France

Rentrée scolaire : Portables, programmes, bac, brevet… Ce qui change pour les élèves cette année

C’est bientôt la rentrée pour 12 millions d’élèves. Au menu cette année, il y aura des nouveaux programmes : en particulier celui d’éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité, mais aussi en maths et de français pour les élèves jusqu’en 6e. L’intelligence artificielle s’introduira dans les classes de 4e et de Seconde et les lycéens auront une épreuve de mathématiques dès la Première. S’agissant du dispositif « Portables en pause », annoncé comme la grande nouveauté de cette année, il se pourrait bien qu’il ne se passe en réalité… pas grande chose.

Des portables au placard au collège ?

Ce devait être l’un des grands changements de cette rentrée : la généralisation de la « pause numérique », soit l’interdiction totale de l’utilisation des téléphones portables au collège. Mais finalement, rien ne garantit qu’elle sera effective, malgré les propos rassurants de Borne au journal Le Parisien. Car ses modalités ont été considérablement assouplies. Localement, chaque chef d’établissement doit décider comment faire appliquer la mesure, qu’il s’agisse de casiers, de mallettes ou de tout autre moyen. « Les modalités de mise à l’écart du téléphone portable et objets connectés des élèves sont déterminées localement et laissées à la discrétion des chefs d’établissement, en lien avec leur collectivité territoriale de rattachement », énonce une circulaire publiée en juillet. Les établissements peuvent ainsi estimer que l’interdiction est déjà bien respectée, et donc ne… rien faire. Or, d’après l’association Départements de France, contactée par 20 Minutes, très peu de demandes ont été adressées aux départements pour financer des dispositifs.

« On a plaidé pour qu’on n’impose pas cette mesure dans tous les collèges de la même manière car elle est extrêmement compliquée à mettre en œuvre. On manque de moyens et de personnels. Si on demande aux assistants d’éducation (AED) de récupérer les portables et de les redistribuer, c’est autant de travail d’encadrement des élèves qu’ils ne feront plus. On a donc demandé que les élèves puissent garder leur téléphone portable éteint dans leur sac, et qu’on permette aux collèges où la règle actuelle ne suffit pas d’utiliser une autre méthode, y compris celle expérimentée. La loi actuelle suffit dans la plupart des collèges », a expliqué mardi lors d’une conférence de presse Jérôme Fournier, secrétaire national du Se-Unsa.

Nouveau programme d’éducation à la sexualité

Contesté par une partie de la droite et les milieux conservateurs, le nouveau programme sur l’éducation à la vie relationnelle et sexuelle (Evars) a été officiellement publié début février, après des concertations entamées en mars 2024. Il prévoit « au moins trois séances annuelles spécifiques obligatoires » dans l’ensemble des écoles, collèges et lycées, publics comme privés sous contrat. Ces séances étaient jusque-là théoriquement imposées par la loi depuis 2001, mais de fait peu réalisées. L’existence d’un programme dédié devrait faciliter sa mise en œuvre, mais rien ne garantit non plus que les trois séances seront effectivement réalisées, là où les habitudes étaient de ne pas les faire. Reste aussi à savoir si les professeurs qui appliqueront ce programme seront formés, comme le demandaient la plupart des syndicats.

« On a eu vent de quelques formations qui se sont mises en œuvre mais c’est très faible », explique Jérôme Fournier. Or l’absence de formations expose les professeurs qui se sentent démunis à la critique des associations de parents d’extrême droite, comme Parents vigilants (créé par Éric Zemmour et directement piloté par des membres de Reconquête). Pour contrer les fausses informations, telles qu’elles ont circulé cette année ou au moment des ABCD de l’égalité en 2014, Élisabeth Borne a annoncé dans Le Parisien avoir demandé qu’il y ait, « dans chaque établissement et à chaque niveau, une réunion avec les parents d’élèves en début d’année ». Des supports d’informations à destination des familles vont également être envoyés cette semaine dans les écoles et les établissements, selon la ministre…

Nouvelle épreuve de maths et bac plus exigeant

Une nouvelle épreuve écrite de mathématiques au bac général et technologique en première verra le jour au printemps. D’une durée de deux heures, elle sera coefficient 2 (le grand oral passant de coefficient 10 à 8 en voie générale). Elle comportera deux parties : « un questionnaire à choix multiples » et « deux à trois exercices », selon le ministère. Cette épreuve portera « sur le programme de l’enseignement scientifique de première » ou sur celui de la spécialité maths, pour ceux qui l’ont choisie. « J’ai voulu cette épreuve pour deux raisons : remettre au cœur les savoirs fondamentaux, mathématiques comme Français, et permettre à chaque lycéen de bénéficier d’une évaluation nationale pour chacune de ces matières dans Parcoursup », a plaidé la ministre en conférence de presse ce mercredi 27 août.

Une des difficultés est que l’épreuve comporte une partie de calcul mental, alors que selon Jérôme Fournier, « on ne travaille pas sans calculatrice ni au collège ni au lycée ». Il faudra donc adapter les programmes.

Par ailleurs, la ministre a annoncé resserrer les exigences du baccalauréat. « Aujourd’hui un élève qui a obtenu 8 sur 20 peut encore être rattrapé à l’oral. Cela ne sera plus possible » a-t-elle dit, ajoutant qu’ « aucun élève ne pourra être donc être dispensé d’épreuves de rattrapage ou obtenir le bac sans avoir atteint au moins 9,5 de moyenne ». En revanche, le contrôle continu pour le bac sera réformé, pour « diminuer la pression sur les élèves » tout en « reflétant plus fidèlement leur niveau », a indiqué Élisabeth Borne. Les proviseurs seront chargés de préciser « quelles évaluations seront prises en compte pour le contrôle continu », et donc pour Parcoursup, toutes ne l’étant pas.

Des nouveaux programmes de maths et de français

Des nouveaux programmes de maths et de français doivent entrer en vigueur cette année, où les objectifs sont détaillés non plus par cycle, mais par année. Des programmes recentrés sur les savoirs fondamentaux et qui feraient la part belle aux compétences facilement mesurables, selon les syndicats, comme l’importance donnée en mathématiques au « comptage numérotage », au détriment de la compréhension du nombre comme représentation de la quantité (savoir compter jusqu’à 10, versus, savoir dans l’espace qu’il y a bien là 10 objets) ou les « performances d’oralisation chronométrées », par exemple le nombre de mots qu’un élève est capable de lire en une minute avec des objectifs chiffrés (50 mots par minute en CP, 70 en CE1, 90 en CE2, une compétence appelée « fluence »).

Des programmes vertement critiqués par les syndicats, comme on vous l’expliquait dans notre article. Mais qui d’après Élisabeth Borne, qui les a défendus ce mercredi, permettront « de renforcer compétences en lecture, écriture, vocabulaire, ainsi que la numération et les automatismes de calcul et la résolution de problèmes en mathématiques ». La ministre a également expliqué que les repères annuels précis « permettent d’assurer l’acquisition progressive des savoirs et compétences et ne pas laisser les difficultés ».

Plus de contrôle final au brevet

Le brevet comptera désormais pour 60 % de la note finale (et non plus 50 %). Ce dernier prendra par ailleurs en compte désormais les notes de 3e, et non plus la maîtrise d’un « socle commun » de connaissances et compétences sur l’ensemble du cycle 4 (5e, 4e, 3e).

Initiation à l’IA

Des formations à l’intelligence artificielle seront mises en place sur la plateforme Pix dès la rentrée dans des établissements volontaires, puis généralisées à tous les collèges et lycées début 2026. Elles seront obligatoires pour tous les élèves de 4e et seconde.