Etats-Unis : Gel des embauches, licenciements massifs, la purge de la recherche et des universités s’accélère

L’enseignement supérieur et la recherche scientifique aux États-Unis sont en crise. Les coupes budgétaires imposées par l’administration Trump frappent durement l’enseignement supérieur et la recherche médicale aux États-Unis. Johns Hopkins University (JHU), l’un des centres de recherche biomédicale les plus influents au monde, a annoncé la suppression de plus de 2.000 emplois, conséquence directe de la réduction des financements fédéraux.
D’autres universités de prestige, comme Harvard, Stanford et Columbia, gèlent leurs embauches face à cette incertitude budgétaire.
Une crise nationale qui frappe la recherche et l’innovation
L’administration Trump a lancé une réduction drastique des subventions aux universités, en ciblant notamment les financements du National Institutes of Health (NIH) – une sorte d’INSERM Américain. Johns Hopkins perdra ainsi 800 millions de dollars de fonds fédéraux, ce qui impacte directement des programmes vitaux de santé publique, notamment sur le VIH, la tuberculose et le cancer.
D’autres universités de premier plan, comme Harvard ou Stanford, évoquent une situation budgétaire alarmante et suspendent les recrutements. Columbia a déjà perdu 400 millions de dollars, le gouvernement accusant l’université New Yorkaise de ne pas avoir suffisamment protégé ses étudiants contre l’antisémitisme.
« Dans six mois, on en verra les conséquences à travers le monde »
Fondée en 1876, Johns Hopkins University est mondialement reconnue pour ses contributions majeures à la médecine et à la santé publique. Son Bloomberg School of Public Health, première école de santé publique créée aux États-Unis, est un leader mondial dans la lutte contre les pandémies, les maladies infectieuses et le développement des soins de santé. L’université reçoit environ 1 milliard de dollars par an des National Institutes of Health (NIH) – sorte d’Inserm Américain, ce qui en fait l’un des plus grands bénéficiaires de fonds publics pour la recherche biomédicale. 600 essais cliniques sont actuellement en cours, allant de la lutte contre le VIH à la prévention des cancers.
Avec la suppression de 800 millions de dollars de financements de l’USAID, d’autres programmes vitaux de santé publique au sein de l’université sont menacés. Parmi eux, des initiatives en Afrique et en Asie pour le dépistage du VIH, la lutte contre la tuberculose et le traitement du cancer du col de l’utérus. Cité par le New York Times, le Dr Sunil Solomon, épidémiologiste à Johns Hopkins, alerte : « Arrêter ce financement ne tue pas immédiatement, mais dans six mois, on en verra les conséquences à travers le monde. »
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Des conséquences économiques et scientifiques
Le manque de clarté sur les financements fédéraux pousse les universités à revoir leurs priorités. Pour le président de l’Association des universités américaines (AAU), Toby Smith, la réduction des fonds alloués à la recherche signifie moins d’opportunités pour la science américaine et une possible perte de jeunes talents face à la concurrence internationale. Anticipant un possible exode des cerveaux, le gouvernement français a d’ailleurs demandé aux universités et aux organismes de recherche de l’hexagone de réfléchir à des dispositifs pour accueillir ces talents, tout en renforçant la place de la France dans l’écosystème scientifique mondial.
Si l’administration Trump défend ces coupes comme un moyen de « rationaliser » les dépenses publiques, les experts eux y voient une attaque contre l’excellence universitaire qui pourrait affaiblir durablement le pays. Alors que l’incertitude plane, de nombreux établissements se préparent à des restructurations profondes, risquant de modifier durablement le paysage de la recherche et de l’éducation aux États-Unis.