France

Scandale du chlordécone : Comment un pesticide a « bousillé » pour des siècles les populations et les terres antillaises

Ils étaient 1.286 à demander réparation. Ils ne seront finalement qu’une dizaine à être indemnisés pour « préjudice d’anxiété ». Des Guadeloupéens et Martiniquais tous exposés à la pollution au chlordécone, un pesticide hautement toxique utilisé entre les années 1972 et 1993 dans les bananeraies, aux Antilles.

Après des années de combat, une partie d’entre eux a enfin été entendue. Le 11 mars, la cour administrative d’appel de Paris a finalement reconnu des « fautes » de l’Etat « en accordant des autorisations de vente d’insecticides à base de chlordécone, en permettant leur usage prolongé, en manquant de diligence pour évaluer la pollution liée à cet usage ».

Des effets notoires durables

Sa dangerosité était pourtant connue depuis 1969, et il avait été interdit en France dès 1990. Mais sous la pression de planteurs et d’agro-industriels, deux dérogations ministérielles signées par Louis Mermaz, alors ministre de l’Agriculture sous François Mitterrand, avaient permis une prolongation de son utilisation sur les terres antillaises. Aggravant ainsi les effets notoires durables du pesticide sur les sols, dans les nappes phréatiques et les milieux marins. Et sur la santé des populations.

Résultats ? Une augmentation des risques de naissances prématurées, tout comme ceux de cancer de la prostate et de sa récidive chez l’homme, dont le taux d’incidence est parmi les plus élevés au monde. Et une atteinte de la croissance et du neuro-développement chez l’enfant.

Sans compter les problèmes liés à l’exploitation des terres et les eaux contaminées. Car si le chlordécone peut être éliminé par le corps humain au bout de six mois sans nouvelle exposition, il n’en va pas de même pour les sols. Sa persistance pourrait s’étendre de un à cinq ou six siècles !

Après cette première victoire pour une partie des victimes du chlordécone, 20 Minutes revient, dans la vidéo placée tout en haut de cet article, sur l’un des pires scandales sanitaires de ce siècle.