On a testé (et contourné) la vérification de l’âge pour accéder aux sites pornos

Il y a quelques semaines encore, il était presque plus facile d’accéder à du contenu porno sur Internet que de trouver une bonne recette de poulet au maroilles. Sauf que, depuis le 15 juillet dernier, les sites dont le sexe est le fonds de commerce ont l’obligation de vérifier la majorité de leurs visiteurs pour rester accessibles en France. Et pas en cliquant sur un simple bouton « j’ai plus de 18 ans », mais via des plateformes spécialisées. 20 Minutes a voulu tester l’efficacité de ce nouveau dispositif.
Des sites pornos qui restent accessibles à n’importe qui en France, sans aucune forme de vérification, il en existe encore beaucoup. Et nul besoin de plonger dans les méandres du darkweb ni d’installer un VPN pour tomber dessus. En revanche, les grands noms du secteur ont tous joué le jeu, bon gré, mal gré, chacun à sa manière.
Merci Brad Pitt
Youporn, Pornhub et Redtube ont tout simplement suspendu l’accès à leurs sites depuis la France, dénonçant l’inefficacité des méthodes de filtrage et leur dangerosité en matière de confidentialité. Les autres ont mis en place un contrôle de l’âge des utilisateurs via différentes plateformes utilisant notamment la reconnaissance faciale et l’IA. Spoiler alerte, 20 Minutes a pu contourner le dispositif des six sites que nous avons testés.
Dans tous les cas, le principe est le même. Une fois sur la page d’accueil du site, le fait de cliquer sur une vidéo vous renvoie vers la plateforme de vérification de l’âge. Là, le plus souvent, deux méthodes s’offrent à vous. D’abord celle consistant à utiliser la webcam de l’ordinateur ou du téléphone pour faire un selfie photo ou vidéo qui sera analysé par une IA, laquelle jugera si vous êtes majeur ou pas. Une pseudo-sécurité que l’on contourne facilement en présentant une photo ou une courte vidéo d’un adulte face à la caméra. Le plus navrant, c’est que cela a même fonctionné avec une photo de Brad Pitt trouvée sur le Web. Facilement, donc, nous avons pu tromper les plateformes Pumpverify, Ageverify ou Ageverif.
La plateforme AgeGo, notamment utilisée par le site Tnaflix, nous a recalés la photo de Brad Pitt. En revanche, elle a validé sans souci un selfie pris de côté, flou et avec une capuche sur la tête. En alternative à AgeGo, Tnaflix proposait la vérification via l’application Yoti, une véritable usine à gaz qu’il ne nous a pas été possible de duper en un temps acceptable.
Une solution à attendre du côté de l’Europe ?
D’autres plateformes de vérification de l’âge, comme Pleenk, utilisée par le site Tukif, semblent plus pointilleuses, du moins à première vue. Il faut d’abord passer l’épreuve du selfie vidéo et ensuite photographier ou téléverser une pièce d’identité. Le premier verrou a sauté en présentant à la webcam de l’ordinateur la vidéo d’un visage d’adulte enregistrée sur un téléphone. Le second verrou s’est ouvert après avoir téléversé depuis Google les photos recto et verso de la carte d’identité de Maëlys, un avatar IA.
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Les réticences de Aylo, propriétaire des sites Youporn, Pornhub et Redtube, semblent donc légitimes, notamment au sujet de l’efficacité des plateformes de vérification. D’autant que l’on ignore ce que les plateformes font des données biométriques collectées bien qu’elles assurent toutes « ne pas les stocker ».
La solution ultime viendra peut-être du « mini wallet », une application de contrôle de l’âge développée par la Commission européenne. Sauf qu’elle n’en est qu’au stade d’un prototype dont les tests devaient commencer cet été selon la CNIL.

