Deux énormes procès pour trafic de drogue s’ouvrent à Bruxelles.
Flor Bressers et Sergio Roberto de Carvalho sont les principaux prévenus d’un procès qui s’ouvre ce lundi devant le tribunal correctionnel de Bruges, exceptionnellement délocalisé au Justitia, à Haren, pour des raisons de sécurité. En 2022, Flor Bressers a été arrêté dans un hôtel de Zurich, où il se cachait sous une fausse identité avec sa compagne et son fils, et depuis, il a été extradé vers la Belgique, où il a été incarcéré.
Flor Bressers et Sergio Roberto de Carvalho sont les principaux prévenus d’un procès qui commence ce lundi devant le tribunal correctionnel de Bruges, exceptionnellement déplacé au Justitia à Haren pour des raisons de sécurité. Les locaux de Bruges ne sont pas suffisamment équipés pour accueillir un procès jugé à risque pour le personnel, les suspects, le public et la police.
Flor Bressers est identifié comme l’un des dirigeants présumés d’un réseau criminel impliqué dans l’organisation de la réception et de la vente de drogue en Europe. Considéré comme l’un des trafiquants les plus influents actuellement, il a été arrêté par la police suisse en 2022 dans un hôtel de Zurich où il se cachait sous une fausse identité avec sa compagne et son fils. Depuis, il a été extradé vers la Belgique et incarcéré.
En 2020, il a déjà été condamné par la cour d’appel d’Anvers à quatre ans de prison pour avoir séquestré un trafiquant de drogue néerlandais, qui l’accusait de l’avoir menacé et blessé. Plusieurs années plus tôt, Bressers, surnomme « l’universitaire » en raison d’un master en criminologie à la VUB, avait été acquitté dans un dossier concernant la prise d’otage d’un petit dealer néerlandais. Lors de cet incident, un de ses agresseurs lui avait coupé un doigt. Malgré son acquittement, Bressers est resté connu sous le surnom de « coupeur de doigt ».
À ses côtés, Sergio Roberto de Carvalho, surnommé le « Pablo Escobar brésilien », est suspecté d’avoir organisé le trafic de drogue depuis le Brésil. Ce quinquagénaire, ancien major de la police militaire brésilienne, a vécu longtemps en Espagne et a prétendu être mort pour fuir les autorités avant d’être arrêté en Hongrie en 2023. Il a été extradé vers la Belgique l’année suivante et fait également l’objet de poursuites au Brésil pour avoir exporté 45 tonnes de cocaïne.
Au total, 31 prévenus comparaitront devant le tribunal correctionnel de Bruges, y compris les bras droits présumés de Bressers et des avocats, dont Pol Vandemeulebroucke et le Néerlandais Cem Polat, ainsi qu’un cryptobanquier londonien accusé d’avoir aidé à blanchir l’argent des drogues.
L’affaire a débuté en avril 2020 lorsque la police néerlandaise a saisi plus de trois tonnes de cocaïne dans le port de Rotterdam, dissimulées dans des conteneurs de minerais de manganèse venant du Brésil. Une entreprise anversoise de traitement des eaux, Kriva Rochem, était impliquée. Grâce aux enquêtes, les autorités ont révélé un important trafic ayant conduit à l’importation de quantités massives de cocaïne en Europe en quelques mois, notamment vers la Belgique, la France et les Pays-Bas. Environ 15 tonnes de drogue, valant environ 220 millions d’euros, seraient concernées dans des transports de manganèse.
Parallèlement, les messages cryptés sur Encrochat et Sky ECC ont été déchiffrés en 2020 et 2021, nourrissant le dossier de preuves supplémentaires.
Ce lundi, un second procès d’ampleur, celui en appel du dossier « Encro », se tiendra également au Justitia. En octobre 2024, le tribunal de Bruxelles avait condamné 115 personnes et quatre sociétés à des peines allant de 14 mois à 17 ans de prison, ainsi qu’à 60 millions d’euros de confiscation, avec 58 condamnés ayant fait appel.
Ce procès est l’un des plus importants en matière de trafic de drogue dans le pays. Durant six mois, 120 personnes ont été jugées pour leur appartenance à un vaste réseau criminel, découvert grâce au décryptage des messageries Encrochat et Sky ECC, portant sur un important trafic de cocaïne entre l’Amérique du Sud et l’Europe, avec Bruxelles comme centre logistique.
La simultanéité de ces deux procès nécessite des mesures de sécurité renforcées, gérées par la police fédérale, sans possibilité de commentaires à ce sujet. Étonnamment, aucun visuel ni dessin de presse ne sera permis durant le procès de Bressers et de Carvalho.
Le dossier Bressers-de Carvalho est considéré comme présentant un risque de fuite, du fait de la notoriété et des moyens des suspects. Concernant le dossier Encro, Julien Moinil, ancien magistrat au parquet fédéral et actuel procureur du Roi de Bruxelles, occupe une place centrale. Ce dernier, déjà la cible de menaces, avait été impliqué dans cette affaire ayant révélé des pratiques particulièrement violentes au sein de la criminalité organisée.
Enfin, le Justitia, ancien siège de l’OTAN, a été réaménagé pour répondre aux normes de sécurité strictes, ayant même accueilli en 2022-2023 le procès des attentats de Bruxelles.

