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Eurobasket 2025 : Les Bleus veulent repasser en mode « kaïra » pour faire oublier Wemby et compagnie

22, (re) v’là les Bleus ! Un an après avoir fait chavirer nos petits cœurs fragiles en décrochant une magnifique médaille d’argent en finale des Jeux, au terme d’une finale d’anthologie face à la superpuissance américaine, l’équipe de France de basket reprend du service à l’occasion de l’Euro 2025 qui a débuté mercredi. Emmenés par son nouveau sélectionneur Frédéric Fauthoux, « Freddy » pour les intimes, les Bleus auront fort à faire dans une compétition qui s’annonce très, très relevée, la plupart des équipes ayant fait le choix d’embarquer leurs meilleurs éléments dans la soute.

Tout le contraire de l’équipe de France qui, une fois n’est pas coutume, devra faire sans ses stars, pour des causes diverses et variées. C’est donc avec un groupe en couche-culotte que Fauthoux, invaincu depuis sa prise de pouvoir l’été dernier, va aller frotter ses Pampers au gotha européen. Ce qui n’empêche cette bande de jeunes insouciants de viser rien de moins que la lune, comme ils nous l’ont confié au lendemain de leur deuxième victoire contre l’Espagne, à Bercy, mi-août. « Les ambitions sont claires, on va là-bas pour chercher la médaille d’or, assumait Mouhammadou Jaiteh. C’est la seule chose qu’on vise même, si on sait que ça sera très difficile quand on voit le niveau des équipes en face. »

Mode « kaïra » activé

Comment comptent-ils s’y prendre pour y parvenir ? Rien de plus simple à les écouter. Il suffit d’enclencher le mode « kaïra », celui-là même qui les avait portés à partir lors des derniers Jeux de Paris. De mémoire, c’est Isaïa Cordinier qui avait le premier mis un nom sur cet état d’esprit après la victoire contre l’Allemagne en demi-finale. Si l’on a deux-trois notions de ce qui peut se cacher derrière ce terme de « kaïra », propre à mettre le Rassemblement national en Erreur 404, laissons les joueurs nous en donner leur propre définition.

  • Isaïa Cordinier : « C’est un état d’esprit qu’on essaye de cultiver depuis les JO. J’ai mis ce nom-là dessus, l’idée c’est de n’avoir peur de personne, de tout donner, d’être les agresseurs et non les agressés. C’est quelque chose qui caractérise encore bien ce groupe aujourd’hui et qui peut être l’une de nos grosses forces cette année. »
  • Guerschon Yabusele : « On veut être une équipe qui se bat, qui met des coups, qui défend dur mais aussi qui prend du plaisir et qui se passe la balle. Il faut que les adversaires soupirent à l’idée de nous jouer et se disent qu’ils n’arrivent pas à trouver de solution.
  • Matthew Strazel (avant qu’il soit forfait) : « Cette mentalité est toujours là. D’autant qu’on a encore plus de jeunes joueurs cette année, on ne risque pas de manquer d’énergie ! On veut être une équipe hargneuse, qui se bat et qui ne se fait pas toucher. On veut être les agresseurs, non les agressés.

Vous l’aurez compris, il est bien plus question de rentrer dans le lard des adversaires que de les faire danser sur les phases offensives, même si on sait cette équipe capable (quand elle le veut) de pratiquer un basket moderne, ambitieux et collectif par séquences. Mais ici, et on les en remercie, pas une seule fois il ne fut question de « couilles » ou de « cojones », comme c’est le cas un jour sur deux à l’OM avec Roberto De Zerbi.

La défense doit rester le socle de cette équipe

La mentalité kaïra, c’est donc une envie commune de faire mal à l’adversaire autant que de lui faire peur. Vous nous direz que ça ne change pas beaucoup de ce qui a fait la force de la maison Bleue ces 10-15 dernières années. Sous Vincent Collet, la France s’est taillée une réputation d’équipe chiante à affronter du fait de sa défense de chiens de la casse. Reste que c’est plus facile de défendre à la schlague quand on a des poids lourds du type Rudy Gobert, Mathias Lessort ou Vincent Poirier dans la raquette. Malgré cela, Freddy Fauthoux a fait le pari de ne rappeler personne à l’intérieur.

De toute manière, avec autant d’absents de marque, Fauthoux avait-il le choix ? Non, évidemment. Il n’empêche que cette notion de collectif qui prime sur les individualités est autant une nécessité qu’une réalité. Loin du cliché du groupe-qui-vit-super-bien-ensemble-c’est-fabuleux, ces Bleus-là transpirent réellement la joie de vivre et dégagent une confiance en eux qu’on ne pourra pas leur reprocher pour une fois.

Le meneur de jeu Sylvain Francisco témoigne : « Le groupe vit tellement bien ! C’est incroyable, personne n’imaginait que ça serait à ce point-là, tout le monde parle avec tout le monde, tout le monde est heureux d’être là et c’est primordial avant d’aborder une telle compétition. C’est ce qui explique qu’on soit comme ça sur le terrain, c’est parce qu’on est vraiment soudés en dehors aussi. On se vanne, on rigole, c’est la meilleure ambiance que j’ai connue en équipe de France. »

Un statut d’outsider qui leur convient

« L’ambiance est vraiment top, il y a une énergie de ouf entre les jeunes et les moins jeunes, ça se lie super bien, il y a un truc qui est en train de se créer qui est vraiment cool », valide Cordinier. Emmenés par un Guerschon Yabusele métamorphosé depuis son été olympique et ce poster pour la postérité sur LeBron James en finale à Bercy, les Bleus ont conscience de ne pas faire partie des favoris, mais ça ne semble pas leur poser problème. Pour le néo-retraité Nico Batum, que l’on est allé interviewer la semaine dernière, ce nouveau statut peut même s’avérer être une force.

« C’est le truc qu’il leur faut pour activer le mode kaïra comme ils disent. C’est une équipe jeune, affamée. C’est l’état d’esprit “ok, vous ne croyez pas en nous ? Ben vous allez voir, on va prouver, on va choquer le monde.” C’est une très bonne chose », pense le « Batman » tricolore. Un sentiment vite confirmé par Yabusele, qui semble prendre son nouveau rôle de leader très au sérieux : « On va y aller le couteau entre les dents, on a tout à montrer, tout à prouver. C’est un nouveau groupe, une nouvelle génération et on sait que cette compétition peut vraiment nous lancer sur un nouveau cycle de plusieurs années ». On ne demande qu’à être surpris, voire choqués.