Maroc

Des panneaux solaires flottants sur l’Oued Rmel pour lutter contre la sécheresse, une première au Maroc

Dans un contexte de sécheresse historique – la plus longue que le Maroc ait connue selon le ministère de l’Équipement et de l’Eau – la technologie des panneaux photovoltaïques flottants offre une solution doublement efficace : produire de l’énergie renouvelable et réduire les pertes d’eau par évaporation, qui peuvent atteindre jusqu’à 30 % du volume des retenues.

En été, l’évaporation au niveau du barrage Oued Rmel passe de 3.000 m³ par jour en temps normal à près de 7.000 m³. La couverture partielle par panneaux solaires devrait permettre d’atténuer ce phénomène, tout en assurant une alimentation durable du port et en maintenant l’approvisionnement en eau potable.

Le chantier a démarré en mai 2025 et marque une première nationale. Plus de 400 plateformes flottantes, solidement ancrées, accueilleront progressivement des milliers de panneaux solaires destinés à recouvrir une dizaine d’hectares sur les 123 hectares du plan d’eau.

Pénurie d'eau : les barrages sous pression dans plusieurs régions du Maroc

Ce projet s’inscrit dans le programme de décarbonisation de Tanger Med, moteur stratégique de l’économie marocaine. Dès juillet 2023, le Groupe Tanger Med avait lancé un appel d’offres pour étudier et réaliser ce parc photovoltaïque flottant, confirmant l’ambition du Royaume de conjuguer innovation énergétique et préservation des ressources hydriques.

Si l’initiative est saluée comme « pionnière » par plusieurs experts climatiques, dont le professeur Mohammed-Saïd Karrouk, elle comporte des limites. La superficie du barrage ne peut être totalement recouverte et les variations du niveau d’eau pourraient fragiliser certains équipements. D’où la nécessité, souligne-t-il, d’accompagner ces projets par une politique renforcée de transferts hydriques entre barrages du nord et régions plus arides.

D’après l’AFP, le Maroc étudie déjà deux projets similaires, à Lalla Takerkoust (près de Marrakech) et à Oued El Makhazine (nord). À l’international, des pays comme la France, l’Indonésie, la Thaïlande ou encore la Chine expérimentent aussi ce type de technologie.

Au-delà de son caractère expérimental, la centrale solaire flottante d’Oued Rmel illustre l’engagement du Maroc à diversifier ses réponses face à la rareté de l’eau et à accélérer sa transition énergétique. À l’horizon 2030, le pays ambitionne de produire 1,7 milliard de m³ d’eau dessalée par an, contre 320 millions aujourd’hui, tout en multipliant les solutions innovantes comme ces panneaux flottants.