Suisse

Hans-Peter Portmann appelle à intensifier la diplomatie entre la Suisse et les États-Unis.

Hans-Peter Portmann, conseiller national du Parti libéral-radical, joue un rôle clé dans la défense des intérêts des Suisses de l’étranger au sein du Parlement. Dans le cadre de la série d’interviews « La Cinquième Suisse au Palais fédéral », il partage ses motivations et ses perspectives sur la position de la Suisse dans un contexte international en évolution.


Un homme de 60 ans en costume bleu

Hans-Peter Portmann au Parlement.
Balz Rigendinger / Swissinfo

Le conseiller national du Parti libéral-radical, Hans-Peter Portmann, exprime son engagement pour les Suisses résidant à l’étranger au Parlement. Lors de notre série d’entretiens « La Cinquième Suisse au Palais fédéral », il partage les raisons de son dévouement.

Publié le 11 septembre 2025 à 10:12

Hans-Peter Portmann, né en 1963, est un politicien aguerri en matière de politique internationale. Membre du Conseil national depuis 2014, il représente le Parti libéral-radical (PLR) et fait partie de la commission des affaires étrangères.

En tant que membre de la délégation AELE-UE, il entretient des relations étroites avec le Parlement européen. Ancien colonel dans la défense aérienne suisse, il a également fait carrière dans la banque privée et est en partenariat enregistré.

Swissinfo : Quelle vision avez-vous de la Suisse sur le plan international ?

Hans-Peter Portmann : La Suisse doit améliorer sa communication à l’international. Il est nécessaire de préciser qui nous sommes, ce que nous représentons et notre place dans le monde. Avec le début de la guerre en Ukraine et les tensions commerciales mondiales, la Suisse se trouve sous pression. Bien que nous soyons une économie dynamique, notre petite taille nous rend vulnérables. Tous les acteurs tentent de nous influencer pour leurs propres intérêts.

Notre statut de neutralité nous oblige à nous justifier. Les responsables politiques doivent nous repositionner de manière crédible et pertinente. De plus, notre Constitution ne contient pas d’article qui définirait clairement notre neutralité pour l’extérieur.

Notre législation sur le commerce extérieur est également dépassée, ne prévoyant aucune action en cas d’agression économique.

La Cinquième Suisse sous la Coupole

Contrairement à d’autres pays comme la France ou l’Italie, qui offrent une représentation électorale à leurs citoyens expatriés, les Suisses vivant à l’étranger n’ont pas de voix directe au sein des institutions fédérales. Cela n’empêche pas plus de 60 membres du Parlement, sur 246, de faire partie de l’intergroupe parlementaire « Suisses de l’étranger ». Chaque semaine, nous mettons en avant l’un d’eux dans notre format « La Cinquième Suisse sous la Coupole ».

Nous devons aussi intensifier nos efforts diplomatiques, notamment aux États-Unis. Je pense à une grande campagne publicitaire pour faire comprendre que les droits de douane américains à l’encontre de la Suisse portent atteinte à notre démocratie.

Quel évènement marquant attendez-vous lors de cette première semaine de session ?

La visite de la commission des affaires étrangères du Parlement européen sera un point central pour moi cette semaine. Je vais également échanger avec des ambassadeurs suisses sur les conflits au Proche-Orient et soumettre une motion au Conseil pour financer notre armée.

Quelles sont vos préoccupations majeures pour la session d’automne ?

Je m’interroge sur les possibilités de rétablir les exportations d’armement. La législation stricte de la Suisse sur les exportations nuit à notre industrie militaire, essentielle pour notre défense.

Nous réalisons que nous ne pouvons plus compter sur d’autres nations pour acquérir des armes. Si nous ne pouvons pas nous assurer un approvisionnement en munitions, notre capacité de défense, telle que décrite dans la Constitution, est compromise.

Vous prônez un assouplissement des restrictions à l’exportation d’armement pour faciliter la circulation des armes suisses ?

Effectivement. Nous pourrions envisager de permettre le transfert après un certain délai. Dans le domaine de la défense, une collaboration plus étroite avec nos partenaires européens et l’harmonisation de nos systèmes sont indispensables. Cela ne compromet pas notre neutralité, mais représente une forme de coopération.

Pourquoi vous investissez-vous pour les Suisses vivants à l’étranger ?

Ils ont un droit de participation aux décisions. Il est crucial de prendre en compte leurs préoccupations.

Avez-vous enregistré des succès ou des échecs particuliers ?

Je ne fais pas partie des commissions qui élaborent les lois concernant les Suisses de l’étranger. J’oriente donc mes efforts vers le contact avec cette communauté. À ce jour, j’ai visité près de 50 pays en rencontrant des Suisses de l’étranger dans nos ambassades.

Cependant, je dois préciser que lors des votes, il existe des sujets qui concernent uniquement la population nationale. Par exemple, lorsque les Suisses de l’étranger sont appelés à voter sur l’élargissement du réseau autoroutier, cela soulève des inquiétudes.

Ils n’utilisent pas les routes et ne paient pas de taxes routières ni d’impôts en Suisse, ce qui devrait les inciter à faire preuve de prudence sur certains sujets, surtout s’ils ne contribuent pas financièrement.

De plus, ceux qui s’expatrient sont souvent confrontés à un marché libre en matière de sécurité sociale et doivent être conscients de ce qu’ils abandonnent. Je pense que si une assurance maladie étrangère ne couvre pas certains frais, la Suisse ne devrait pas avoir à le faire non plus.

Je rappelle régulièrement l’importance de ces considérations lors de mes échanges avec la communauté, tout en soulignant le rôle crucial des services consulaires.

Si vous deviez émigrer, quel pays choisiriez-vous ?

À chaque voyage, je me pose cette question : irais-je vivre là-bas ? Autrefois, l’Asie m’attirait, puis pendant une longue période, cela a été l’Amérique latine. Aujourd’hui, je me verrais bien en Europe de l’Est, par exemple en Hongrie, en République tchèque ou dans les pays baltes, voire dans le monde arabe à Dubaï, en Arabie saoudite ou au Qatar.

J’ai découvert ces régions lors d’échanges avec des parlementaires locaux, et elles m’intriguent de plus en plus.

Article révisé et vérifié par Samuel Jaberg. Traduction de l’allemand par Emilie Ridard/kr grâce à un outil de traduction automatique.