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Vatican : Le pape pourrait-il annoncer sa renonciation au prochain consistoire ?

Hospitalisé depuis plus d’un mois pour une double pneumonie, le pape François verrait sa santé légèrement s’améliorer, selon le Vatican. Son pronostic vital n’étant plus engagé, il suivrait une thérapie qui l’oblige cependant à rester sous la surveillance des médecins. Le souverain pontife de 88 ans, qui souffre de nombreux problèmes de santé, n’a pas été vu en public depuis un mois.

Après un enregistrement sonore diffusé le 6 mars, qui révèle la faiblesse de sa voix, une photo a été publiée ce dimanche par le Vatican. On y voit le souverain pontife, de dos, sur une chaise roulante, devant un autel où il aurait concélébré la messe à l’hôpital Gemelli de Rome. Son visage n’est pas visible. Dans un message publié ce même jour, le pape François se dit « affaibli » et « confronté à une épreuve ». C’est depuis ce même hôpital que le pape François a convoqué, le 25 février, un consistoire. Cette assemblée, qui réunit les cardinaux et le souverain pontife, statue sur des décisions importantes de l’Église, ou a pour but de conseiller le pape.

L’annonce surprise de Benoît XVI

Officiellement, le consistoire convoqué par le pape François vise à statuer sur deux canonisations. Mais elle rappelle la date du consistoire ordinaire du 11 février 2013, convoqué par le pape Benoît XVI, au cours duquel il avait annoncé, à la surprise générale, renoncer à sa charge. Cette renonciation au Saint-Siège était, comme le stipule le droit canon, un acte « librement » consenti. C’est-à-dire qu’il était maître de ses facultés mentales, et capable d’exprimer sa volonté. Le consistoire convoqué par le pape François pourrait-il être le lieu d’une annonce fracassante ? Pour quelles raisons le souverain pontife n’a-t-il pas annoncé de date pour cette assemblée ? 20 Minutes fait le point.

Consistoire ordinaire ou extraordinaire, public ou secret, ces réunions des cardinaux avec le pape ont été régulièrement programmées dans le pontificat de François. Mais le prochain pose question. Tout d’abord, l’objet de cette réunion est inhabituel. Quand il s’agit de canonisations, c’est le cardinal chargé de ce dossier, Mgr Marcello Semeraro, qui traite habituellement avec le pape de ces questions, comme le rappelle le média catholique Aleteia.

« Personne ne veut revivre la fin du pontificat de Jean-Paul II »

Deuxième élément qui interroge les vaticanistes : le pape n’a pas annoncé de date pour cette réunion. François prépare-t-il une annonce sur la poursuite de son ministère ? Voudrait-il évaluer sa santé fragile pour continuer, ou renoncer, au Saint-Siège ? « L’annonce de ce consistoire, c’est une manière de prendre date avec l’avenir, sans autre forme de précision, souligne Christophe Dickès, journaliste, historien et auteur*. Soit il s’agit d’un consistoire classique, durant lequel le pape François va annoncer de nouvelles canonisations. Soit il saisit cette opportunité pour annoncer sa renonciation. Le pape François est un homme très secret, et personne aujourd’hui ne sait ce qu’il fera », ajoute ce spécialiste du Vatican. « On peut aussi imaginer que le pape annonce sa renonciation devant la foule place Saint-Pierre, continue Christophe Dickès, tant il se sent peu redevable à l’égard de la curie [les administrations qui constituent le gouvernement pontifical]. »

Se pose aussi la question des capacités intellectuelles d’un homme de 88 ans qui est malade. Un pape ne peut renoncer à son ministère que s’il le fait « librement ». Que se passerait-il s’il était trop faible pour le faire ? « On comprend que personne ne veut revivre la fin du pontificat de Jean-Paul II, quand il était très diminué, et que le gouvernement de l’Église en a souffert, rappelle Christophe Dickès. Le pape Benoît XVI en avait conscience [quand il a pris sa décision de renoncer], tout en refusant, par pudeur, une mise en scène de sa souffrance physique. »

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Enfin, le pape François a révélé avoir écrit une lettre de démission au début de son pontificat, dans le cas où son état de santé l’empêcherait d’exercer sa charge. Mais qui prendrait la responsabilité de juger de l’incapacité du souverain pontife ? De l’éloigner de sa charge de chef de l’Église catholique, au 1,5 milliard de fidèles ? Un médecin, le « numéro deux » du Vatican, le cardinal Pietro Parolin ? Sans réponses du droit canon, sans annonces du pape, les conjectures sont relancées. Mais, au Vatican, le temps presse. Le gouvernement quotidien de l’Eglise, ses administrations, n’expédie aujourd’hui que les affaires courantes.