Maroc

Ahmed El Bouari : on s’achemine vers la généralisation de l’Interdiction de l’abattage des brebis

Le secteur de l’élevage au Maroc traverse une période marquée par des contraintes majeures, dictées par les défis climatiques et économiques. Face à la raréfaction des ressources et aux tensions sur le marché du bétail, le gouvernement a décidé de prendre des mesures strictes pour préserver le cheptel national et assurer la pérennité de l’élevage. Parmi ces mesures, l’interdiction de l’abattage des brebis dans les abattoirs agréés et l’élaboration prochaine d’un projet de loi visant à structurer le secteur. Ces décisions s’inscrivent dans une volonté de réforme globale pour garantir la sécurité alimentaire et soutenir les éleveurs.

Un tournant pour la préservation du cheptel

Dans une interview accordée au quotidien «Assabah», le ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Ahmed El Bouari, a confirmé l’entrée en vigueur de l’interdiction d’abattre les brebis dans les abattoirs agréés. Cette mesure, appliquée depuis la semaine dernière, vise à préserver le cheptel national et à soutenir les éleveurs confrontés à d’énormes difficultés climatiques et économiques. Le ministre a également précisé que des concertations étaient en cours avec les autorités concernées pour étendre cette interdiction aux autres lieux d’abattage non agréés, garantissant ainsi une application généralisée de cette mesure.

Un projet de loi pour structurer l’élevage

Parallèlement à cette interdiction, Ahmed El Bouari a annoncé l’élaboration durant l’année en cours, d’un projet de loi dédié à l’élevage du bétail. Ce texte législatif vise à structurer le secteur et à doter l’État de mécanismes de régulation essentiels. Parmi les axes majeurs de cette réforme figurent l’encadrement des pratiques d’insémination artificielle, la préservation des femelles reproductrices, l’amélioration génétique, la traçabilité des animaux et la sauvegarde du cheptel. Ce projet s’inscrit selon le ministre dans une volonté de modernisation du secteur agricole, en réponse aux nombreux défis posés par la sécheresse et les fluctuations du marché.

Une conjoncture difficile qui bouleverse le secteur agricole

Le ministre a par ailleurs mis l’accent sur les difficultés auxquelles font face les éleveurs et agriculteurs, principalement en raison de sept années consécutives de sécheresse. Selon lui, cette situation a considérablement réduit les pâturages et le nombre de têtes de bétail disponibles. En réponse, une décision Royale salutaire a été prise exhortant les citoyens à ne pas sacrifier d’ovins lors de la prochaine fête de l’Aïd, afin de limiter la pression sur le cheptel, a indiqué M. El Bouari.

En parallèle, le ministre a rappelé que l’approvisionnement des marchés en produits agricoles restait une priorité pour son département, qui veillait à assurer un acheminement efficace vers les marchés de gros. Cependant, l’impact du stress hydrique est particulièrement marqué sur les cultures pluviales, comme les céréales et les légumineuses, tandis que les cultures irriguées souffrent d’une disponibilité en eau inférieure à 20% de leurs besoins.

L’approvisionnement du marché et la sécurité alimentaire en ligne de mire

Malgré ces difficultés, le ministère de l’Agriculture assure que l’approvisionnement des marchés en produits agricoles reste stable. Le ministre a souligné les efforts entrepris pour motiver les agriculteurs à produire à des coûts raisonnables. Toutefois, il a reconnu que les cultures pluviales, notamment les céréales et les légumineuses, subissaient un impact significatif. Les cultures irriguées, en particulier les légumes, les fourrages et les arbres fruitiers, sont également affectées par la baisse des réserves en eau. Face à cette situation, le Maroc importe environ 70 millions de quintaux de céréales chaque année, précise le ministre, ajoutant que pour couvrir l’ensemble des besoins nationaux en céréales, il faudrait mobiliser 8 milliards de mètres cubes d’eau et irriguer 1,5 million d’hectares supplémentaires, ce qui générerait environ 40.000 emplois.

Soutien aux jeunes et aux investissements agricoles

Sur un autre volet, un programme spécifique est également en cours pour encourager les jeunes ruraux à investir dans l’élevage et la production animale, rappelle M. Bouari. En effet, le ministère de l’Agriculture s’engage à renforcer la classe moyenne agricole à travers plusieurs mesures, notamment des incitations financières via le Fonds de développement agricole et l’extension de l’assurance agricole à 2,5 millions d’hectares. La protection sociale des agriculteurs et la valorisation d’un million d’hectares de terres collectives figurent également parmi les priorités du gouvernement, assure-t-il.