Pantalon une seule jambe, skant… Mais qui achète tous ces vêtements farfelus qu’on voit aux défilés de la Fashion Week ?

On a récemment découvert sur les défilés de marques haute couture le skant, cette pièce hybride entre jupe et pantalon. Et ça nous avait déjà intrigués. Après la dernière Fashion Week 2025, les grands noms de la mode ont popularisé son cousin, le pantalon avec une seule jambe. Alors si pour différentes raisons vous hésitiez entre mettre un short pour le déjeuner à la plage et un pantalon pour le rendez-vous pro de 14 heures, vous voilà servis avec cet entre-deux. Autrement, vous êtes de ceux qui se demandent : « Mais qui porte réellement ça ? ». Ça tombe bien car nous aussi. Bien décidé à avoir des réponses, 20 Minutes a contacté Célia Stern, styliste de célébrités, qui côtoie cet univers, qui peut parfois étonner les moldus de la mode.
Le pantalon une seule jambe, une pièce « avant-gardiste »
On n’avait rien dit sur la tendance des chaussons chaussures et des Crocs à personnaliser, mais là, le pantalon une jambe passe moins. Interrogée par 20 Minutes, la styliste Célia Stern explique que cette création est « un concept qui s’inscrit dans une tendance plus large de la mode expérimentale et déstructurée, qui repousse les limites du vêtement classique ». « On a vu ce type de pièce notamment sur des podiums ou chez certains créateurs avant-gardistes, qui jouent avec les codes du vêtement pour questionner notre rapport à l’habit et au corps », raconte la professionnelle. En clair, c’est plus « un statement de défilé, une proposition artistique qu’un vrai basique ».
La styliste confie ne pas être sûre que ce pantalon soit une pièce « portable au quotidien » par quiconque, bien qu’elle « comprenne la démarche artistique et la recherche d’originalité » derrière cette tendance : un moyen fort d’affirmer sa singularité ou encore.
La Haute Couture veut aller « au-delà du vêtement »
« La Haute Couture a toujours voulu aller au-delà du simple vêtement pour devenir une véritable création », raconte Célia Stern. L’objectif n’est pas forcément de proposer des pièces qu’on peut mettre au quotidien, « mais plutôt de raconter une histoire, de transmettre une émotion, ou encore de questionner notre rapport à la mode, au corps, et à la société ».
Célia Stern illustre son exemple avec le skant qu’elle décrit comme un vêtement qui invite à explorer de nouvelles formes, de jouer avec les genres, les volumes, les matières. « C’est aussi une façon pour les maisons de montrer leur savoir-faire exceptionnel, leur capacité à innover, à surprendre », ajoute la styliste.
« Ce qu’on voit sur les podiums peut paraître extravagant », acquiesce-t-elle. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ces vêtements sont présentés à la Fashion Week. « Ces événements ne s’adressent pas directement à monsieur et madame Tout-le-Monde ». Car la Fashion Week, « est un mix entre vitrine artistique, outil marketing ».
Ce qu’on y voit façonne la mode qu’on portera demain, même si ça passe d’abord par « des pièces plus folles ». Raison pour laquelle, l’accès est restreint aux professionnels (acheteurs, journalistes, stylistes, influenceurs, célébrités, etc.). En clair, tous ceux qui vont participer à relayer la tendance, la retravailler, l’adapter et faire rayonner le nom d’une maison de luxe à l’international.
Les vêtements Haute Couture ou des pièces pensées pour une élite
Le skant, le pantalon une seule jambe, tout comme les autres pièces qu’on voit en Haute Couture sont destinées à une élite très restreinte de collectionneurs, clients fortunés, célébrités, ou personnalités du monde de la mode qui cherchent à se démarquer. « Ce sont des pièces destinées aux tapis rouges et aux éditos mode », décrypte la styliste. Ces créations sont aussi « des objets d’art », qui véhiculent un message et montrent le savoir-faire d’une maison, continue Célia Stern.
Les gens ne vont pas réellement porter une « robe sculpture » ou un pantalon à une jambe dans la rue. Leur intérêt ? Attirer l’attention sur la marque ou la célébrité, marquer les esprits, faire parler d’elles sur les réseaux et dans la presse et attirer l’œil sur le savoir-faire d’une maison de luxe pour se démarquer.
Après les défilés, beaucoup de ces vêtements partent dans les archives de la marque, sont prêtés pour des expositions ou achetés par des collectionneurs. Même s’ils ne sont pas portés au quotidien, ce sont toutes ces idées qui vont influencer les versions plus accessibles qui arrivent en boutique grand public, conçus cette fois-ci pour la rue et adaptés à notre quotidien.