MR-N-VAÂ : une famille recomposée jamais vue auparavant.
Les blocages entre les familles politiques se manifestent par un rapprochement entre MR et N-VA, qui forme aujourd’hui la première famille politique du pays avec 42 sièges. Bart De Wever et Georges-Louis Bouchez, bien que représentant des approches différentes du conservatisme et du libéralisme, se retrouvent autour de dossiers communs tels que la réforme du marché du travail et la fiscalité.
MR-N-VA : une histoire de famille
Les temps sont difficiles pour les familles politiques, héritages des divisions des grands partis traditionnels. Les libéraux et les socialistes oscillent entre le pouvoir et l’opposition, tandis que les chrétiens, bien que réunis, sont moins proches qu’auparavant. L’événement de ce week-end a semblé couronner un rapprochement entre le MR et la N-VA, qui pourrait être qualifié de famille recomposée. Cela s’est déroulé sous le regard désorienté de Frédéric De Gucht du VLD, observant cette union tel un époux écarté.
Conservatisme : rapprochement entre Georges-Louis Bouchez et Bart De Wever
Cette famille recomposée gravite autour du libéral-conservatisme. Il s’agit d’un mélange de libéralisme économique, défendant le marché face à l’État, et de conservatisme anti-woke, soutenant la majorité face aux revendications des minorités.
Bart De Wever revendique le conservatisme depuis un certain temps, tandis que Georges-Louis Bouchez exprime encore sa fierté d’être libéral. Néanmoins, le récent mouvement vers la droite du MR a facilité cette recomposition. Avec le MR de Charles Michel, les différences demeuraient trop marquées, comme le montre la démission de la N-VA concernant le pacte de Marrakech en 2018.
Circonstances : les dossiers qui unissent le libéral-conservatisme belge
Cette alliance, incarnant le libéral-conservatisme à la belge, représente aujourd’hui la principale force politique du pays avec 42 sièges. Toutefois, elle est le fruit de circonstances. MR et N-VA se sont rassemblés autour de plusieurs dossiers : la taxation des plus-values, la situation à Gaza, la réforme du marché du travail, la fiscalité et Bruxelles. Face à cette coalition, Vooruit, Les Engagés et le CD&V se retrouvent souvent en opposition. Avant l’élaboration du budget, MR et N-VA envoient donc un signal.
Cependant, cette union repose sur une contradiction significative : le conservatisme s’ancre sur une base nationale, visant à protéger une communauté culturelle et historique. Bart De Wever, indépendantiste, et Georges-Louis Bouchez, unitariste, n’ont pas forcément la même conception de la nation, à part une vision partagée d’un Occident en crise. En revanche, MR et N-VA défendent des solutions similaires pour un électorat commun, de chaque côté de la frontière linguistique : indépendants, cadres, professions libérales et salariés à haut revenu.
Cette famille recomposée sera mise à l’épreuve dans les années à venir, avec inévitablement des divergences sur certains dossiers. En particulier avec l’approche des élections de 2029. Le MR envisagera-t-il de se présenter en Flandre comme il le suggère ? Quelle relation aura-t-il avec le VLD ? La N-VA continuera-t-elle à présenter des listes dans le sud ? Autant de décisions susceptibles de ternir leurs relations. Pour le moment, toutefois, cette union fait l’objet d’un grand amour, un amour circonstanciel.

