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Test du Sony RX1R III : entre génie et compromis, un mythe revient

Le Sony RX1R III, sorti après le RX1R II en 2015, est équipé d’un capteur rétro-éclairé de 61 mégapixels et d’un autofocus hybride. Il est vendu au prix de 4900 euros et ne dispose pas de stabilisation d’image ni d’écran inclinable.

Sony RX1R III
Le Sony RX1 RIII // Source : Tristan Jacquel

Le marché des compacts équipés de capteurs plein format représente une recherche d’excellence où la portabilité n’exclut pas la qualité. Depuis le lancement du RX1 en 2012, Sony s’affirme comme le leader de ce secteur avec des modèles rivalisant avec des hybrides plus volumineux. Le RX1R II, lancé en 2015, avait marqué les esprits grâce à son capteur de 42,4 mégapixels et à son filtre passe-bas variable qui améliorait la netteté. Après dix ans de silence, le RX1R III fait son retour avec un capteur rétro-éclairé de 61 mégapixels, un processeur BIONZ XR, et un autofocus hybride optimisé par l’intelligence artificielle, tout en conservant l’objectif fixe Zeiss Sonnar T* 35 mm f/2.

Sony RX1R IIII
Le Sony RX1R IIII // Source : Tristan Jacquel

Ce nouveau modèle par rapport au RX1R II promet une meilleure résolution, un autofocus amélioré, et une batterie plus résistante. Néanmoins, il ne dispose pas de stabilisation d’image ni d’écran inclinable, des choix qui peuvent susciter des critiques compte tenu de son prix élevé. En comparaison avec le Leica Q3 (offrant le même capteur, un objectif de 28 mm f/1.7 et une stabilisation à 5 stops) et le Fujifilm X100VI (capteur APS-C de 40 MP, stabilisation à 6 stops), le RX1R III mise sur sa compacité et la qualité d’image brute. Nous examinons ses atouts et ses faiblesses.

Sony RX1R IIISpécifications techniques

Modèle Sony RX1R III
Type d’appareil Compact
Format du capteur Full Frame
Résolution capteur 62,5 Mpx
Définition enregistrement vidéo 4K@30 IPS
AF-S 5 FPS
Écran orientable Non
Poids 498 g
Fiche produit

Ce test a été réalisé avec un appareil prêté par Sony.

Sony RX1R IIISobriété, compacité, mais quelques compromis

Le Sony RX1R III reflète l’esthétique minimaliste de la série RX1 : un boîtier compact, robuste et discret, parfait pour la photographie de rue. Avec des dimensions de 113 x 68 x 88 mm et un poids de 498 g (20 g de moins que le X100VI), il se transporte facilement, bien que son objectif proéminent ne facilite pas son rangement dans une poche.

Sa structure en alliage de magnésium texturé est solide tout en restant légère. Le fabricant n’annonce aucun traitement contre la poussière ou l’humidité.

Sony RX1R III

L’objectif Zeiss Sonnar T* 35 mm f/2 domine le design, dépassant le corps de l’appareil. Il comporte trois bagues : une pour la mise au point, une pour le mode macro et une pour l’ouverture, cette dernière étant crantée et dotée de stries pour une meilleure prise en main, bien que celles-ci soient difficiles d’accès en utilisant les plus grandes ouvertures.

Aucun bouton n’est présent sur le devant, seulement un mini-grip texturé pour plus d’adhérence.

Sony RX1R III
Le Sony RX1R III // Source : Tristan Jacquel

Le dessus comprend une molette pour les modes P, A, S, M (et trois profils personnalisés), un déclencheur avec un interrupteur d’alimentation, une molette de compensation d’exposition (-3/+3 EV) accessible facilement avec le pouce droit et un bouton personnalisable C1. Une griffe hot-shoe permet de fixer un flash externe ou un micro, mais il n’y a pas de flash pop-up. Le viseur électronique OLED, fixe, est intégré dans le coin supérieur gauche.

Sony RX1R III
L’écran LCD du Sony RX1R III // Source : Tristan Jacquel

L’arrière de l’appareil comporte un écran LCD de 3 pouces (2,36 millions de points), tactile et fixe. Un joystick multifonction et un bouton AF-On, accessibles d’un léger mouvement du pouce, facilitent les réglages. Une molette arrière, bien que petite et parfois peu pratique, permet d’ajuster les paramètres, tandis que huit boutons personnalisables, dont C2, C3 et un C4 sur le flanc droit, remplaçant l’ancien bouton d’enregistrement vidéo, assurent une personnalisation avancée.

Sony améliore l’ergonomie par rapport au RX1R II, mais l’écran fixe limite les angles de vue. Les prises de vue au ras du sol ou au-dessus de la tête se font donc à l’aveugle.

Sony RX1R III
Le volet de connectique du Sony RX1R III // Source : Tristan Jacquel

La connectique, dissimulée derrière un capot, comprend un port USB-C 3.2 Gen 1 (pour la recharge PD et le transfert), un micro-HDMI et une prise jack 3,5 mm pour un micro externe. Le logement pour carte SD UHS-II se trouve sous l’appareil, à côté de la batterie NP-FW50.

Menus : denses et complexes

Les menus, provenant des hybrides Alpha, se déclinent en onglets (exposition, focus, vidéo, réseau), mais sont denses et complexes. Les utilisateurs familiarisés avec la marque s’y retrouveront sans problème, mais les nouveaux venus, séduits par la simplicité apparente de l’appareil, devront passer par une phase d’apprentissage.

Sony RX1R III
Les menus du Sony RX1R III // Source : Tristan Jacquel

Par rapport aux menus simplifiés et plus intuitifs du Leica Q3, ceux de Sony semblent plus chargés. Cependant, l’accès aux commandes physiques compense cette complexité : la bague d’ouverture, la molette de compensation, la molette supérieure et les huit boutons personnalisables mettent les fonctions essentielles à portée de main.

Sony RX1R III
Le Sony RX1R III // Source : Tristan Jacquel

Sony RX1R IIIUn viseur excellent, un écran limité

Le viseur électronique, avec une résolution de 2,36 millions de points (1024 x 768 px, XGA) et un grossissement de 0,7x, offre une image nette et contrastée. Cependant, la résolution XGA manque de finesse par rapport aux viseurs OLED de 5,76 millions de points du Leica Q3 ou de 3,69 millions de points (QXGA) du Fujifilm X100VI.

Sony RX1R III
L’objectif favorise une bonne prise en mains // Source : Tristan Jacquel

L’écran LCD de 3 pouces, avec 2,36 millions de points, affiche des couleurs fidèles et reste lisible en extérieur même dans des conditions lumineuses intenses. Sa fonctionnalité tactile permet de sélectionner les points AF, de zoomer sur les images, de naviguer dans les menus et de déplacer le point de mise au point par simple glisser-déplacer.

Néanmoins, il souffre d’un inconvénient : sa fixité, sans possibilité d’inclinaison ni de rotation, limite la créativité lors de prises de vue en plongée ou en contre-plongée, ou pour le vlogging. En comparaison avec le Leica Q3, qui dispose d’un écran inclinable, ou le Fujifilm X100VI, qui offre un écran orientable à 180°, le RX1R III perd en polyvalence. Ce compromis est probablement dicté par la compacité de l’appareil, ce qui peut décevoir.

Sony RX1R IIIL’excellence Zeiss au coeur du système

Le Sony RX1R III maintient l’objectif Zeiss Sonnar T* 35 mm f/2, un choix qui peut susciter des questions à un moment où la résolution des capteurs atteint des sommets. Des critiques avaient été émises envers Fujifilm pour son X100VI, également équipé d’une optique inchangée. Toutefois, l’objectif Zeiss original est exceptionnel et parvient à exploiter pleinement la résolution du capteur de 61 MP.

Sony RX1R III
Photographier contre le soleil est rarement un problème pour le Sony RX1R III // Source : Tristan Jacquel

Bien que la formule optique (8 éléments en 7 groupes, incluant 3 lentilles asphériques) date de 2012, elle offre un piqué impressionnant au centre, même à pleine ouverture, et optimal dès f/4. Le traitement T* réduit les reflets et le flare, garantissant des images contrastées, même en contre-jour. Le RX1R III se distingue également par son obturateur, qui semble être un obturateur central, contribuant à la grande discrétion de l’appareil.

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La bonne dynamique du capteur enrichit les images prises en basse lumière // Source : Tristan Jacquel

Bien que la netteté périphérique puisse diminuer à f/2 et que la précision puisse être perfectible pour les portraits rapprochés à grande ouverture, l’optique Zeiss ne freine en rien les performances du RX1R III. En choisissant de conserver cet objectif, Sony ne pénalise pas son appareil, mais s’appuie sur une valeur sûre.

La focale de 35 mm est adaptée à une grande variété de sujets, que ce soit le paysage, la photographie de rue, ou des portraits occasionnels.

Sony RX1R IIIBelle dynamique, mais rafales limitées

Sans surprise, la dynamique du capteur de 61 MP est excellente et les fichiers RAW s’offrent une grande souplesse. Sous Lightroom, les ombres éclaircies révèlent de nombreuses informations, tout comme les hautes lumières.

Une gestion du bruit efficace

La plage ISO va de 100 à 32 000 (extensible à 50-102 400). La gestion du bruit est bonne, bien qu’à des valeurs ISO élevées, un bruit chromatique soit visible dans les fichiers RAW, se corrigeant facilement avec Lightroom. Les Jpegs issus du RX1R III ne présentent pas ce bruit, grâce à un traitement logiciel interne. Ce bruit sous forme de grain ne devient gênant qu’à partir de ISO 12800, et même aux valeurs extrêmes, l’image conserve une certaine définition.

En général, il est conseillé de laisser le RX1R III en mode ISO Auto sans craindre d’obtenir une image trop bruitée.

Le bruit de fond du capteur (dark current) est modéré et en cas de surexposition d’une photo traitée, l’apparition du bruit dans les zones sombres reste limitée.

On note toutefois une dérive de couleur dans les zones sombres et un souci de température de couleur en basse lumière. Pour tirer pleinement parti du Sony RX1R III, il est recommandé de photographier en RAW afin de corriger ces imperfections avec un logiciel spécialisé (Lightroom, Capture One, etc.).

Une vitesse d’obturation limitée

En rafale, l’appareil peut atteindre 6 images par seconde avec l’obturateur mécanique (1/4000 s max à f/5.6, 1/2000 s à f/2) ou 20 images par seconde avec l’obturateur électronique (1/8000 s max). Ces performances conviennent à un usage en photographie de rue, mais restent en retrait face à la concurrence. En résumé, un filtre ND sera nécessaire pour utiliser l’objectif à f/2 dans des conditions de forte lumière.

Sony RX1R III
Face au soleil, le flare s’invite rarement dans l’image // Source : Tristan Jacquel

Un autofocus au top

Le Sony RX1R III est doté d’un autofocus hybride, avec 693 points de détection de phase, couvrant 78 % du capteur, ce qui représente une avancée notable par rapport aux 399 points du RX1R II. Une puce IA dédiée, associée au processeur BIONZ XR, permet une détection précise des sujets : humains, animaux, oiseaux, insectes, voitures, trains et avions.

La détection des yeux des sujets est fiable, facilitant la réalisation de portraits avec un suivi stable, même à -4 EV, ce qui est idéal pour les scènes urbaines en crépuscule ou dans des intérieurs sombres.

Sony RX1R III
Le Sony RX1R III, ici à f/2, identifie bien l’œil du sujet et sécurise la mise au point // Source : Tristan Jacquel

Les différents modes de zone AF (large, zone, centre, spot flexible) offrent une flexibilité adaptée aux sujets statiques ou dynamiques, et le suivi en temps réel maintient la mise au point sur des cibles en mouvement, telles que des passants ou des véhicules.

Cependant, le moteur à pas de l’objectif Zeiss 35 mm f/2, inchangé depuis 2012, limite la réactivité par rapport aux moteurs linéaires présents sur les hybrides Sony, comme l’a7R V. Dans des conditions dynamiques, bien que l’AF reste précis, il accuse un léger retard face à des sujets rapides. Cet autofocus est efficace pour des sujets prévisibles, mais nécessite une anticipation pour les scènes plus rapides.

Sony RX1R IIIUne expérience photo agréable, mais perfectible

Le Sony RX1R III offre une expérience photo intuitive, idéale pour saisir des moments spontanés. La balance des blancs, légèrement chaude en mode automatique, confère une richesse aux tons tout en restant naturelle pour des scènes réelles. La résolution élevée des images permet un certain recadrage ou zoom. L’appareil propose même un mode permettant de simuler des longueurs focales virtuelles, à 50 mm (29 MP) et 70 mm (15 MP).

Sony RX1R III
Photo prise avec la preset FL // Source : Tristan Jacquel

Les 12 profils Creative Look (ST, VV, FL2, FL3, etc.) produisent des clichés vibrants ou monochromes, et ceux-ci peuvent être appliqués ultérieurement dans Lightroom.

Comme mentionné précédemment, l’écran fixe représente un inconvénient dans certaines situations, tout comme l’absence de stabilisation, forçant un maintien ferme de l’appareil en conditions de faible luminosité. Il est difficile d’obtenir une image nette avec une exposition à la seconde à main levée.

Sony RX1R III
Le mode monochrome du Sony RX1R III // Source : Tristan Jacquel

Sony RX1R IIIDes performances vidéo convenables, mais pas exceptionnelles

Le Sony RX1R III filme en 4K UHD (3840 x 2160) à 30p, 25p ou 24p avec une qualité de 10 bits 4:2:2 grâce à un encodage All-I (XAVC S-I, jusqu’à 300 Mbit/s).

Pour aller plus loin
H.265, 4:2:2, 10 bits, UHD ou 60p : tout comprendre aux formats et à la compression vidéo

Le rendu, sous-échantillonné à partir du capteur, équilibre le détail et le rolling shutter. L’absence de 4K/60p, probablement liée à des contraintes thermiques, pourrait décevoir les utilisateurs exigeants. En revanche, la fonctionnalité Full HD à 120p permet de réaliser des ralentis fluides.

Vidéo du Sony RXR1 III en 4K30p, 8 bits.

L’appareil prend en charge le format S-Log, permettant un ajustement précis des couleurs et un montage en HDR, ainsi que l’importation de LUTs pour prévisualiser un rendu spécifique.

Encore une fois, l’écran fixe restreint les angles, rendant le vlogging difficile à moins d’utiliser un écran de contrôle externe HDMI.

En l’absence de stabilisation optique, la stabilisation vidéo est insuffisante à main levée.

En somme, cet appareil produit des clips courts de qualité, tels que des séquences de voyage, mais ne favorise pas une utilisation intensive.

Sony RX1R IIIUne autonomie en hausse

Le Sony RX1R III utilise une batterie NP-FW50, permettant environ 300 clichés en mode photo selon la norme CIPA, une amélioration par rapport aux 220 clichés du RX1R II.

En vidéo, l’autonomie chute. La batterie NP-FW50 autorise environ 40 minutes d’enregistrement en 4K/30p.

La recharge via USB-C 3.2 Gen 1 prend environ 2 heures.

Sony RX1R IIIPrix et disponibilité

Le Sony RX1R III est proposé au prix de 4900 euros. Cet appareil compact plein format haut de gamme (61 MP, AF avancé, S-Log) présente des atouts, mais l’absence d’IBIS, d’écran inclinable et de 4K/60p pourrait faire débat. En revanche, il reste moins cher que le Leica Q3, proposé à 6700 euros, qui partage le même capteur mais offre une stabilisation optique, des vidéos en 8K et une finition luxueuse.

Sony RX1R III
Le Sony RX1R III // Source : Tristan Jacquel

Le Fujifilm X100VI (1800 euros) constitue une alternative plus abordable (APS-C 40MP, IBIS, 6,2K), avec un design rétro plaisant et une expérience utilisateur qui pourrait séduire davantage.

Par ailleurs, on peut également considérer le Ricoh GR IIIx (1200 euros), qui mise sur l’ultra-compacité (APS-C 24 MP) pour la photographie de rue, s’appuyant sur une excellente optique d’équivalence 40 mm.