Crise à l’OM : Coup du poing, chaos et malaise de Bakola, que s’est-il (vraiment) passé dans le vestiaire marseillais ?

Le scénario prend forme peu à peu. Après la sortie du bois des dirigeants marseillais, qui se sont exprimés tour à tour lors d’une journée de mercredi à nouveau très agitée, on commence à mieux saisir l’ampleur de ce qu’il s’est passé dans ce vestiaire rennais devenu légende depuis vendredi. Que ce soit Pablo Longoria (absent au moment où la bagarre a éclaté) ou Mehdi Benatia, le duo relate des scènes d’une « violence inouïe » après qu’Adrien Rabiot a tenté de calmer le jeu entre Gerónimo Rulli, très énervé contre Jonathan Rowe.
Mais en tentant de séparer les deux hommes, l’international français aurait fini par participer à l’altercation et, désormais, tout le monde s’accorde à dire que c’est bien lui qui a asséné le premier coup de poing au visage du jeune anglais. Et c’est finalement le directeur sportif de l’OM qui en a dit le plus, lui qui assurait en début d’interview ne pas vouloir « tout dévoiler ce qui se passe dans le vestiaire ».
« Là, normalement, tu as toujours deux ou trois mecs qui viennent et qui séparent, c’est ce que certains ont essayé de faire. Après le coach arrive, normalement tu reprends le calme. […] Là non, on est partis sur un affrontement physique, coup de poing… On a un petit (Darryl Bakola) qui, en plus, malheureusement à ce moment-là fait une sorte de malaise vagal, qui tombe par terre. Tout ça dans un vestiaire, c’est une scène de chaos, j’ai jamais vu ça, détaille Benatia. Ça arrive de monter dans les tours, mais tu ne peux pas arriver à une agression physique, un coup de poing dans la bouche, et la sécurité qui vient pour te séparer… Mais on est où ? On est là pour faire du football. »
« On est chez les fous »
« Quand les deux personnes qui incarnent le plus l’autorité dans un vestiaire, ton directeur du football et ton coach, te demandent d’arrêter et que rien ne se passe, c’est un signe surprenant. Quand un équipier est allongé par terre, il faut s’arrêter. Même dans la pire des bagarres il y a des règles. Là, il n’y en avait pas », a surenchéri Pablo Longoria à l’AFP. « Je n’ai jamais vu, moi, quelqu’un qui vient, paf, coup de poing…, se désole encore Benatia avant de s’adresser directement à Florent Germain, notre confrère de RMC. Si tu veux que je te dise que c’est normal, non, ce n’est pas normal. Maintenant si pour vous c’est normal, peut-être que je me suis trompé d’endroit et qu’en fait on est chez les fous ».
Mis au courant du déroulé de ce Fight Club à la sauce marseillaise, le journaliste Romain Molina évoque quant à lui « une bagarre de rue » qui aurait duré près de dix minutes, en deux temps. Après un premier round, alors que le calme semble (plus ou moins) revenu et que Jonathan Rowe se dirige vers le car de l’équipe, l’Anglais aurait fait demi-tour pour retrouver Rabiot, désormais seul dans le vestiaire rennais, pour lui rendre la monnaie de sa pièce.
De là, une seconde bagarre aurait éclaté, obligeant les services de sécurité à intervenir. Selon les dires de certains journalistes de L’Equipe, Adrien Rabiot ne conteste pas le déroulé des faits, il s’étonne en revanche de la réaction du club qui a décidé après un week-end de réflexion de le placer sur la liste des transferts. Pour Pablo Longoria, le fait qu’aucun des deux joueurs incriminés n’ait tenté de le contacter pour s’excuser et/ou demander un rendez-vous avec la direction pour s’expliquer a changé la donne dans l’esprit des dirigeants.
Une décision qui met l’OM dans la sauce
Toujours est-il que le trio Longoria-Benatia-DeZerbi a fini par opter par la plus extrêmes des décisions, à savoir demander à son leader de vestiaire, principal artisan de la qualif en C1 la saison dernière, de prendre la porte. Une décision à la hauteur de la gravité des faits selon Mehdi Benatia.
« Là, la faute est beaucoup trop grave. Elle est beaucoup trop grave pour un club de foot. Moi, je voyais la tête des joueurs, ils étaient choqués. J’ai des agents qui m’ont rappelé depuis trois jours. Les joueurs, ils disent ‘on n’a jamais vu ça’, confie-t-il. Donc, à un moment donné, je pense que, quand tu veux être une institution forte et quand tu veux être un club fort, il faut savoir prendre des décisions qui vont peut-être t’affaiblir sportivement, certes, mais te renforcer en tant que groupe, en tant qu’équipe et en tant qu’institution. »
On ne sait pas si l’institution en sortira grandie mais ce qui est sûr c’est que l’OM sans Rabiot, ce n’est clairement plus la même mayonnaise pour aborder une saison avec un match tous les trois jours. Partant de là, compliqué d’acheter la théorie (en vogue ces dernières heures) selon laquelle les dirigeants olympiens auraient pris cette baston comme prétexte pour vendre un joueur qui serait possiblement parti libre l’été prochain. Quoi qu’il en soit, les voilà désormais en mission pour retrouver un remplaçant de niveau à peu près équivalent à celui de Rabiot, ce qui n’est pas loin d’être mission impossible.

