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Jimmy Mohamed : « La minceur n’est pas synonyme de bonne santé »

L’alimentation influence la probabilité d’avoir certains cancers, le risque de maladies cardiovasculaires et peut améliorer les symptômes de problèmes de santé comme la dépression ou l’arthrose. Selon une étude parue la semaine dernière, même une moindre consommation de produits ultratransformés peut avoir des effets négatifs sur la santé.

Quel est le petit déjeuner idéal ? Faut-il vraiment éliminer les fast-foods ? Pourquoi les aliments ultratransformés sont-ils nuisibles à la santé ? Dans son dernier livre, Jimmy Mohamed examine nos modes de vie et de consommation, en proposant des conseils et des règles d’or pour se sentir bien – ou mieux. Pour 20 Minutes, il évoque notamment l’impact de l’alimentation sur la santé et la longévité.

L’alimentation est un thème central de vos différents ouvrages. Pourquoi est-elle essentielle pour maintenir une bonne santé, tant physique que mentale ?

C’est un sujet qui concerne tout le monde. Contrairement aux idées reçues, cela ne se limite pas à la question du poids : être mince, en surpoids ou obèse est un aspect qui va bien au-delà de la simple balise. En termes de santé physique, il est prouvé que notre alimentation peut réduire la probabilité de contracter certains cancers, de souffrir de maladies cardiovasculaires, et de limiter les troubles mentaux. Même en cas de maladies, l’alimentation influence nécessairement la situation. Cela ne signifie pas qu’une bonne alimentation guérit tout, mais elle peut atténuer les symptômes de problèmes de santé tels que la dépression ou l’arthrose.

On dit souvent que l’alimentation est le premier des médicaments, pourtant on n’y accorde pas encore assez d’importance. Nous n’avons pas pleinement conscience que l’alimentation peut être notre meilleure alliée… tout comme notre pire ennemie. Avec notre mode de consommation actuel, nous nous rendons malades sans le réaliser.

Une récente étude a montré que la forme physique était plus importante que le poids. Partagez-vous cette constatation ?

Être mince n’est pas systématiquement synonyme de bonne santé. L’obésité est une maladie qui peut entraîner d’autres, mais il est possible d’être obèse, en bonne santé, en prenant une alimentation équilibrée, tandis qu’une personne mince ou ayant un poids normal peut être très mal en point. Chacun connaît au moins une personne capable de manger tout ce qu’elle veut sans jamais grossir ; c’est frustrant, mais cela ne veut pas dire qu’elle est en bonne santé.

Les effets nuisibles des produits ultratransformés, ainsi que ceux des fast-foods, sont maintenant bien connus. Devrait-on les éliminer complètement de notre alimentation ?

Personnellement, j’ai supprimé les produits ultratransformés de ma vie. Une étude parue la semaine dernière a indiqué qu’une consommation même modérée de ces produits pouvait entraîner des effets néfastes sur la santé. Je recommande donc de les exclure de vos repas. En revanche, je suis moins tranché en ce qui concerne les fast-foods. Consommer un hamburger et des frites, ou une pizza de temps en temps, n’est pas catastrophique. Toutefois, il faut se méfier des produits ultratransformés que l’on trouve dans les fast-foods, comme certains sodas.

Tous les parents n’ont pas le temps ni le budget pour préparer des gâteaux maison pour leurs enfants. Il peut parfois être plus simple de leur donner des gâteaux industriels. Que suggérez-vous à ces parents ?

Il est évidemment nécessaire de s’adapter au mode de vie de chacun, et cela n’est pas toujours facile. Dans ce cas, je recommande de donner un ou deux petits gâteaux industriels au maximum, complétés par un produit laitier et un fruit pour que l’enfant se sente rassasié sans avoir consommé la moitié du paquet. Faire des gâteaux quotidiennement n’est pas réalisable pour tout le monde, mais on peut essayer d’améliorer l’alimentation avec des produits sains et accessibles, comme une pomme, une brique de lait ou un yaourt, par exemple.

De nombreuses études ont établi que le mode de vie, notamment l’activité physique et l’alimentation, est crucial pour vivre plus longtemps en bonne santé. Pourquoi est-il si difficile d’adopter de bonnes habitudes dans nos sociétés ?

Le mot-clé ici est société. Prenons l’exemple du Japon, où l’obésité est rare. Lorsqu’une société est bien organisée, qu’elle fait en sorte que les enfants aient une alimentation correcte à l’école, qu’ils soient formés à la nutrition et que des produits de qualité soient accessibles au plus grand nombre, il devient plus facile d’adopter un mode de vie sain et équilibré. Bien sûr, il existe une responsabilité individuelle, mais la société joue aussi un rôle dans le maintien de la santé de sa population.

L'ouvrage
L’ouvrage « Ca va beaucoup mieux – 100 règles d’or pour être en bonne santé » de Jimmy Mohamed est paru le 10 septembre, M6 Editions. - M6 Editions

Vous parlez également de l’impact de certains aliments sur la santé mentale. Lesquels sont particulièrement bénéfiques ?

L’huile d’olive, car elle contient des polyphénols et des antioxydants, qui réduisent non seulement le risque de maladies cardiovasculaires mais aussi celui de troubles cognitifs. Le cerveau vieillit moins rapidement avec des antioxydants. Je citerais aussi les sardines, une source excellente d’oméga-3, qui améliore les capacités de mémoire – un lien existe entre dépression et oméga-3. Je ne dis pas qu’un apport en oméga-3 va guérir la dépression, mais des symptômes peuvent être plus prononcés en cas de carence. Enfin, le safran, en tisane, a des propriétés anxiolytiques.

Les compléments alimentaires suscitent un débat quant à leur efficacité. Quel est votre avis ?

Si vous maintenez une alimentation variée et équilibrée, vous n’avez besoin d’aucun complément alimentaire, sauf de la vitamine D pour les enfants. Bien entendu, si vous ne consommez jamais de poisson ni de noix, il peut être pertinent de vous supplémenter en oméga-3 en cas de carence alimentaire. Mais cela reste exceptionnel. Pour le reste, c’est souvent une perte d’argent, sans preuves d’efficacité.