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Mort de Jean Pormanove : Sévices, appels à l’aide… Que s’est-il passé pendant les jours de direct ayant précédé le décès

Douze jours de live ininterrompus… Avant son décès lundi, le streamer français Jean Pormanove, de son vrai nom Raphaël Graven, a passé près de 300 heures d’affilée en direct sur la plateforme Kick. Ces vidéos, désormais effacées, montrent une lente descente aux enfers faite d’humiliations, de privations et de violences, selon une enquête de Mediapart.

Collier électrique, claques et humiliations

D’après les images analysées par le journal d’investigation en ligne, Jean Pormanove était régulièrement frappé par ses camarades de streaming, Owen Cenazandotti, alias Narutovie, et Safine Hamadi, alias Safine. On le voit recevoir des coups, être étranglé, contraint à avaler de l’alcool ou à subir des défis humiliants. Déjà en janvier 2025, les deux influenceurs avaient été placés en garde à vue pour « violences sur personnes vulnérables », après une première enquête révélée par Mediapart et confirmée par la police judiciaire de Nice.

Au cours du live, Jean Pormanove subit une myriade de violences. Ses deux co-streameurs le forcent ainsi à laver les toilettes sales, rationnent ses cigarettes alors qu’il y était addict ou lui donnent carrément une cigarette piégée, qui lui explosera au visage. Plusieurs fois, il menace de quitter le live, mais ses camarades le poussent à continuer, encouragés par des spectateurs prompts à réclamer toujours plus de « défis ». Le deuxième soir, Jean Pormanove est affublé d’un collier électrique pour chien et choqué à plusieurs reprises.

Que quelqu’un « appelle l’hôpital »

L’homme apparaît de plus en plus affaibli et désorienté. À plusieurs reprises, il évoque son état de santé, rapporte Mediapart. « J’ai mal, je vais aller à l’hôpital », lance-t-il après près de deux jours de direct. Un cri de détresse auquel son co-streameur Safine répond par : « Nique ta mère, assieds-toi et ferme ta gueule ! » En direct, il confie : « Ils me frappent tous les jours », avant que ses propos ne soient tournés en dérision par Safine et Narutovie. Après 70 heures de live, il demande que les pompiers soient appelés, se plaignant de douleurs au cou. En vain. Dimanche, avant la nuit fatidique, Jean Pormanove a de nouveau demandé que quelqu’un « appelle l’hôpital », après avoir reçu une violente claque. Malheureusement, il est de nouveau frappé peu de temps après sa complainte. C’est cette nuit-là, devant la caméra, qu’il mourra.

Safine et Narutovie, qui totalisaient plus de 190.000 abonnés sur Kick, sont accusés d’avoir exploité sa vulnérabilité pour gonfler l’audience et les dons. Déjà présenté comme un « souffre-douleur » dans plusieurs vidéos antérieures, il subissait privations de sommeil et violences physiques depuis des années. Les proches de Jean Pormanove assurent qu’il avait parlé de mettre fin à ces humiliations, sans jamais parvenir à couper avec ce cercle toxique. « Il vivait sa meilleure vie, croyait-il, mais c’était un engrenage », confiait récemment un ami à l’AFP.

Un drame sous les yeux du public

Le 18 août, le live s’interrompt brutalement. Les images montrent Jean Pormanove allongé sur un matelas, inerte, tandis que ses camarades peinent à obtenir une réaction. Des gendarmes et pompiers dépêchés sur place ne peuvent que constater son décès, à l’âge de 46 ans. Le parquet de Nice a ouvert une enquête et une autopsie est en cours, sans élément suspect à ce stade.

Depuis, une pétition en ligne rassemblant plus de 30.000 signatures exige des sanctions contre les streamers impliqués et une régulation accrue des plateformes comme Kick. « Signer, c’est affirmer que le harcèlement en ligne n’est pas du divertissement », rappelle le texte.