Retraites : Bayrou inflexible, menace de la CGT, 62 ans… Le conclave au bord de l’implosion

Les discussions sur les retraites sont en train de tourner au vinaigre. Le bras de fer sur les 62 ans risque en effet de faire imploser le « conclave » voulu par le Premier ministre.
François Bayrou a maintenu mardi qu’il ne jugeait « pas possible » tout retour à cet âge de départ en retraite. Il a ainsi pris le risque de torpiller le « conclave » des partenaires sociaux, sérieusement affaibli par le départ de l’U2P, une organisation patronale, et celui désormais possible de la CGT.
Force ouvrière dénonce une « mascarade »
Après une première déclaration dimanche qui avait mis le feu aux poudres, le Premier ministre a été appelé à clarifier sa position devant l’Assemblée nationale. Abroger la mesure phare de la réforme de 2023, qui a décalé l’âge légal de départ à 64 ans, « je dis comme citoyen, comme observateur, que ce n’est pas possible », a-t-il réaffirmé avant de recevoir en soirée la CFDT.
Les concertations sur les retraites, engagées fin février entre partenaires sociaux et prévues pour trois mois, ont donc plus que jamais du plomb dans l’aile. Après le départ de Force ouvrière le 27 février, qui avait dénoncé une « mascarade », la CGT a décidé mardi de proposer à ses instances de « quitter les concertations ».
Dans une lettre interne, la Commission exécutive confédérale « considère que la nature des concertations retraites a changé » depuis les déclarations du Premier ministre et propose à ses instances composant son « parlement » de « (s)’en retirer et de construire de façon offensive la mobilisation ». Décision attendue ce mercredi en soirée.
La CFDT reste autour de la table
La prochaine réunion de concertation entre partenaires sociaux est par contre maintenue jeudi à 14 heures. CFDT, CFTC et CFE-CGC seront à la table des négociations.
« La CFDT n’abandonnera pas les discussions car la réforme s’appliquerait complètement, sans aucun changement. Or, on veut des réponses sur la pénibilité et sur la question des femmes », a indiqué le numéro deux du syndicat, Yvan Ricordeau, après la rencontre à Matignon. Pointant un « constat de désaccord sur l’âge » qui pour la CFDT « reste dans les discussions », il a noté que « les règles du jeu ont changé depuis l’intervention du Premier ministre qui a interféré ». La CFDT attend de la prochaine réunion qu’elle « reformate la feuille de route ».
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Côté patronal, l’U2P (artisans, commerçants et professions libérales) a aussi décidé de claquer la porte mardi voyant dans ces négociations un « jeu de dupes ». « Ce conclave n'(est) pas équilibré », les syndicats et l’opposition politique « ne négocier(ont) rien sans un retour de l’âge de départ en retraite à 62 ans », qui financièrement « est impossible », a expliqué Michel Picon, son président. Selon son syndicat, « on est dans un piège », car tout éventuel accord entre syndicats et patronat doit être soumis au Parlement. Et l’U2P a aujourd’hui « acquis la certitude que les équilibres politiques » y aboutiront à un retour aux 62 ans.