France

Les entretiens simulés avec un avatar, un coup de pouce pour l’insertion professionnelle

Il n’y a pas de recette miracle : pour réussir un entretien d’embauche, rien ne vaut l’entraînement. Et c’est encore plus vrai pour celles et ceux qui sont tenus à l’écart du marché du travail depuis longtemps. Une étude menée par l’université du Michigan auprès d’une centaine d’ex-détenus le prouve. Un tiers d’entre eux avaient suivi une formation basée sur la simulation avant leur libération. Objectif : se confronter à des scénarios réalistes, face à un avatar ou un recruteur virtuel, et répondre aux questions classiques d’un entretien (motivation, compétences, parcours). Résultat : ces profils avaient davantage de chances de décrocher un emploi dans les mois suivants.

En France, on n’en est pas encore à mesurer de tels effets sur les publics éloignés de l’emploi, mais l’idée gagne du terrain. Le service public comme le secteur privé se sont lancés dans l’aventure en développant leurs propres simulateurs.

En France, une large offre de simulateurs

Côté service public, France Travail a lancé dès 2015 son outil « Mon simulateur d’entretiens professionnels », avec des retours encourageants : depuis le premier avis publié en octobre 2023, il obtient une note moyenne de 3,8/5 par les utilisateurs. La DGAFP (Direction générale de l’administration et de la fonction publique) propose également un simulateur destiné aux postes administratifs, avec un bilan personnalisé à l’issue de chaque session. Pour les cadres et jeunes diplômés, l’Apec met à disposition un simulateur gratuit, accessible directement sur son site. Les trois outils sont réunis sur l’« Emploi Store » de France Travail.

Du côté du privé, certaines entreprises, comme Adecco ou la Société générale, ont aussi développé leurs propres simulateurs pour préparer leurs futurs candidats.

Une opportunité pour les publics confrontés à des troubles psychiques ou à des addictions

La simulation ne profite pas seulement aux demandeurs d’emploi éloignés du marché du travail. Elle offre aussi un soutien aux personnes souffrant de troubles psychiques. Une étude publiée en 2016 par le National Center for Biotechnology Information a montré que les personnes atteintes de schizophrénie formées à des entretiens virtuels voyaient leurs chances d’obtenir un emploi augmenter dans les six mois. Des effets similaires ont été observés pour les personnes confrontées à des troubles liés à la consommation de substances.

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En France, la start-up C2Care utilise cette approche depuis 2015. Spécialisée dans la réalité virtuelle appliquée à la santé mentale, elle revendique déjà plus de 22.000 patients accompagnés, dont certains ont pu s’exercer à des entretiens d’embauche. « Ce système permet de désapprendre les schémas de pensée négatifs », nous expliquait Pierre Gadea, fondateur, en octobre dernier, à propos de l’ergophobie. Pour les patients anxieux ou en difficulté dans les interactions sociales, l’outil propose des exercices de prise de parole face à des personnages virtuels pilotés par l’intelligence artificielle.

Que l’on soit confronté à des difficultés sociales, psychiques ou simplement débutant sur le marché du travail, chaque détail compte au jour de l’entretien. Se familiariser avec les questions et les situations grâce à un simulateur peut vraiment faire la différence. Et même si on est déjà un actif en recherche d’une nouvelle opportunité professionnelle.