France

Municipales 2026 à Bordeaux : Après la disparition brutale de Nicolas Florian, la droite face à l’enjeu de l’union

C’est avant tout un drame qui a bouleversé l’ensemble de la classe politique bordelaise, et au-delà une grande partie de la ville. La disparition brutale, le 26 janvier dernier, de Nicolas Florian, à l’âge de 55 ans, reste un choc dont beaucoup peinent encore à se remettre.

Mais on commence aussi à en mesurer les conséquences politiques. Principale figure de l’opposition à la mairie écologiste, celui qui fut maire de Bordeaux de 2019 à 2020, succédant à Alain Juppé, appelait à une alliance entre LR et Renaissance dès le premier tour en vue des municipales de 2026, contrairement à 2020. C’était selon lui la seule façon de reconquérir ce bastion de la droite, perdu à la surprise générale lors des dernières élections, face à la liste écologiste menée par Pierre Hurmic. Mais l’union semble aujourd’hui se fissurer, face aux appétits personnels de plusieurs figures locales. 20 Minutes fait le point sur la situation, à un an des élections.

Une multitude de candidatures à droite et au centre

Avec l’engagement dimanche de la ministre déléguée en charge du Tourisme Nathalie Delattre à « prendre [s]es responsabilités » dans la course aux municipales à Bordeaux, ils sont désormais quatre à vouloir incarner l’union de la droite et du centre. « Nous avions un atout majeur pour la reconquête de la ville, Nicolas Florian. […] Je prends la suite pour continuer de rassembler les forces vives, militantes, politiques, associatives : tous les citoyens qui ne se retrouvent pas dans la gestion actuelle », a déclaré la ministre et sénatrice Nathalie Delattre dans un entretien à Sud Ouest. « Aujourd’hui, nous n’avons plus Nicolas, donc je prends mes responsabilités », a souligné cette ex-adjointe d’Alain Juppé.

Deux autres anciens adjoints d’Alain Juppé, Pierre de Gaétan Njikam et Alexandra Siarri, ont également fait savoir ces derniers jours qu’ils étaient prêts à se lancer dans la course aux municipales.

Avant eux, le député macroniste Thomas Cazenave, qui avait scellé un accord d’union avec Nicolas Florian en vue des municipales, avait déclaré à la mi-février être « prêt » et s’engager « pleinement » dans la campagne. Des propos qui avaient « choqué » la droite locale. Les Républicains avaient dénoncé une « déclaration de candidature prématurée » ne respectant pas « le temps minimum de deuil ». L’équipe de l’ancien ministre chargé des Comptes publics avait ensuite assuré à 20 Minutes que cet « appel au rassemblement » n’était « pas une candidature ».

Reste également le cas du Modem Fabien Robert. S’il ne s’est pas déclaré, et continue de prôner l’union, il a parallèlement créé une association, Nous aimons Bordeaux, en vue des municipales. Enfin, Selon Sud Ouest, l’économiste Philippe Dessertine travaille également à un programme pour Bordeaux, et pourrait lui aussi annoncer sa candidature prochainement.

Pierre Hurmic y retournera-t-il ?

Interrogé sur ses intentions lors de ses vœux à la presse le 17 janvier dernier, le maire écologiste avait botté en touche : « Nous sommes en 2025, pas encore en 2026, je n’ai pas encore indiqué quelles étaient mes perspectives, mais vous serez informé le plus tôt possible de mes intentions. » On voit mal cependant pourquoi le presque septuagénaire (il aura 70 ans le 10 avril) déciderait de ne pas y retourner, d’autant plus si la division se confirme dans les rangs adverses. Le 17 janvier, il a d’ailleurs multiplié les formules pour dresser ce que l’on pouvait déjà apparenter à un bilan : « Nous avons fait prendre un virage à Bordeaux, celui de la bifurcation écologique. » « Bordeaux respire mieux, au propre comme au figuré. » « Nous creusons notre sillon, celui d’une écologie inventive, pragmatique et humaniste, que j’aime à qualifier d’écologie à la bordelaise »…

Quid des autres candidat(e)s ?

Dans un communiqué, le groupe Bordeaux en Luttes, emmené par Philippe Poutou en 2020, annonçait le 30 septembre dernier que, « pour la seconde fois », il se lance « dans la campagne des élections municipales », sans désigner encore de tête de liste. Côté RN, le choix n’a pas encore été fait non plus, mais « le RN est bien décidé cette fois-ci à ne pas faire que de la figuration, estime Jean Petaux, politologue à Bordeaux. Je ne sais pas qui va être présenté mais une candidature crédible et solide serait celle de [l’eurodéputée] Julie Rechagneux ».

La sécurité attendue au tournant

Si le maire de Bordeaux insiste sur ses réalisations en matière de transition écologique, de créations de voies douces ou encore de végétalisation, c’est bien sur le thème de la sécurité que ses opposants le matraquent. Et ils comptent bien en faire le sujet de la campagne des municipales, avec peut-être celui du métro. « Depuis trois ans, l’insécurité progresse à Bordeaux et Pierre Hurmic procrastine, dénonçait en avril 2024 Thomas Cazenave. Notre ville a plus que jamais besoin d’une vraie ambition en matière de sécurité. » Pourtant, Pierre Hurmic assure que l’insécurité n’a pas grimpé depuis qu’il a pris les commandes de la ville. « J’entends dire que la situation serait épouvantable à Bordeaux mais c’est plutôt une ville moins touchée que d’autre part rapport à une délinquance en recrudescence au niveau national », dit-il.

Notre dossier sur les élections municipales 2026

Pierre Hurmic a dû pourtant se résigner, fin 2024, à armer sa police municipale, via la création d’ici la mi-2025 d’une nouvelle brigade, la brigade d’appui et de sécurisation. Une décision qui va à l’encontre de ses convictions profondes, et aussi de celles de plusieurs de ses adjoints, mais qu’il a fini par prendre face aux attaques frontales de son opposition, et après une grève de ses policiers municipaux, fin juin.

Un revirement qui précédait celui sur l’éclairage nocturne : après avoir supprimé en 2023 la lumière entre 1 heure et 5 heures du matin sur 57 % du territoire bordelais, il décidait finalement, début 2025, de rallumer toute la ville jusqu’à 2h30. « Tout cela dessine une approche singulière de la politique, avec une capacité à entendre la critique, et à en tenir compte, sans s’enfermer dans des postures idéologiques », tente de se défendre, désormais, Pierre Hurmic.