Convoqué par la France, l’ambassadeur américain envoie son chargé d’affaires à sa place

Dans un nouvel épisode de tensions diplomatiques entre la France et les États-Unis, l’ambassadeur américain Charles Kushner, proche de Donald Trump, a fait faux bond au ministère français des Affaires étrangères, où il était convoqué ce lundi. Cette absence marque un coup d’éclat dans un contexte déjà tendu, après que l’ambassadeur a publiquement critiqué l’action du gouvernement français face à la montée de l’antisémitisme.
Dans une lettre adressée directement au président Emmanuel Macron, Charles Kushner, père de Jared Kushner, gendre de Donald Trump, avait exprimé « sa profonde inquiétude face à la flambée de l’antisémitisme en France et à l’absence d’action suffisante » de l’exécutif français pour y répondre. Ces propos, qui font écho aux récentes critiques du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, ont été jugés inacceptables par Paris.
Une mise au point face à « l’ingérence »
En diplomatie, une telle déclaration est rarement prise à la légère, et la convocation d’un ambassadeur constitue une réponse classique pour exprimer un mécontentement officiel. Cependant, Charles Kushner, en poste depuis seulement quelques semaines, a choisi de ne pas se présenter au Quai d’Orsay. À sa place, le chargé d’affaires de l’ambassade américaine a été envoyé pour répondre à la convocation face à deux directrices du ministère.
Le chargé d’affaires américain s’est alors vu signifier que les critiques de Charles Kushner « constituaient une ingérence dans les affaires intérieures de la France et dressaient un constat qui ne correspondait pas à la réalité », indique une source diplomatique française.
Les Etats-Unis en soutien à Kushner
Le département d’Etat américain a dit « soutenir les propos » de son ambassadeur. « L’ambassadeur Kushner est le représentant du gouvernement des Etats-Unis en France et effectue un travail remarquable en faisant progresser nos intérêts nationaux dans ce rôle », a affirmé son porte-parole adjoint, Tommy Pigott, dans un communiqué.
La convocation au Quai d’Orsay d’un ambassadeur américain est un événement rare mais pas sans précédent. En octobre 2013, le représentant de Washington avait été convoqué après les révélations d’Edward Snowden selon lesquelles la NSA aurait intercepté massivement des communications en France. En juin 2015, sa successeure Jane Hartley avait également dû s’expliquer sur les documents de WikiLeaks attestant de l’écoute par la NSA des appels de trois présidents français (Chirac, Sarkozy, Hollande).

