Guerre en Ukraine : Derrière des tentatives de discussions, les Ukrainiens « tiennent la ligne » de défense sur le front
Tandis qu’un faible espoir se dessine côté diplomatique, les combattants n’ont pas posé les armes. La Russie a d’ailleurs revendiqué la prise de trois villages dans la région de Donetsk, dans l’est de l’Ukraine, ce vendredi. Elle continue de grignoter des petits morceaux de territoires, lentement mais sûrement.
Gardant l’avantage sur le front mais réclamant la cession de quatre territoires ukrainiens partiellement occupés, en plus de la Crimée, Moscou est en « décalage entre ses exigences et le rapport de force sur le terrain car l’armée ukrainienne n’a pas le couteau sous la gorge, elle tient la ligne », explique Michel Goya, ancien colonel des troupes de marine, historien, stratégiste et auteur de L’ours et le renard – Entretiens sur la guerre en Ukraine (Perrin).
Une ligne de front presque figée
La ligne de front n’a pas tellement bougé. L’essentiel des combats se concentre dans le Donbass. L’armée russe « met beaucoup de pression pour faire tomber la ville de Pokrovsk [l’oblast de Donetsk] le plus vite possible, le cœur du sujet est là », constate l’ancien colonel.

Des efforts stratégiques à mettre en relation aux discussions actuelles menées par Donald Trump avec Vladimir Poutine d’un côté et Volodymyr Zelensky de l’autre. « Si les Russes menacent dangereusement Pokrovsk, cela pourrait peser sur les négociations mais on en est très loin », poursuit Michel Goya.
Des efforts qui coûtent cher
L’armée russe épuise ses hommes et son artillerie autour de cette ville depuis la prise d’Avdiivka en février 2024. Les Russes sont donc « à l’offensive avec un certain nombre de conquêtes territoriales et surtout cette volonté de briser la ligne de fortification », ajoute Emmanuel Dupuy, président de l’Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE) et enseignant en géopolitique à l’Ecole des hautes études internationales et politiques (HEIP). Mais ils patinent.
Au rythme où ils avancent, il leur faudrait 231 années pour conquérir tout le territoire ukrainien, selon les calculs de Forbes. D’autant qu’ils perdent au passage beaucoup de soldats. Au mois d’avril 2025, ils ont avancé sur 176 km2 en perdant 36.600 soldats, soit plus de 204 soldats par km2.
Une défense ukrainienne qui tient
Le regroupement de troupes russes dans la région de Zaporijia, dans le sud de l’Ukraine, comme l’a signalé Volodymyr Zelensky, est le signe qu’une offensive militaire se prépare. Cela « confirme que la Russie veut conquérir un maximum de territoires dans les oblasts de Kherson et Zaporijia », analyse Emmanuel Dupuy. En face, « les Ukrainiens sont en position défensive, une position qu’ils peuvent tenir et qui leur permet de limiter la casse », précise-t-il.
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Et s’il ne va pas renverser le rapport de force, un nouveau missile d’une portée de 3.000 km peut renforcer le potentiel de l’armée ukrainienne. Le Flamingo, le missile « le plus performant » de l’Ukraine, « a été soumis à des essais concluants », a annoncé Volodymyr Zelensky jeudi. « S’ils en fabriquent en masse et qu’il a une forte survivabilité ça peut faire très mal aux Russes mais ça ne sera pas pour tout de suite », prévient Michel Goya.
Du point de vue du terrain, la guerre est loin d’être terminée malgré les annonces en fanfare de Donald Trump. « Les Russes ne veulent pas arrêter la guerre, les Ukrainiens ne peuvent pas arrêter de se défendre », résume l’ancien colonel.

