Gérald Darmanin : Nous remercions les services marocains pour leur travail pour la sécurité de la France et des Français

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, s’est rendu, dimanche 9 mars au Maroc pour une visite officielle express de 24 heures afin de rencontrer son homologue, Abdellatif Ouahbi. Une visite qui s’inscrit dans un cycle diplomatique intense entre Rabat et Paris, avec déjà deux autres ministres français en déplacement au Royaume ces dernières semaines. Dans un entretien exclusif accordé à 2M, le garde des Sceaux a salué le rôle crucial du Maroc dans la lutte contre la criminalité et le terrorisme, soulignant l’importance de la coopération judiciaire et sécuritaire entre les deux pays.
Dès le début de son entretien, Gérald Darmanin n’a pas caché son admiration pour l’efficacité des services marocains en matière de renseignement et de lutte contre la criminalité transnationale. «Nous remercions vraiment énormément les services marocains pour tout le travail qu’ils nous apportent pour la sécurité de la France et des Français», a-t-il affirmé, soulignant la qualité exceptionnelle du partenariat entre Rabat et Paris. Et cette coopération entre la France et le Maroc ne cesse de porter ses fruits puisqu’en février dernier, deux complices présumés du narcotrafiquant Mohamed Amra, alias «La Mouche», ont été arrêtés à Marrakech à la demande des autorités françaises. Ils sont soupçonnés d’avoir participé à la préparation de son évasion en mai 2023 en Normandie, une opération qui a coûté la vie à deux agents pénitentiaires français. Autre exemple marquant, l’extradition en janvier dernier de Félix Bingui, dit «Le Chat», considéré comme «l’un des plus gros narcotrafiquants de France». Arrêté au Maroc dix mois plus tôt, il a été renvoyé dans l’Hexagone, où il est poursuivi en lien avec le clan Yoda, une organisation criminelle marseillaise impliquée dans le trafic de drogue.
Améliorer la saisie et la confiscation des avoirs criminels
Au-delà de la traque des criminels, le ministre français de la Justice a également évoqué un volet fondamental de la lutte contre la criminalité organisée : le gel et la confiscation des avoirs criminels. «Ce sont des maisons, des appartements, des voitures, parfois même de la crypto-monnaie qu’il faut pouvoir saisir et confisquer. Les services marocains font un excellent travail en matière de saisie, mais nous devons aller plus loin dans la confiscation», a-t-il expliqué. Actuellement, en France, sur 1,4 milliard d’euros saisis, seulement 300 millions sont effectivement confisqués. Un ratio que Paris veut améliorer, et sur lequel Gérald Darmanin espère une collaboration renforcée avec Rabat. «Nous avons une agence spécialisée qui pourrait aider le Maroc, si les autorités le souhaitent. L’objectif est clair : que l’argent issu du crime bénéficie à l’État, à nos écoles, à nos hôpitaux, et non aux trafiquants et à leurs familles», a-t-il martelé.
Lutte contre le terrorisme : «Plus nous nous parlons, plus nous évitons des drames»
Si la lutte contre le narcotrafic est une priorité, la coopération entre le Maroc et la France en matière de lutte contre le terrorisme demeure un enjeu majeur. Fort de son expérience de quatre ans et demi au ministère de l’Intérieur, Gérald Darmanin a insisté sur l’importance du travail conjoint dans ce domaine. «Le travail exceptionnel que fait le Maroc dans la lutte contre la radicalisation nous est extrêmement précieux. Plus nous nous parlons, plus nous évitons des drames pour chacun des pays». Le ministre a notamment mis en avant le rôle du Royaume dans le démantèlement de cellules jihadistes et le partage d’informations sensibles avec les services français. «Nous avons des intérêts communs et une menace commune. Ce qui touche le Maroc peut toucher la France et inversement. C’est pourquoi nous devons continuer à travailler main dans la main», a-t-il déclaré.
Une coopération judiciaire pour faciliter la vie des citoyens
Au-delà des enjeux sécuritaires, Gérald Darmanin a également abordé un autre aspect fondamental de la relation bilatérale : la coopération judiciaire civile. «Notre coopération ne se limite pas aux criminels et aux terroristes. Elle touche aussi directement le quotidien des Français et des Marocains», a-t-il expliqué. Mariages, divorces, héritages, accompagnement des citoyens binationaux… autant de dossiers où l’entraide entre les deux pays est cruciale. «Il s’agit d’améliorer la vie des gens, de simplifier les procédures pour qu’ils puissent faire valoir leurs droits plus facilement, des deux côtés de la Méditerranée», a-t-il ajouté.
Cette visite de Gérald Darmanin s’inscrit donc dans un contexte d’intensification des relations diplomatiques entre Rabat et Paris. «C’est un nouveau chapitre qui s’ouvre entre le Maroc et la France. Nous avons beaucoup à construire ensemble», conclut le garde des Sceaux.