Secteur informel : le gouvernement veut accélérer son intégration dans l’économie

La ministre de l’Économie et des finances, Nadia Fettah Alaoui, a réaffirmé l’importance que le gouvernement accordait à l’intégration progressive du secteur informel dans l’économie structurée, soulignant les enjeux économiques et sociaux majeurs qu’il représente. Dans une réponse écrite à une question parlementaire posée par le groupe du progrès et socialisme (PPS) à la Chambre des représentants, la ministre a rappelé que le secteur informel représentait un poids considérable dans l’économie nationale. Ainsi, son intégration est perçue non seulement comme un levier de justice sociale, mais également comme une opportunité fiscale permettant de mobiliser de nouvelles ressources. C’est pourquoi l’Exécutif a inscrit cette question au cœur de son programme, dans l’axe dédié à la transformation structurelle du tissu économique et à la stimulation de l’investissement.
La fiscalité comme levier d’intégration
Selon la ministre, l’un des piliers de cette stratégie réside dans la réforme fiscale. Dans ce sens, indique la ministre, les dernières lois de Finances ont introduit plusieurs mesures, notamment la réforme de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Pour la ministre, l’objectif est de bâtir un système fiscal plus équitable, incitatif et progressif, permettant aux acteurs du secteur informel de rejoindre progressivement le secteur structuré, tout en respectant les spécificités techniques et sectorielles.
Des stratégies sectorielles ciblées
Au-delà de la fiscalité, le gouvernement mise par ailleurs sur des stratégies sectorielles pour encourager l’intégration. Parmi elles figure la stratégie de développement du secteur de l’artisanat à l’horizon 2030, qui prévoit le renforcement des compétences des artisans et leur accompagnement vers une meilleure structuration. Dans le domaine agricole, la ministre cite le Plan Maroc Vert qui a mis l’accent sur la valorisation du capital humain et la promotion d’une nouvelle génération de jeunes entrepreneurs.
Emploi et entrepreneuriat : élargissement des programmes
La ministre a également mis en avant les programmes actifs pour l’emploi tels que Forsa, Awrach et Idmaj. En effet la loi de Finances a élargi en 2025 leur portée, auparavant réservée aux détenteurs de diplômes, pour inclure désormais les personnes sans qualifications. C’est dans ce cadre qu’a été lancé le programme «Taahil», destiné à offrir de nouvelles perspectives aux personnes sans diplômes. Parallèlement, la nouvelle feuille de route pour l’emploi, lancée récemment, se base sur plusieurs initiatives majeures : Il s’agit de relancer les investissements des très petites, petites et moyennes entreprises (TPME), renforcer les politiques actives pour l’emploi, généraliser la formation en alternance, réduire la perte d’emplois dans le secteur agricole et unifier les dispositifs de soutien à l’emploi.
Une série de programmes complémentaires
La ministre met par ailleurs en avant également d’autres initiatives spécifiques. Il y a lieu de citer le programme «Mouâazara», destiné à financer des projets socio-économiques au profit des organisations de l’économie sociale et solidaire, la stratégie nationale pour l’amélioration du climat des affaires à l’horizon 2026, le nouveau Pacte de l’investissement, qui prévoit un système de soutien spécifique aux TPME et vise à dynamiser l’investissement privé. Dans le même esprit, le programme «Ana Mouqawil» constitue selon la ministre un cadre contractuel entre l’État et l’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences (ANAPEC). Il a pour mission d’accompagner les porteurs de projets, les auto-entrepreneurs et les unités économiques non structurées d’ici 2026.
Protection sociale et inclusion économique
La ministre rappelle en outre le rôle central du régime de l’auto-entrepreneur, qui, grâce à ses dispositions simplifiées et incitatives, représente un outil clé de formalisation. Elle a également souligné l’importance du projet Royal de généralisation de la protection sociale, qui couvre la généralisation de la couverture médicale obligatoire, des allocations familiales, l’élargissement de l’accès aux régimes de retraite et l’extension de l’indemnisation pour perte d’emploi.
Un soutien renforcé aux TPME
Pour tous ces programmes destinés à faciliter l’intégration du secteur informel, la ministre rappelle que le gouvernement accorde une préférence de 30% des marchés publics aux très petites, petites et moyennes entreprises, aux coopératives et aux auto-entrepreneurs. Une mesure qui vise à encourager ces acteurs à franchir le pas vers l’économie formelle.
Une réussite conditionnée par l’implication de tous
En conclusion, Nadia Fettah Alaoui insiste sur le fait que le succès de cette stratégie globale dépend de la synergie entre les différents acteurs publics et privés. «Le succès de toute stratégie ou mesure visant à intégrer le secteur informel reste tributaire de la conjugaison des efforts de tous», a-t-elle affirmé, appelant les opérateurs à s’engager positivement dans les initiatives d’intégration.


