France

Affaire des viols de Mazan : Pourquoi Caroline Darian, la fille de Gisèle Pelicot, espère un autre procès ?

Le 19 novembre dernier, Caroline Darian laisse exploser sa colère au milieu de la cour criminelle du Vaucluse. « Tu mens ! Tu mens ! », lance-t-elle à l’intention de son père – « son géniteur », comme elle l’appelle désormais – Dominique Pelicot. Ce pédocriminel hors norme, qui a livré sa femme à des dizaines d’hommes, vient une nouvelle fois, une énième fois, de nier tout abus sexuel à son encontre. « Je lui dis droit dans les yeux : Caroline, je ne t’ai jamais touchée », lâche l’accusé d’un ton détaché. Devra-t-il s’en expliquer à nouveau ?

Le 5 mars, la nouvelle avocate de la quadragénaire, Me Florence Rault, a déposé une plainte dans laquelle elle l’accuse de soumission chimique et d’abus sexuels. « Le juge a maintenant six mois pour décider d’engager ou non des poursuites », précise la conseil. Au cœur de la procédure, figurent des fichiers qui selon Caroline Darian et son avocate n’ont pas fait l’objet d’une exploitation suffisante.

Des photos de Caroline Darian inconsciente

En épluchant les disques durs de Dominique Pelicot, les enquêteurs de Carpentras ont pourtant trouvé deux photos de Caroline Darian. Elle y apparaît inconsciente, allongée sur son lit, dans des sous-vêtements qui ne sont pas les siens. Elle ne s’est d’ailleurs pas reconnue lorsque les policiers lui ont montré les clichés. Elle et son mari ont affirmé face à la cour criminelle qu’elle ne dort jamais dans cette position. D’ailleurs, elle a le sommeil léger.

A son procès à Avignon, Dominique Pelicot a nié en bloc. « Cette photo allongée sur le lit, ce n’est pas moi », insiste-t-il, reconnaissant seulement des photos montages de la quadragénaire avec sa mère dans lesquelles elles apparaissent nues. Quid également de ce fichier effacé, « ma fille à poil » ? Que contenait-il ? Les policiers ne sont pas parvenus à récupérer les données.

« On n’a rien tiré de ces images »

Les investigations menées sur ce volet du dossier sont insuffisantes aux yeux de Caroline Darian. « On n’a rien tiré de ces images. La juge d’instruction n’a même pas pris de réquisitoire supplétif », insiste son avocate. Cette procédure permet d’élargir le périmètre de l’enquête lorsque des faits nouveaux sont mis en lumière.

Caroline Darian et Me Florence Rault soulignent des similitudes entre ces clichés et ceux de Gisèle Pelicot. Elle aussi apparaît sur des images avec des sous-vêtements qu’elle ne connaissait pas. Elles insistent également sur le profil particulièrement criminogène de Dominique Pelicot, par ailleurs mis en examen dans deux cold case : un meurtre précédé de viol en 1991, qu’il nie, et une tentative de viol avec arme en 1999, qu’il reconnaît. Le criminel n’a reconnu les faits que parce qu’il était acculé : son ADN a pu être isolé sur la scène de crime.

« Je me considère comme la grande oubliée de ce procès, avait-elle déclaré alors que le procès touchait à sa fin. Gisèle, elle a été violée, certes. Sous soumission chimique, certes. La seule différence entre Gisèle et moi, c’est que pour elle, il y a des preuves. Pour moi, c’est le drame absolu. » En décembre dernier, dans le volet la concernant, Dominique Pelicot a été condamné pour la diffusion des images prises à son insu.

Déterminée, son avocate assure qui si aucune poursuite n’est engagée, elles déposeront une plainte avec constitution de partie civile, ce qui entraîne obligatoirement une information judiciaire.