France

Mort en direct de Jean Pormanove : Qui se cache derrière la plateforme australienne de streaming Kick ?

Après le choc, les questions. Trois jours après la mort en direct de Raphaël Graven, alias Jean Pormanove, à Contes, au nord de Nice, la plateforme australienne Kick est sous le feu des critiques.

Jeudi, elle s’est engagée à revoir l’ensemble des règles de modération et de supervision de ses contenus, a annoncé le gendarme français du numérique. C’est sur ce site Internet que la chaîne Jeanpormanove diffusait les brimades subies en direct par le streamer français, de la part de deux partenaires connus sous les pseudos de NarutoVie et Safine.

Casino en ligne

Logo noir et vert fluo, Kick a été lancé en 2022 par Ed Craven et Bijan Tehrani, deux grandes fortunes et créateurs du casino en ligne Stake. Interdit dans plusieurs pays comme la France, le casino a néanmoins une place reconnue dans l’univers du sponsoring sportif. En janvier 2023, l’écurie Alfa Romeo en Formule 1 fait de Stake son sponsor titre. En 2024 puis 2025, c’est l’écurie suisse Sauber qui prend le nom de « Stake F1 Team ». Le casino en ligne a aussi un partenariat avec le rappeur Drake, depuis mars 2022.

Les liens entre jeux d’argent et la plateforme de streaming sont d’ailleurs avérés. Selon BFMTV, Kick permet de streamer des casinos en ligne, ce qui est interdit en France et possible uniquement avec VPN.

Rémunération intéressante

L’idée de Kick : concurrencer le géant du marché, Twitch, en proposant une plateforme plus « libre », voire laxiste sur la modération des contenus, et une rémunération plus intéressante pour les streamers. La plateforme prélève 5 %, laissant 95 % pour le streamer.

« Nous encourageons les créateurs à s’exprimer librement afin qu’ils puissent diffuser du contenu divertissant et engageant », peut-on lire dans la présentation des règles de conduite de la communauté, détaillée sur la plateforme. Kick revendiquait une audience de 817.000 personnes au mois d’août, selon Le Monde.

La promesse a séduit de nombreux streamers, notamment ceux exclus de Twitch. A l’instar d’Adin Ross, streamer pro-Trump, habitué des polémiques et de la diffusion d’idées masculinistes ou encore de la streameuse Amouranth, sanctionnée pour des contenus jugés trop sexuels. En France, Marvel Fitness, condamné pour harcèlement, et Ophenya, accusée de dérives sectaires, deux personnalités controversées ont aussi leurs habitudes sur la plateforme, rapporte Le Point.

Ce n’est pas la première fois que Kick alimente la polémique. En octobre dernier, deux influenceurs avaient été bannis : le premier après avoir crashé sa voiture en live, le second après avoir piégé une femme SDF.

Enquête ouverte et ministre fâchée

Une enquête a été ouverte lundi pour « recherche des causes de la mort » et confiée à la police judiciaire de Nice.

Retrouvez tous nos articles sur les streamers

Mercredi matin, Kick avait déjà annoncé avoir banni « tous les co-streamers ayant participé à cette diffusion en direct » dans l’attente de l’enquête en cours.

Le gouvernement français est en tout cas très remonté. « On a eu un échange extrêmement tendu avec Kick », assure ce vendredi Clara Chappaz, ministre déléguée chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique, au micro de France Info. « On est face à des gens à l’autre bout du monde, en t-shirt, avachis, qui ne prennent absolument pas la mesure de ce qui est en train de se passer et qui n’ont aucune réponse », déplore la ministre.