A Angoulême, « Les Enfants vont bien » et le cinéma francophone aussi
Quelle belle manifestation que le Festival du film francophone à Angoulême fondé par Marie-France Brière et Dominique Besnehard. On peut y prendre le pouls du 7e art juste avant la rentrée. Et cela rend confiant pour le retour du public en salle tant la sélection s’est révélée de grande qualité.
C’était notre chouchou : Les enfants vont bien de Nathan Ambrosini a remporté le Diamant, Grand prix de cette 18e édition. Ce film tout en tendresse permettait au jeune réalisateur de retrouver Camille Cottin, qu’il avait déjà dirigée dans Toni en famille. A 26 ans, ce cinéaste sensible confirme son immense talent pour parler des rapports familiaux qu’il analyse avec autant de sensibilité que maturité.
La famille en question
La famille était au centre des thématiques cette année. Des œuvres fortes comme Dites-lui que je l’aime, brillant portrait de sa mère par Romane Bohringer ou Qui brille au combat de Joséphine Japy, évocation de sa sœur handicapée, ont ému aux larmes. La famille « choisie » de l’histoire d’amitié Météors d’Hubert Charuel et celle qui étouffe Mélanie Thierry dans le brillant La Femme de réalisé par David Roux ont également marqué les festivaliers. La réalité et la fiction s’entremêlent pour ces longs métrages qui touchent à l’universel en contant des histoires très personnelles. Même quand elles étaient hors compétition, les qualités indéniables ces œuvres rend optimiste pour l’avenir du cinéma français.
Coup de projecteur sur le monde
Déborah Lobe Laney pour Promis le ciel d’Erige Sehiri et Isaach de Bankolé pour Muganga, celui qui soigne de Marie-Hélène Roux ont remporté les prix d’interprétation tandis que le premier était aussi récompensé pour son scénario et sa mise en scène et le second était plébiscité par le public.

Ces deux œuvres ont pour point commun d’avoir fait voyager les spectateurs tout les confrontant à une réalité brutale et méconnue. Promis le ciel fait découvrir les discriminations que subissent des Africaines installées à Tunis, une autre façon d’évoquer la migration particulièrement passionnante. Mal considérées, ces femmes venues de Côte d’Ivoire ou du Mali souffrent du mépris de Tunisiens qui oublient un peu trop vite qu’ils sont aussi africains qu’elles. Muganga, celui qui soigne brosse le portrait d’un médecin, Denis Mukwege, lauréat du prix Nobel de la paix en 2018. Ce grand homme « répare » les Africaines victimes de viols atroces. Isaach de Bankolé apporte une intensité admirable dans le rôle de ce praticien dévoué à la cause de femmes brisées. Ses accomplissements comme les risques qu’il prend pour accomplir sa mission et les doutes qui l’agitent sont montrés au fil d’un film fort dont on comprend facilement pourquoi il a conquis le public d’Angoulême.
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Les comédies n’étaient pas pléthore à Angoulême qui, plus que jamais, a braqué ses projecteurs sur une réalité souvent douloureuse rendue passionnante par des cinéastes inspirés. On reparlera de ces films au fil de leurs sorties. Ils sont tous remarquables chacun à leur façon.

