France

Mort de Jean Pormanove : « J’ai vu son dernier souffle », témoigne sa mère

Un témoignage poignant. Presque deux semaines après la mort brutale de son fils, Raphaël Graven, connu sur les réseaux sous le pseudonyme de Jean Pormanove, sa mère a accepté de s’exprimer dans l’émission Sept à Huit dimanche. L’homme de 46 ans est décédé le 18 août dans les Alpes-Maritimes, en plein direct sur la plateforme de streaming Kick, où il diffusait depuis douze jours consécutifs.

Face aux caméras, Joëlle Graven raconte avec émotion avoir assisté à ses derniers instants : « J’ai même vu son dernier souffle. Il est parti, il a eu un râle, il a tourné sa tête du côté de la caméra. J’aurai préféré ne pas le voir », confie-t-elle. À travers ce témoignage, elle dit vouloir « rendre hommage » à son fils, qu’elle décrit comme « quelqu’un de généreux ».

Dans le reportage, Nicolas, militaire dans le même régiment que Raphaël Graven lorsque celui-ci travaillait dans l’armée, témoigne également. « Pour moi c’était quelqu’un de vulnérable, parce qu’il était plutôt influençable. Peu importe ce qu’on lui disait, il se plaignait jamais, commente-t-il. Je pense qu’il était heureux d’être dans un groupe et avait la sensation d’avoir des amis. »

Les acolytes du streamer pointés du doigt dans les circonstances de sa mort

Le décès de ce quadragénaire a provoqué une vive controverse, tant les dernières heures de son live étaient marquées par des humiliations et des violences. Dans ses derniers messages, il écrivait à sa mère qu’il voulait « se barrer ». Pourtant, lorsqu’elle l’avait appelé la veille, il l’avait rassurée : « Ça va maman, ne t’inquiète pas. » Selon elle, il ne se sentait pas en danger. « Il me disait parfois : « Maman, appelle la police », mais c’était pour le live », explique-t-elle.

Deux autres streamers, connus sous les pseudonymes NarutoVie et Safine, qui apparaissaient régulièrement à ses côtés à l’écran, ont été mis en cause par les internautes. La mère de Raphaël Graven n’a pas porté plainte contre eux, et tous deux nient toute responsabilité. « Chacun avait son rôle. [Jean Pormanove], c’est celui qui devait s’énerver pour créer des scènes rocambolesques, témoigne Gwen, frère de l’un des deux principaux acolytes de Jean Pormanove, qui apparaissait parfois à l’écran. […] C’est pas des vrais étranglements. C’est le but recherché, qu’il donne l’apparence de souffrir, qu’il surjoue un peu. C’était ce qu’on recherchait, ce côté trash. Et bien sûr qu’il était d’accord. » L’autopsie a par ailleurs conclu que le décès n’était pas directement lié à une intervention extérieure. « Les causes probables apparaissent d’origine médicale et/ou toxicologique », avait précisé le procureur Damien Martinelli le 21 août.

La plateforme Kick, qui hébergeait les diffusions, se retrouve, elle aussi, sous le feu des critiques. L’Arcom a convoqué ses responsables, et Kick s’est engagée à revoir ses règles de supervision et de modération. La ministre du Numérique, Clara Chappaz, a dénoncé « une horreur absolue » et annoncé son intention de poursuivre en justice la société australienne pour manquements graves à ses obligations.