« Aux grandes âmes », « Aux grands hommes et grandes femmes »… Vos propositions pour une devise inclusive au Panthéon

Élisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale, appelle à repenser la devise du Panthéon, « Aux grands Hommes, la patrie reconnaissante ». « Parce que la politique est aussi affaire de symboles, je pense que nous devrions ouvrir le débat sur la devise inscrite au fronton du Panthéon », a-t-elle déclaré, insistant pour que « cette devise doive reconnaître explicitement la place de Marie Curie, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion, Simone Veil, Joséphine Baker, et de toutes celles qui les suivront ».
Elle a affirmé que reconnaître « l’importance et la place des femmes dans notre histoire et dans notre société » est « très important ». Mais « qu’est-ce qu’il faudrait écrire ? », se demande la ministre. Les lecteurs de 20 Minutes ont voulu participer à des alternatives pour une devise plus inclusive, alimentant un débat animé autour de ce symbole républicain.
« Figures », « esprits », « êtres glorieux »… Un tas de propositions modernes
Parmi les 91 réponses de nos lecteurs, Michel propose : « Aux grands êtres glorieux de la France, la Patrie reconnaissante. ». « Aux grands hommes et grandes femmes… », soumettent Jean et Eric. « Aux brillantes filles et fils de France… », met en avant Corinne. « A celles et ceux qui ont marqué son histoire… », glisse Luc. Laurent et Gérard, eux, conseillent : « Aux grands esprits… ».
Sylvie et Benoît préfèrent « Aux grands humains… », Monica « Aux grands êtres », tandis qu’Erik a une affection pour « Aux grandes âmes ». « Aux courageux ou aux justes », énumère Philippe. D’autres ont proposé : « Aux personnalités », « Aux humanistes », « Aux grands noms », « Aux grandes figures », « Aux âmes grandes et libres », « Aux femmes et aux hommes d’exceptions » ou encore « Aux gloires de la France ».
De véritables réflexions symboliques
Certains proposent une toute nouvelle devise comme un autre Philippe qui suggère : « La mémoire d’un peuple, une nation unie et unique, une nation pour la vie de nos enfants ». « A l’humanité ; aux femmes et hommes extraordinaires ; aux mémoires humaines », soumet Mickaël. « La mémoire d’un peuple, une nation unie et unique, une nation pour la vie de nos enfants », suggère encore un Philippe. Frederic préfère : « A celles et ceux qui nous éclairent pour l’éternité ». Sylvie elle a pris sa plus belle plume : « Aux grandes découvertes mondiales, la patrie reconnaissante. Au grand peuple, la grande harmonie. Aux différences culturelles, la paix. Célébrons ici l’excellence d’esprits brillants. »
« Aux grandes et grands de la République… La « Patrie reconnaissante » peut être facultatif, la reconnaissance est implicite puisque c’est le Panthéon. Et il n’y aura plus de place pour l’écrire. Sinon, pour un mot dont le masculin et le féminin sont identiques : exemples, modèles », développe Philippe. Anne est plus pragmatique : « Je propose simplement de retirer « HOMMES » pour « Aux grands, la patrie reconnaissante ». Ce serait au moindre coût ».
Un débat inutile ?
Mais si certains lecteurs ont joué le jeu, d’autres n’entendent pas le débat dans une conjoncture pareille. « Il y a des choses plus importantes en ce moment », réagit Joëlle. « On est en train de sombrer mais madame Borne pense à ça », souffle Daniel.
Des lecteurs ont également voulu reprendre la ministre de l’Education nationale sur la syntaxe. « Les Hommes cela veut dire également les femmes, dans la langue française… pourquoi s’en prendre continuellement à tout (la culture, le patrimoine, etc.). Ça va mal finir…. », reprend Ludovic.
« Je suis opposé au changement de la devise du Panthéon ! Par « Hommes » on entend « Humains ». Changer la devise en « Aux grands hommes et femmes, la patrie reconnaissante » n’inclurait pas les personnes non-binaires, et « Aux grands Humains, la patrie reconnaissante » sonne bizarrement. Et cette devise est symbolique, car c’est l’œuvre du sculpteur Pierre-Jean David d’Angers, et la modifier serait effacer son œuvre. Et de toute façon, ce n’est pas en changeant l’inscription sur le Panthéon qu’il y aura plus de femmes en sciences… Il faudrait mieux prendre plus de mesure concrète plutôt que des mesures symboliques », analyse de son côté Gérard.
Mais pour Réjane Senac, directrice de recherches CNRS à Sciences Po (Cevipof), « la neutralité est un mythe ». L’autrice des « Non frères au pays de l’égalité » salue « l’aveu courageux d’Élisabeth Borne ». « Les grands Hommes, « fraternité », les droits de l’homme »… Ce n’est pas syntaxique, c’est politique. « Ce ne sont pas que des mots », analyse la politiste française. Ainsi, le choix des mots exclut. « Les symboles sont plus que des symboles », conclut Réjane Sénac.

