Faut-il ajouter du sel dans son eau pour mieux s’hydrater ?

S’hydrater, c’est peut-être le premier réflexe santé, bien-être et même beauté. Si l’eau reste la meilleure des boissons pour l’hydratation, les techniques pour optimiser sa consommation. De plus en plus de voix s’élève pour rappeler que l’hydratation ne dépend pas uniquement de la quantité d’eau absorbée mais aussi des minéraux qu’elle contient.
C’est dans ce contexte que fleurissent, sur les réseaux sociaux notamment, des conseils étonnants comme ajouter une pincée de sel à son eau. Un geste simple en apparence, qui favoriserait notre hydratation. Alors, info ou intox ? Nous avons posé la question à des nutritionnistes.
Le rôle du sodium et des minéraux
Pour Sophie Janvier, diététicienne nutritionniste, et auteure de « La Méthode douce pour mieux manger » aux éditions Leduc, « lorsqu’on transpire beaucoup, par exemple lors d’un effort physique intense, par forte chaleur ou en cas de fièvre, on perd non seulement de l’eau, mais aussi des sels minéraux, en particulier du sodium. Dans ces situations, une boisson légèrement salée ou une solution de réhydratation peut être utile pour compenser ces pertes et optimiser la réhydratation. »
Au contact de sportifs depuis le début de son activité professionnelle, la nutritionniste au PSG Academy, Capucine Bertrand confirme : « Quand on transpire, on perd beaucoup de sodium. C’est important de récupérer ».
Est-il vraiment utile au quotidien de saler son eau ?
Sur ce point, les deux expertes sont catégoriques : non. « Dans la vie quotidienne, pour une personne en bonne santé, ajouter du sel dans son eau n’a pas d’intérêt et peut même être déconseillé », avertit Sophie Janvier. « Si c’est un sportif qui mange déjà beaucoup d’aliments transformés, très salés et qui ne fait pas attention à son alimentation, ajouter du sel dans l’eau peut devenir une mauvaise pratique », nuance Capucine Bertrand. Ce conseil s’applique à tout le monde. L’excès de sodium peut causer « un risque accru d’hypertension et de maladies cardiovasculaires », rappelle Sophie Janvier.
Quant aux vidéos des réseaux sociaux invitant à boire chaque matin de l’eau avec du sel de l’Himalaya, pour équilibrer le pH ou réduire la rétention d’eau, la nutritionniste est ferme. « Ces pratiques n’ont aucun fondement scientifique solide. Le sel, qu’il soit blanc ou rose, reste du chlorure de sodium : il ne draine pas, il favorise plutôt la rétention d’eau lorsqu’il est consommé en excès. Quant à l’idée de rééquilibrer le pH du corps, elle est fausse : notre organisme régule naturellement et finement cet équilibre. »
Des alternatives ?
Certaines eaux minérales riches en sodium (comme St-Yorre ou Rozana) peuvent être une alternative. « Elles sont très bien après l’effort, mais il faut faire attention au gaz, qui peut poser problème aux personnes sensibles. Il suffit de laisser la bouteille ouverte pour que le gaz s’échappe et profiter des minéraux », conseille Capucine Bertrand.
À la mode en ce moment, les pastilles de réhydratation qui envahissent les rayons des pharmacies et des magasins de sport, les deux expertes restent prudentes. « Pour un sportif d’endurance, une personne travaillant longtemps en milieu chaud ou un patient souffrant de diarrhées ou de vomissements, ces produits peuvent être utiles, car ils compensent efficacement les pertes en eau et en électrolytes », reconnaît Sophie Janvier. Mais pour le grand public, cela « relève souvent davantage du marketing que d’un réel besoin physiologique. »
Capucine Bertrand, qui en recommande parfois à ces sportifs, alerte : « Il faut bien lire la composition : beaucoup de produits contiennent surtout du sucre ou des édulcorants. Ce n’est pas une bonne habitude au quotidien. »
La vraie recette d’une bonne hydratation
Et si la meilleure façon de rester hydraté n’était finalement pas d’ajouter une pincée de sel ? « Les recommandations sont assez simples : boire régulièrement tout au long de la journée, sans attendre d’avoir soif, en privilégiant l’eau plate. En moyenne, cela représente 1,5 à 2 litres d’eau par jour, à adapter selon l’âge, le poids, la température extérieure et l’activité physique. L’alimentation contribue aussi à l’hydratation : fruits, légumes, yaourts, soupes apportent de l’eau et des minéraux. »
Pour la Capucine Bertrand, créatrice du programme nutritionnel Boost sur l’alimentation anti-inflammatoire, « il n’est donc pas nécessaire d’ajouter du sel dans son eau ni de recourir à des poudres spéciales, sauf indication médicale ou contexte particulier (sport d’endurance, fortes chaleurs, maladies) », conclut-elle.

