États-Unis : un chercheur français refoulé, Washington évoque une « violation d’accord de confidentialité »

La nouvelle avait choqué en milieu de semaine : un chercheur français se rendant à une conférence au Texas avait été refoulé à son entrée aux Etats-Unis sur la base d’opinions contre Donald Trump qu’il aurait exprimées dans le cadre privé.
Vendredi, retournement de situation. Les autorités américaines ont fermement démenti avoir interdit l’entrée sur leur territoire à un chercheur français en raison de ses opinions politiques, assurant que le refoulement était lié à la détention non autorisée d’informations confidentielles.
« Une violation d’un accord de confidentialité »
Le chercheur, envoyé par le CNRS pour participer à une conférence sur l’espace au Texas, avait été renvoyé en Europe le 10 mars après avoir été arrêté et interrogé à son arrivée aux États-Unis. Selon le ministre français de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, cette mesure aurait été motivée par des messages privés trouvés sur son téléphone, critiquant la politique de l’administration Trump.
Une version catégoriquement rejetée par le département américain de la Sécurité intérieure. Alexis Buisson, un correspondant de presse français basé à New York, explique avoir reçu un message de la part du porte-parole du DHS (Department of Homeland Security – l’équivalent américain du ministère de l’Intérieur) : « Le chercheur était en possession d’infos confidentielles provenant du Laboratoire national de Los Alamos, en violation d’un accord de confidentialité. »
« La science se construit avec des opinions qui se frottent »
Le Laboratoire national de Los Alamos (Nouveau-Mexique) a été fondé par le père de la bombe atomique Robert Oppenheimer et est connu pour ses recherches dans le domaine des armes nucléaire. « Le chercheur a admis les avoir récupérées sans autorisation et a tenté de les dissimuler. Toute affirmation selon laquelle son renvoi était motivé par des convictions politiques est fausse », explique le message reçu par le journaliste.
Consulter notre dossier sur les Etats-Unis
Côté français, l’Académie des sciences a appelé les institutions scientifiques internationales à « dénoncer une dérive autoritaire néfaste pour la science ». Interrogé vendredi matin au micro de Sud Radio, le ministre français de la Recherche s’est dit « extrêmement préoccupé » par cette affaire, qu’il qualifie d’« extraordinairement atypique ». Il a rappelé que « les décisions prises portent sur des discussions d’ordre privé » et a tenu à souligner son « attachement aux libertés académiques et à la liberté d’expression », tout en reconnaissant que « chaque pays est libre de contrôler qui passe sa frontière ». Et de conclure : « La science se construit avec des opinions qui se frottent. » Pas de réaction à ces nouvelles accusations.