France

Affaire Bétharram : L’enseignement catholique veut désormais protéger « la personne » plutôt que « l’institution »

Changement de politique pour l’enseignement catholique, après les révélations sur les violences dans des établissements comme Notre-Dame-de-Bétharram. « Le temps où l’enseignement catholique comme d’autres institutions cherchait à défendre l’institution plutôt que la personne est révolu », a ainsi affirmé samedi à Toulouse le secrétaire général de l’enseignement catholique, Philippe Delorme, en ouverture des journées nationales de la fédération nationale des organismes de gestion de l’enseignement catholique (FNOGEC).

« Plus jamais nous ne devons chercher à masquer des affaires pour protéger l’institution. La personne, parce que c’est vraiment au cœur de notre projet, doit toujours être protégée », a-t-il insisté dans un discours évoquant, à la suite de l’affaire de Notre-Dame-de-Bétharram, le « grand nombre de témoignages d’anciens élèves de l’enseignement catholique (qui) révèle des actes de violence inqualifiables et des abus sexuels allant jusqu’au viol ».

« On le doit aux victimes »

« Tout le monde a ces évènements en tête et je tiens à ce que ce message soit porté par tous », a expliqué Philippe Delorme après son intervention, ajoutant : « on le doit aux victimes, on doit, pour ces victimes, avoir un langage clair, sans chercher à minimiser les choses mais en avançant résolument pour que nos maisons soient toujours des maisons sûres aujourd’hui ».

Philippe Delorme a rappelé que l’enseignement catholique avait mis en place des dispositifs de vigilance et de protection, notamment à la suite du travail de la Commission indépendante sur la pédocriminalité dans l’Église catholique (Ciase).

« Il appartient aujourd’hui à chaque acteur de l’enseignement catholique dont vous faites partie de vérifier que les dispositifs mis en place depuis plusieurs années […] pour que chacune de nos écoles soient des lieux de bientraitance éducative, soient efficients », a-t-il dit aux représentants des organismes de gestion de l’enseignement catholique. « Je crois sincèrement que c’est le cas aujourd’hui […] même s’il peut y avoir ici ou là des difficultés qui existent encore », a-t-il jugé.

« Responsabilité »

Dans un courrier envoyé fin février à l’ensemble de la FNOGEC, un réseau de plus de 30.000 personnes, le président, Pierre-Vincent Guéret, avait appelé ces structures à « la responsabilité » concernant les violences sur mineurs.

Ce message « un peu inhabituel » dans un réseau à la structure plutôt horizontale voulait rappeler que « 100 % des OGEC [organismes de gestion de l’enseignement catholique] […] doivent participer à la vigilance », a-t-il expliqué samedi. « Il faut garantir aux familles qu’on est suffisamment carrés et sérieux pour écarter tout individu dont nous serions responsables et écarter, y compris de manière conservatoire », a souligné Pierre-Vincent Guéret.

Entre une procédure prud’homale et « le doute sur une part de responsabilité concernant un gamin qui portera une blessure toute sa vie d’adulte, moi je ne prends pas le risque », a-t-il notamment insisté.

L’enseignement catholique comptait 2.059.650 élèves à la rentrée 2024 dans 7.190 établissements, selon les chiffres communiqués en ouverture des journées de la FNOGEC par son secrétaire général, Stéphane Ponchon.