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L’Union Européenne ouvre la porte à des « hubs de retours » de migrants illégaux

Bruxelles passe à la vitesse supérieure sur l’expulsion des migrants en situation irrégulière. Après des mois de discussions, la Commission européenne a dévoilé mardi un ensemble de propositions visant à durcir sa politique migratoire, notamment en facilitant la création de centres d’expulsion en dehors des frontières de l’Union européenne.

L’initiative phare du plan repose sur la mise en place de « hubs de retours », des structures situées hors de l’UE où seraient envoyés les demandeurs d’asile déboutés et soumis à une obligation de quitter le territoire. Bruxelles ne compte pas ouvrir ces centres elle-même, mais entend poser un cadre légal permettant aux Etats membres d’en établir, à condition de respecter le droit international.

Assurer le contrôle de l’Europe

D’autres mesures accompagnent cette réforme : des sanctions renforcées contre les étrangers refusant de partir – confiscation de documents, détentions, interdictions d’entrée prolongées –, ainsi qu’une reconnaissance mutuelle des décisions d’expulsion entre pays membres. Une décision prise en Autriche pourrait ainsi s’appliquer en Espagne, un mécanisme visant à améliorer le taux d’exécution des expulsions, actuellement inférieur à 20 %.

« Ces mesures redonneront aux gens le sentiment que nous avons un contrôle sur ce qui se passe en Europe », assure Magnus Brunner, commissaire à l’origine du texte. Une initiative qui répond à l’« impatience » des Etats membres, souligne Camille Le Coz, du Migration Policy Institute Europe.

Les ONG montent au créneau

Mais de nombreuses interrogations demeurent : qui financera ces centres ? Quels pays les accueilleront ? Quels profils y seront envoyés ? Autant de questions qui freinent la mise en œuvre concrète de cette politique. Si les Pays-Bas, les pays scandinaves et la Suède veulent aller vite, d’autres États, comme l’Espagne, s’opposent farouchement au projet, dénonçant de possibles atteintes aux droits humains.

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Les ONG de protection des exilés montent au créneau, redoutant « une recrudescence des violations des droits humains », selon l’International Rescue Committee. L’eurodéputée écologiste Mélissa Camara alerte sur le risque de voir apparaître « des zones de non-droit et des conditions de détention inhumaines ».