« Il ne veut plus y retourner »… Violenté à l’école, son garçon autiste attend toujours son AESH

«Je commence à bouillir. Je ne supporte plus cette inaction de l’Éducation nationale ». Soizic est la maman d’un garçon de 7 ans souffrant de troubles autistiques. Inscrit dans une école publique de Lamballe (Côtes-d’Armor), son fils est porteur du trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, parfois plus connu sous son acronyme TDAH. Un handicap qui lui donne droit à l’aide d’un accompagnant spécialisé quand il est à l’école mais aussi pendant les temps périscolaires.
Le problème, c’est que ces accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) sont trop peu nombreux, souvent mal formés et très peu considérés, rendant le métier particulièrement précaire. Surtout dans un contexte où les besoins ont explosé. D’après un rapport de la Cour des comptes, les effectifs des enfants porteurs de handicap ont triplé en quinze ans, passant de 155.000 en 2006 à 436.000 en 2022.
Cette situation, Soizic la connaît parfaitement. En quatre ans, son fils a déjà changé deux fois d’école, faute de pouvoir être convenablement accompagné. Un brin résignée, elle avait presque accepté que son fils ne soit pas toujours épaulé. Jusqu’à ce lundi de janvier. « Quand j’ai récupéré mon fils, il était en crise. Je ne l’avais jamais vu comme ça, l’éducatrice qui l’accompagne non plus. C’est là qu’il m’a raconté qu’il avait été frappé par trois enfants ».
La maman a appelé la directrice pour lui signaler les faits, qui se seraient déroulés dans la cour de l’école juste après le déjeuner. Un temps où son garçon est censé être sous la surveillance des animateurs périscolaires mais aussi, et c’est nouveau, d’une AESH. Sauf qu’elle n’était pas là ce jour-là, et que personne n’a rien vu. « Le soir, j’ai vu que mon fils était couvert de bleus. Quand je lui ai demandé, il m’a répondu avec beaucoup de calme que c’était parce qu’il avait été frappé. J’étais choquée. Je n’en veux pas à l’école, ils font ce qu’ils peuvent. Mais j’attends que l’inspection académique s’explique. C’est elle qui ne respecte pas la loi ». Sollicité, le rectorat confirme qu’il « n’y avait pas d’AESH sur le temps du repas » ce jour-là.
« Il dort très mal depuis »
Inscrit en CE1, son fils se verra prescrire 10 jours d’incapacité temporaire totale (ITT). Une période pendant laquelle il n’a pas été à l’école. Une période pendant laquelle Soizic a porté plainte, sur les conseils de la pédiatre, et multiplié les courriers d’alerte aux services de l’Éducation nationale, à la mairie et à l’école. « A son retour, il n’y avait rien qui avait changé. Depuis, il est très agité, il dort très mal et ne veut plus retourner à l’école. J’aimerais bien le rassurer, mais je n’ai eu aucun retour de l’Éducation nationale ». Un constat qui n’est pas propre au cas de Soizic. Face à ces situations, les parents d’enfants en situation de handicap sont nombreux à faire face au silence de l’institution. La direction académique assure qu’elle a bien « octroyé deux heures d’accompagnement hebdomadaire sur le temps méridien, soit 30 minutes sur quatre jours ». Un accompagnement collectif car il concerne deux élèves.
La règle a changé à la rentrée
Si la maman a décidé de prendre la parole, c’est pour alerter sur ces situations où les enfants porteurs de handicap sont en danger. Un problème pour eux, pour les autres enfants mais aussi pour tous les professionnels qui font ce qu’ils peuvent pour gérer ces situations de crise. Depuis la rentrée de septembre, la loi dite Vial du 27 mai 2024 impose à l’État de prendre en charge l’accompagnement des enfants en situation de handicap sur le temps méridien. Auparavant, c’était aux collectivités de s’en occuper.
Applaudie, cette mesure suscitait de vives inquiétudes à sa mise en place. La situation vécue par Soizic semble confirmer les craintes. L’académie se défend, rappelant que l’accompagnement par un AESH « ne se substitue pas à la surveillance et à l’encadrement des élèves durant la pause méridienne, qui relèvent de la compétence exclusive de la commune dans le premier degré public ». Comme souvent, chacun se renvoie la balle.