France

Pourquoi les listes de classes ne sont-elles plus affichées devant les écoles et collèges ?

C’est un rituel immuable. A quelques jours de la rentrée scolaire, parents et enfants se retrouvent devant les écoles ou les collèges pour découvrir la composition de leur classe. Une petite liste affichée devant l’établissement qui permet à chacun de savoir s’il est avec ses copains et copines. Pour les élèves de maternelle et de primaire, ce moment est aussi de l’occasion de découvrir le nom de l’instituteur ou institutrice avec qui ils vont passer l’année entière. Un marqueur de l’approche de la rentrée. Un moyen de s’organiser et de savoir vers quelle classe se diriger le jour J. Un moment pour se préparer. Bref, un temps important, souvent empreint d’excitation, suscitant déception, tristesse ou joie. Sauf que ce rituel disparaît peu à peu. Sacrifié sur l’autel de la protection des données personnelles et de la sécurité des enfants.

Au printemps, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) avait émis une liste de recommandations. Tout en reconnaissant que l’affichage était « une pratique usuelle et utile pour les élèves et leurs parents », la CNIL avait émis un avis tranché : « Les établissements devraient éviter d’afficher les listes scolaires à l’extérieur du bâtiment. »

Pour la sécurité des enfants

La raison ? L’affichage à tout le monde révèle des informations importantes et des données personnelles. « La révélation de ces informations peut, dans certains cas spécifiques, porter préjudice aux élèves. L’affichage extérieur de la liste de la composition des classes révèle en particulier la localisation d’un enfant pendant toute la période scolaire », explique la CNIL. Dans le cadre d’une séparation, de déchéance d’autorité parentale ou lorsque des mesures d’éloignement ont été prononcées, ces informations peuvent poser problème.

Dans certains établissements, on voit parfois les dates de naissance être affichées, ou a minima les années. « Ça n’apporte rien. Et cela peut-être stigmatisant pour les élèves qui ont redoublé par exemple », estime une enseignante. Pour la CNIL, la date de naissance ne doit être affichée qu’en cas d’homonymie. En cas d’affichage, il est conseillé de se limiter au prénom et à une initiale du nom. Dans la réalité, les risques de doublons sont grands, pouvant conduire à des confusions. Attention aussi aux sites qui vous promettent de connaître la composition de votre classe pendant l’été. Ce sont des arnaques.

Les photos des listes partagées

Un autre problème des listes affichées en extérieur, c’est qu’elles peuvent facilement être photographiées puis diffusées sur les réseaux sociaux. Une atteinte évidente au respect des données personnelles. Les établissements invitent souvent les parents à ne pas photographier les listes, qui finissent souvent dans les boucles WhatsApp de parents.

Au printemps, la CNIL avait donc édité un « guide bonnes pratiques » à destination des établissements. Le gendarme de la RGPD conseillait soit un affichage à l’intérieur de l’établissement (mais dans ce cas, comment y accéder ?) ou plutôt une consultation sur une plateforme dédiée comme Educonnect de la classe. L’objectif est clair : « Limiter le nombre de personnes ayant accès à l’affectation de l’élève dans sa classe. » Quitte à mettre fin à un rituel à première vue très banal.