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Turquie : Arrestation du maire d’Istanbul, principal opposant à Erdogan

Le maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu, principal opposant au président turc Recep Tayyip Erdogan, a été interpellé mercredi matin ainsi que plusieurs dizaines de ses collaborateurs, d’élus et membres de son parti, accusés de « corruption », selon le procureur de la ville.

L’agence étatique Anadolu évoque également des accusations de « terrorisme » et « d’aide au PKK », le Parti des Travailleurs du Kurdistan (interdit), à l’encontre de sept suspects dont Ekrem Imamoglu. Selon un de ses proches collaborateurs, le maire, pressenti par son parti pour être son candidat à la prochaine élection présidentielle, a été emmené dans les locaux de la police.

Rassemblements et manifestations interdits

Dans une vidéo postée sur X, l’édile de 53 ans, en train de s’habiller et de nouer sa cravate, dénonce la fouille de son domicile : « Des centaines de policiers sont arrivés à ma porte. La police fait irruption chez moi et frappe à ma porte. Je m’en remets à ma nation », indique-t-il.

Selon le communiqué du bureau du procureur d’Istanbul, Ekrem Imamoglu est accusé de corruption et d’extorsion, le désignant comme le chef d’une « organisation criminelle à but lucratif ». Tous les rassemblements et manifestations ont été interdits jusqu’à dimanche par le gouverneur d’Istanbul et, selon la chaine de télévision privée NTV, la station de métro de l’emblématique place Taksim au centre d’Istanbul, est fermée.

Seul candidat en lice

Avant son interpellation, Ekrem Imamoglu avait prévu de rassembler mercredi ses partisans sur la rive asiatique d’Istanbul. En outre, l’accès aux réseaux sociaux est ralenti. Le président du parti CHP (Parti républicain du peuple, social-démocrate) de Ekrem mamgoglu, Özgur Özel, a dénoncé « un coup de force pour entraver la volonté du peuple » et « contre le prochain président » de la Turquie.

Ekrem Imamoglu est seul en lice pour représenter son parti à la prochaine présidentielle prévue en 2028 et devait être officiellement désigné dimanche au cours d’une primaire au sein du CHP. L’université d’Istanbul avait annulé mardi son diplôme, ajoutant un obstacle supplémentaire à son éventuelle candidature.

« Les droits de chacun dans ce pays sont menacés »

L’édile avait dénoncé une décision « illégale » et annoncé son intention de la contester en justice, estimant que le conseil d’administration de l’université stambouliote n’était pas habilité à agir ainsi. En vertu de la Constitution, un diplôme de l’enseignement supérieur est exigé pour toute candidature aux fonctions de chef de l’Etat.

« Les droits acquis de chacun dans ce pays sont menacés », avait-il accusé. Figure du CHP, principal parti d’opposition parlementaire, Ekrem Imamoglu est visé par cinq autres procédures judiciaires, dont deux ont été ouvertes en janvier.

En 2023, Ekrem Imamoglu avait déjà été empêché de facto de se présenter à la présidence, en raison d’une condamnation en suspens pour « insulte » à des responsables du comité électoral turc.

Opposant véhément au président Erdogan, Ekrem Imamoglu a dénoncé fin janvier le « harcèlement » de la justice à son encontre. Il sortait alors d’un tribunal d’Istanbul où il était entendu dans le cadre d’une enquête ouverte après des critiques contre le procureur général de cette ville.