accordée aux études supérieures. Actuellement, plus d’un Belge sur deux (51%) âgé de 25 à 34 ans possède un diplôme de l’enseignement supérieur. Ce taux a augmenté de quatre points par rapport à 2019, où il était de 47%, et dépasse de trois points la moyenne des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui est de 48%. Ce sont des niveaux record : la part de diplômés n’a jamais été aussi élevée parmi les pays membres. Ces données proviennent du rapport annuel « Education at Glance » de l’OCDE, qui analyse les systèmes éducatifs des pays membres pour l’année 2023, avec pour objectif de « mette en place des systèmes éducatifs plus efficaces et plus équitables ».
Quelle est la position du système éducatif belge par rapport aux 38 pays de l’OCDE ? Analyse.
### Faible taux d’achèvement
L’un des principaux enseignements du rapport de l’OCDE est que les étudiants belges mettent du temps pour obtenir leur bachelier. Ce diplôme est en effet la voie d’accès principale à l’enseignement supérieur en Belgique, affichant un taux de 94%, alors que la moyenne des pays de l’OCDE est de 78%.
Concernant la réussite dans les délais impartis, seulement 23% des étudiants de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) et 32,6% des étudiants flamands obtiennent leur diplôme dans les trois ans prévus, tandis que la moyenne des pays de l’OCDE est de 43%. Dans l’Union européenne, seul le taux en Autriche est inférieur, à 21%.
Près de la moitié des étudiants flamands prolonge leur cursus d’une année supplémentaire, portant le taux d’achèvement à 54%, tandis que ce chiffre s’élève à plus de deux tiers (39%) chez les étudiants francophones.
### Moins d’années sabbatiques
Cette longueur du cursus pourrait être attribuée à un nombre plus élevé d’étudiants belges qui choisissent de prendre une année sabbatique, mais les données de l’OCDE ne corroborent pas cette hypothèse. En effet, bien que dans de nombreux pays, 44% des nouveaux étudiants prennent au moins une année sabbatique entre la fin des études secondaires et le début de l’enseignement supérieur, ce pourcentage est de seulement 9% en Flandre et 15% en FWB.
### Commerce en pole position
En matière d’orientation, les étudiants belges suivent les tendances des autres pays de l’OCDE. Les deux principaux domaines d’études sont les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STEM) ainsi que le commerce, l’administration et le droit. En Belgique, 17% des étudiants en licence choisissent le domaine STEM, 22% le commerce, l’administration et le droit, et 19% les arts, lettres, sciences sociales, journalisme et information.
### Diplôme élevé, salaire élevé
Une fois sur le marché du travail, la recherche d’emploi et le salaire dépendent du domaine d’études. Les données de l’OCDE montrent qu’en général, il est plus facile pour les titulaires d’un master ou diplôme équivalent de trouver un premier emploi. En 2024, la proportion de jeunes adultes (25-34 ans) titulaires d’un master varie entre 1% et 39% dans les pays de l’OCDE.
En Belgique, 22% des 25-34 ans disposent d’un master ou d’un diplôme équivalent, un chiffre stable par rapport à 2019, et largement supérieur à la moyenne de l’OCDE, qui est de 16%.
En ce qui concerne les salaires, la plus grande disparité existe au Chili, où un titulaire d’un diplôme de master ou de doctorat gagne 340% de plus qu’un diplômé de l’enseignement secondaire. En Belgique, ce chiffre est de 53%. En comparant les niveaux d’éducation, les titulaires de diplômes de niveau secondaire perçoivent un salaire inférieur de 220% par rapport à ceux possédant un bachelier en Afrique du Sud, ce qui constitue « la plus forte prime salariale » de l’OCDE entre ces diplômes.
### Diplôme plus faible, chômage plus fort
Pour certains étudiants, le diplôme ne garantit pas forcément un emploi. Le risque de chômage est proportionnel au niveau d’éducation, plus le niveau est élevé, plus le risque est faible. Selon le rapport de l’OCDE, 12,9% des jeunes de 25 à 34 ans sans diplôme du second cycle sont au chômage, comparé à 6,9% pour ceux ayant un diplôme de second cycle ou post-secondaire non supérieur. Ceux ayant un diplôme supérieur affichent un taux restreint à 4,9%.
En Belgique, la tendance est similaire, mais avec des chiffres plus élevés : 17,4% des jeunes sans diplôme du second cycle sont au chômage, comparé à 8,9% pour ceux titulaires d’un diplôme de second cycle ou post-secondaire non supérieur, et 4,2% pour ceux diplômés de l’enseignement supérieur.
### Reproduction sociale
Le fait qu’un jeune adulte obtienne un diplôme supérieur dépend grandement du parcours éducatif de ses parents. Le rapport de l’OCDE souligne que les 25-34 ans ayant des parents diplômés sont significativement plus susceptibles d’obtenir également un diplôme de l’enseignement supérieur. En Flandre, plus de deux tiers (76%) des jeunes adultes dont au moins un parent a effectué des études supérieures détiennent également un diplôme de l’enseignement supérieur, contre seulement 35% parmi ceux dont les parents n’ont pas terminé le deuxième cycle de secondaire. Cet écart de 41 points de pourcentage est inférieur à la moyenne de 44 points de l’OCDE.
### Départs des enseignants
Le rapport de l’OCDE met également en lumière un autre enjeu : le taux de départs des enseignants en Belgique, qui est relativement élevé par rapport aux autres pays. En Flandre, le taux de rotation est de 2% pour les départs à la retraite et 6,3% pour les démissions chaque année, alors qu’il est modéré en Communauté française, où 3,2% partent à la retraite et 1,6% démissionnent.
Ce taux de départs est supérieur à celui de la plupart des pays, où entre 1% et 3% des enseignants quittent leur poste chaque année. Les économistes de l’OCDE notent qu’un taux de rotation élevé peut exercer une pression supplémentaire sur le recrutement.
Concernant les salaires des enseignants, ceux de la FWB et de Flandre sont respectivement inférieurs de 22% et 18% à ceux des diplômés de l’enseignement supérieur à temps plein, contre une moyenne de 17% dans l’OCDE. Augmenter les salaires des enseignants peut s’avérer financièrement difficile, car cela représente la part la plus importante des dépenses d’éducation ; actuellement, leur salaire constitue 80% du budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

