Etats-Unis : Le prince Harry a-t-il bénéficié d’un passe-droit pour immigrer aux États-Unis ?

Le dossier d’immigration aux Etats-Unis du prince Harry devrait être rendus publics d’ici la fin de la journée de mardi, après qu’un juge fédéral américain a ordonné au Department of Homeland Security (DHS) de les divulguer. Cette décision fait suite à une plainte déposée par la Heritage Foundation, un think tank conservateur, qui demandait l’accès à ces dossiers dans le cadre du Freedom of Information Act (FOIA).
Le Guardian rapporte que la Heritage Foundation s’interroge sur la manière dont le prince Harry a obtenu son visa américain en 2020, notamment en raison des révélations sur sa consommation passée de drogues dans son livre autobiographique. Aux États-Unis, l’usage antérieur de substances illicites peut constituer un motif de refus de visa.
En cause, sa consommation de drogue
Le think tank inquisiteur avance plusieurs hypothèses. En premier lieu, Harry aurait pu bénéficier d’un visa diplomatique, mais cela semble peu probable en raison de son statut au sein de la famille royale. Il aurait aussi pu déclarer son utilisation de drogues et demander une dérogation, mais il semblerait que ce processus prend habituellement plusieurs années. Enfin, il aurait pu entrer aux États-Unis sans cette dérogation, ce qui, selon la Heritage Foundation, constituerait une violation des lois sur l’immigration.
Le formulaire I-485, qui fait partie des documents pouvant être rendus publics, inclut une question délicate : « Avez-vous déjà violé […] une loi ou un règlement sur les substances contrôlées d’un État, des États-Unis ou d’un pays étranger ? » L’avocat en immigration Charles Kuck souligne la complexité de cette question, souvent au cœur de décisions du Board of Immigration Appeals. « Personne de sensé ne répondrait ‘oui’ à cette question, car quel crime est concerné ? Quels en sont les éléments ? Comment déterminer si l’on a violé cette loi ? », explique-t-il à CNN.
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Démontrer le manque de rigueur dans l’attribution des visas
Des experts dénoncent la décision du juge fédéral Carl Nichols, qui ordonne la publication de documents normalement protégés par le Privacy Act de 1974. « Je suis stupéfait qu’un tribunal fédéral autorise une entité privée à obtenir des dossiers d’immigration », réagit l’avocat Charles Kuck, qui craint un précédent dangereux.
Le Department of Homeland Security (DHS) avait initialement refusé la demande, arguant que le prince Harry n’avait pas donné son consentement, mais la justice a donné raison aux plaignants. Au-delà du cas personnel du prince Harry, cette affaire s’inscrit dans un contexte politique plus large. La Heritage Foundation cherche à démontrer un manque de rigueur du DHS dans l’application des lois sur l’immigration, alors que les républicains dénoncent une politique trop laxiste.
« Il a déjà assez de problèmes avec sa femme, elle est terrible »
Cependant, aucune menace d’expulsion ne semble peser sur le prince Harry. L’ancien président Donald Trump a récemment déclaré au New York Post : « Je ne veux pas l’expulser. Je vais le laisser tranquille. Il a déjà assez de problèmes avec sa femme. Elle est terrible. »
Si cette affaire a peu de chances d’aboutir à une expulsion, elle reste une arme politique utilisée par les conservateurs américains pour attaquer la gestion de l’immigration sous l’administration actuelle.