Flambée des prix de l’or : préoccupations et spéculations au Maroc
Depuis plusieurs semaines, le prix de l’or au Maroc connaît une hausse significative, atteignant des niveaux records allant de 900 à 950 dirhams le gramme pour l’or 18 carats. Cette situation, exacerbée par la saison des mariages et des préoccupations liées aux marchés internationaux, suscite une inquiétude croissante quant à l’impact sur le pouvoir d’achat et la sécurité financière des ménages marocains.
Depuis plusieurs semaines, le Maroc observe une augmentation significative du prix de l’or. Le prix de l’or 18 carats, en particulier, le plus recherché par les familles, oscillait récemment entre 900 et 950 dirhams le gramme. Cette hausse spectaculaire coïncide avec la période des mariages, moment traditionnel où la demande en bijoux en or atteint son maximum.
Pour les acteurs du secteur, cette augmentation est directement influencée par les tensions et les fluctuations des marchés internationaux. Un bijoutier a précisé : « Toute variation du cours de l’once d’or à l’échelle mondiale se ressent immédiatement sur notre marché », ajoutant que les importateurs et les ateliers de joaillerie n’ont d’autre choix que de s’aligner sur ces prix pour éviter de subir des pertes financières. À ce prix s’ajoutent également les coûts de fabrication, de design, ainsi que les taxes et droits de douane, ce qui renchérit encore le montant final pour le consommateur.
Cependant, cette explication ne satisfait pas tout le monde. Pour Hassan Aït Ali, président de l’Observatoire marocain pour la protection du consommateur, l’augmentation actuelle ne découle pas uniquement de la conjoncture internationale. Il indique que des pratiques spéculatives et un manque de transparence sur le marché national aggravent la situation. « Certaines entités profitent du manque de contrôle strict pour augmenter artificiellement les prix, ce qui menace le pouvoir d’achat et l’épargne des familles », a-t-il alerté.
Aït Ali souligne que l’or, au-delà de sa valeur symbolique et décorative, représente également un refuge pour les ménages face à l’inflation. Toute manipulation des prix impacte donc directement la sécurité financière des citoyens. Il insiste sur la nécessité d’une application rigoureuse du code de la concurrence et des prix (loi 104.12) et du code de protection du consommateur (loi 31.08), qui assurent transparence et libre concurrence. Il rappelle également l’importance des obligations de marquage et de contrôle des métaux précieux ainsi que des dispositions pénales contre la fraude commerciale.
Dans cette optique, l’Observatoire préconise la création d’un mécanisme national de suivi des prix de l’or, qui imposerait aux bijouteries d’afficher quotidiennement leurs tarifs de référence. Il recommande en outre de renforcer les contrôles et d’appliquer des sanctions sévères contre les pratiques frauduleuses.
Pour l’instant, ce sont les familles marocaines qui subissent les conséquences. Entre obligation culturelle, besoin d’épargne préventive et spéculation débridée, l’or risque de devenir un produit de luxe réservé à une minorité, à moins que des mesures rapides ne soient mises en place pour réguler ce marché essentiel.

