Crise entre Netanyahou et Macron : Le Crif dénonce de « vaines polémiques »

Au lendemain de la passe d’armes entre l’Elysée et Netanyahou, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a dénoncé mercredi de « vaines polémiques ».
« La relation entre la France et Israël, fondée sur des valeurs démocratiques partagées et des combats communs notamment contre le terrorisme, mérite mieux que de vaines polémiques », a réagi le président du Crif Yonathan Arfi sur X. « Le combat contre l’antisémitisme doit rassembler et non diviser », a poursuivi le patron du Crif qui fédère plus de soixante-dix associations juives françaises.
« La République protège et protégera toujours »
Dans un courrier officiel adressé au président français, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a accusé ce dernier « d’alimenter le feu antisémite » en France en appelant à la reconnaissance internationale de l’Etat de Palestine.
« Je suis préoccupé par la montée alarmante de l’antisémitisme en France et par le manque d’actions décisives de votre gouvernement pour y faire face. Ces dernières années, l’antisémitisme a ravagé les villes françaises », écrit M. Netanyahou.
Il affirme que l’antisémitisme a encore augmenté depuis que M. Macron a annoncé fin juillet que la France allait reconnaître l’Etat de Palestine à l’Assemblée générale de l’ONU en septembre.
Cette analyse « est erronée, abjecte et ne demeurera pas sans réponse », a répondu la présidence française. « La période exige gravité et responsabilité, pas amalgames et manipulations », a-t-elle ajouté, indiquant que « la République protège et protégera toujours ses compatriotes de confession juive ».
504 actes antisémites recensés entre janvier et mai
Selon les derniers chiffres fournis par le ministère de l’Intérieur, entre janvier et mai 2025, un total de 504 actes antisémites ont été recensés (dont 323 atteintes aux personnes). C’est une baisse de 24 % sur un an, mais un doublement (+ 134 %) par rapport à la même période de 2013.
« Je ne dis pas que la République ne fait pas, la République fait énormément mais il y a tellement d’actes d’antisémitisme qu’aujourd’hui il semble que ça déborde », a souligné mercredi sur France Info l’ambassadeur d’Israël en France Joshua Zarka, précisant qu’une lettre a aussi été envoyée au Premier ministre d’Australie.
Les institutions juives ont établi un « dialogue régulier avec les pouvoirs publics concernant la lutte contre l’antisémitisme depuis une vingtaine d’années », a souligné le Crif dans son communiqué.
« Instrumentaliser l’antisémitisme comme une arme diplomatique est honteux »
Son président rappelle cependant « sa désapprobation du projet de reconnaissance d’un Etat palestinien par la France et son inquiétude de la manière dont cette annonce galvanise les agitateurs de LFI et les prêcheurs de haine antisémite qui les entourent ».
Retrouvez notre dossier sur le Conflit israélo-palestinien
A gauche, c’est « l’instrumentalisation » de l’antisémitisme par le leader israélien qui est dénoncée. « Netanyahou est un leader d’extrême droite qui instrumentalise la notion d’antisémitisme, alors même que l’antisémitisme est bien réel dans notre pays », a commenté Chloé Ridel, porte-parole du PS sur France Info.
« Instrumentaliser l’antisémitisme comme une arme diplomatique est honteux », a déclaré la présidente du groupe insoumis à l’Assemblée nationale Mathilde Panot, dont le parti est lui-même régulièrement accusé d’ambiguïtés sur cette question.

