Une partie du MR ne digère pas la position de Georges-Louis Bouchez sur Gaza
Après la sortie de Charlotte Deborsu sur LN24, le député libéral Michel De Maegd appelle dans La Libre à une reconnaissance rapide de l’État de Palestine et à des sanctions contre les dirigeants israéliens les plus radicaux. Il invoque le respect des valeurs libérales et s’éloigne de la position officielle de son parti, le MR.
- Publié le 01-09-2025 à 06h33
- Mis à jour le 01-09-2025 à 06h34

Les poids lourds du gouvernement fédéral ont prévu de rediscuter de la reconnaissance de la Palestine ce lundi. Maxime Prévot (Les Engagés), ministre des Affaires étrangères, souhaite que la Belgique reconnaisse rapidement l’État de Palestine. Il propose également à ses partenaires de la coalition Arizona un panel de sanctions possibles contre Israël et le gouvernement Netanyahou. Face à cette ligne plus ferme développée par le centriste, la N-VA et le MR sont réservés.
Le parti de Georges-Louis Bouchez a rappelé, lundi dernier, sa position par un communiqué de presse approuvé par les ministres et les chefs de groupes parlementaires du MR. Dans ce texte, le président libéral réaffirmait son attachement à la solution « à deux États ». Mais il assortissait cette voie diplomatique de plusieurs conditions préalables : « Le désarmement complet du Hamas, qui est une organisation terroriste ; le retrait du Hamas du pouvoir à Gaza, au profit d’une autorité légitime et pacifique ; la libération immédiate et inconditionnelle des otages israéliens ; la reconnaissance de l’État d’Israël par les pays arabes de la région ; la mise en place de garanties de sécurité vérifiables et mutuelles pour l’ensemble des civils israéliens et palestiniens. »
Cette ligne ne passe pas auprès de tous les élus libéraux, on le sait. Mercredi, la députée fédérale Charlotte Deborsu a jeté un pavé dans la mare sur LN24. La jeune parlementaire veut mettre davantage de pression sur les autorités israéliennes par l’adoption de sanctions et en reconnaissant l’État palestinien. « Cette reconnaissance peut être un levier pour réformer cette autorité palestinienne, pour faire en sorte de libérer les otages et faire en sorte que le Hamas ne soit plus au pouvoir. Rester les bras croisés ça ne fonctionne plus« , expliquait-elle.
C’est désormais au tour de Michel De Maegd, également député fédéral, de clarifier sa position. Dans un long texte qu’il a transmis à La Libre, il argumente en faveur d’une reconnaissance rapide de l’État de Palestine et de l’adoption de sanctions « contre les extrémistes et suprémacistes religieux israéliens« .
Le député, ancien présentateur vedette du JT de RTL-TVI, estime que les conditions préalables évoquées dans le communiqué du MR empêcheront toute reconnaissance de l’État de Palestine. Le gouvernement israélien aurait ainsi les coudées franches pour durcir encore un peu plus son intervention militaire à Gaza. Tout comme Charlotte Deborsu, Michel De Maegd a le sentiment de ne pas être entendu par Georges-Louis Bouchez dans ce dossier sensible.
D’autres élus en soutien discret
Les deux parlementaires libéraux ont osé sortir du bois sur la question palestinienne et s’éloigner de la ligne du MR. Derrière eux, d’autres mandataires appuient discrètement leurs arguments. Il n’est pas question actuellement d’une fronde interne contre le président libéral mais cette divergence exprime un malaise qui monte chez les libéraux francophones. En particulier au sein du groupe parlementaire à la Chambre et au sein des députés MR au parlement bruxellois. Certains évoquent l’incompréhension des citoyens à l’égard de la ligne du parti sur Gaza.
Mais d’autres points de vue existent parmi les libéraux. Par exemple, Denis Ducarme, lui aussi député fédéral, a estimé récemment qu’il était inimaginable de donner « une prime au Hamas » en reconnaissant l’État palestinien. Il est nécessaire, selon lui, de désarmer préalablement les terroristes du Hamas et de libérer tous les otages israéliens.
De Wever et Bouchez sur la même ligne
Les divergences entre élus libéraux ne devraient pas (trop) influencer l’attitude du MR au pouvoir au fédéral. Il y va en effet du lien entre les libéraux francophones et la N-VA. Il y a quelques jours, le Premier ministre, Bart De Wever, a défendu une position similaire à celle de Georges-Louis Bouchez. Le chef du gouvernement fédéral a réaffirmé qu’une reconnaissance de l’État de Palestine serait « insensée et même contreproductive » sans le désarmement complet du Hamas, la libération des otages et sans garantie de sécurité au bénéfice d’Israël.


