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Feu ! Chatterton : élargit son public tout en gardant l’alternatif

L’Accor Arena affichera complet le 11 février 2026 pour le concert de Feu ! Chatterton, qui a ajouté une date la veille face à l’engouement. Le groupe a sorti son quatrième album, Labyrinthe, le 14 octobre 2023.


L’Accor Arena sera complet le 11 février 2026 pour le concert de Feu ! Chatterton. En raison de l’engouement, le groupe a ajouté une date la veille. Les billets se vendent rapidement avant même la sortie de son quatrième album, *Labyrinthe*, prévue ce vendredi. « C’est une immense satisfaction, confie le guitariste et claviériste Clément Doumic à *20 Minutes*. C’est très émouvant pour nous. Bercy, c’est la salle où, ados, nous allions voir les groupes internationaux que nous adorions. Ce sera aussi la première fois que nous jouerons devant autant de monde. »

Ce succès témoigne que Feu ! Chatterton a franchi une nouvelle étape, quinze ans après sa formation, ayant gravi progressivement les échelons du succès. Leur précédent album, *Palais d’argile*, sorti en 2021, a obtenu une certification platine et a été nommé à trois reprises aux Victoires de la musique, accompagnés d’une tournée triomphale.

« Nous avons toujours l’impression d’être un groupe alternatif. Et je pense que nous le sommes. Nous ressentons une certaine fierté à promouvoir cette forme parallèle à grande échelle et à essayer de nous opposer à ce qui existe à grande échelle », explique le chanteur Arthur Teboul.

### Après la Panthéonisation, « il s’est passé quelque chose »

Le 21 février 2024, la carrière de Feu ! Chatterton a pris un tournant lorsqu’ils ont interprété L’Affiche rouge (Strophes pour se souvenir) lors de la cérémonie d’entrée au Panthéon de Missak et Mélinée Manouchian. Cette chanson de Léo Ferré, basée sur des mots de Louis Aragon, était un morceau que le groupe avait l’habitude d’interpréter sur scène. Il était donc logique qu’ils soient invités à cet événement solennel.

Arthur Teboul n’a compris la portée de cet événement que le lendemain. « Sur le moment, nous nous disions simplement « Nous faisons ce que nous devons faire, nous jouons. » Puis, en regardant la vidéo, j’ai eu des frissons. C’est l’un des rares moments de ma vie où j’ai ressenti un sentiment de destin. Tout ce que j’avais fait jusqu’ici me menait là. Nous étions ensemble sur les marches du Panthéon, à 500 mètres du lycée où nous nous sommes rencontrés. »

Suite à cette cérémonie, Feu ! Chatterton a reçu des retours très positifs. « Il s’est passé quelque chose. Nous sentons que notre public s’est élargi après cela. Des personnes qui ne savaient pas trop qui nous étions ont été touchées. Il y a eu un changement», analyse le batteur Raphaël de Pressigny. Arthur Teboul ajoute : « Quand nous passons à la télévision, on nous demande d’interpréter nos morceaux les plus pop. Là, nous avons pu montrer une autre facette de nous, probablement la plus représentative de notre musique. »

### Aller « direct aux sentiments »

Les chansons de Feu ! Chatterton ne sont pas conçues pour être diffusées à la radio. « Nous ne pouvons pas obtenir un succès commercial si nous y réfléchissons trop », estime Clément Doumic. Plusieurs morceaux du quintette ont rencontré un large succès sans que cela soit réellement prévu. Par exemple, Un monde nouveau, nommée parmi les chansons de l’année aux Victoires 2022, que le groupe jugeait au départ « trop naïve ». De même, Mille vagues, deuxième extrait du nouvel album *Labyrinthe*, a su séduire le public cet été sans diffusion radio. L’émotion de cette balade, hommage à Jean-Philippe Allard, leur manager décédé à 67 ans, a trouvé écho auprès des foules lors des festivals.

« Nous venions du funérarium. Nous nous sommes retrouvés en studio, perdus. Nous avons écrit et composé cette chanson en deux heures, comme si quelque chose de plus grand que nous nous l’avait inspirée, avance Clément Doumic. Arthur n’aurait pas osé écrire un tel texte il y a encore quelques années. *Mille vagues* est très intime et simple, il y a peu de formules littéraires. C’est moins dandy poétique, ça va directement aux sentiments. »

### « On a fait comme on le sentait »

Arthur Teboul acquiesce. Lui et ses camarades ont conçu *Labyrinthe* en cherchant la simplicité. « Depuis que je suis devenu père, je réfléchis à la façon dont je souhaite faire passer les messages. J’ai aussi publié des recueils de poésie, où j’ai rassemblé des choses bizarres et sophistiquées. J’ai trouvé un autre canal d’expression. Le résultat : les chansons sont juste des chansons. »

Les autres membres du groupe ont également opté pour un lâcher-prise. « Avant, dans un même morceau, nous essayions de combiner plusieurs parties de nous-mêmes. Nous mélangions du rock psyché avec de l’électro et du hip-hop, par exemple. Là, nous avons choisi d’assumer une seule identité pour chaque titre », raconte le claviériste.

« Sur *Allons voir* [premier extrait de *Labyrinthe*], nous nous sommes amusés à dire : « breakbeat à la Oasis dès le premier refrain, riff façon Brian Jonestown Massacre, solo de guitare à la fin. Voilà, le morceau, c’est ça, en fait », illustre le batteur. Nous avons fait comme nous le ressentions, en nous faisant davantage confiance. » Cela pourrait bien être la clé qui fait de *Labyrinthe* une réussite susceptible d’élargir encore plus le public de Feu ! Chatterton.