France

Lycéens protestent : « Un couvre-feu TikTok est inacceptable ! »

Capucine et Laura, deux lycéennes du lycée Nelson Mandela sur l’île de Nantes, découvrent avec étonnement une recommandation parlementaire visant à instaurer un couvre-feu numérique pour les réseaux sociaux chez les 15-18 ans. Alors que cette mesure suscite des réactions diverses parmi leurs camarades, elle soulève des questions sur l’impact des plateformes sur la santé mentale des adolescents et la régulation de leur utilisation.


Capucine et Laura se préparent à entamer leur journée au lycée Nelson Mandela, situé sur l’île de Nantes. Capucine, avec son smartphone en main, est visiblement surprise : un rapport parlementaire rendu public jeudi recommande l’instauration d’un couvre-feu numérique pour les adolescents de 15 à 18 ans, interdisant l’accès aux réseaux sociaux de 22 heures à 8 heures.

« Nous n’en avions pas entendu parler et nous sommes totalement opposées à cette idée ! » s’exclame Laura. Les deux jeunes, âgées de 15 et 16 ans, possèdent un téléphone depuis plusieurs années et passent leurs soirées sur des applications comme Instagram, TikTok et Snapchat. « En semaine, je me couche à 22 heures. Cela pourrait m’affecter surtout le week-end, précise Capucine. Tant que je reste performante à l’école et que je passe du temps avec ma famille, mes parents me permettent d’utiliser mon téléphone le soir. »

### « Piège algorithmique »

Dans son rapport, la commission présente ce couvre-feu comme une réponse à ce qu’elle qualifie de « piège algorithmique » partagé par certaines plateformes, notamment TikTok, qui nuirait à la santé mentale des jeunes. Laura et Capucine sont bien conscientes des dangers, ayant entendu parler de cas tragiques, comme celui de Charlize, une adolescente de 15 ans. Harcelée à l’école, elle avait cherché de l’aide en ligne, mais était tombée sur des contenus liés à la scarification, avant de mettre fin à ses jours en novembre 2023.

Capucine, de son côté, rencontre souvent des vidéos sur les troubles du comportement alimentaire (TCA), mais estime avoir suffisamment de discernement pour ne pas considérer ces contenus comme des vérités absolues. Selon elle, elle est capable de gérer « seule » son utilisation des réseaux sociaux. Célia, une camarade de classe, partage ce ressenti : « Si un couvre-feu est instauré, je vais vraiment mal le prendre », plaisante-t-elle. Pour elle, ces plateformes sont un moyen de « décompresser » après des journées intenses et de s’informer. « Je me sens assez mature pour discerner les contenus bénéfiques des nocifs. »

### « Perte de temps »

Cependant, certains de leurs camarades ne se sentiront pas concernés par une telle restriction. Nair, âgée de 14 ans, ne fréquente pas les réseaux sociaux, se limitant à Pinterest et WhatsApp. Selon elle, TikTok serait « une perte de temps », un « gouffre » qu’elle préfère éviter. Mohamed, également nouvellement en seconde, exprime un avis similaire. Il utilise son téléphone surtout par nécessité et reconnait que les réseaux sociaux ne l’intéressent pas.

Créée en mars, la commission a consulté diverses familles de victimes, ainsi que des influenceurs et des responsables de réseaux sociaux. En plus de la proposition de couvre-feu, elle envisage une interdiction totale des réseaux sociaux pour les mineurs d’ici trois ans. « Les réseaux sociaux ne respectent pas suffisamment leurs obligations légales », notamment celles imposées par la réglementation européenne sur les services numériques, conclut le rapport. De son côté, TikTok déclare faire de la sécurité des jeunes « sa priorité absolue ».