Massacre des Alaouites en Syrie : Un millier de civils victimes d’exécutions sommaires

Des exécutions sommaires de civils. Voici comment une ONG qualifie l’offensive des autorités syriennes contre les fidèles de Bachar al-Assad. L’opération militaire a fait près d’un millier de morts parmi les civils.
La quasi-totalité des 973 civils tués, majoritairement issus de la communauté alaouite, ont été victimes d’exécutions sommaires menées par les forces de sécurité ou des groupes alliés, rapporte l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Les pires violences depuis le 8 décembre
La Syrie, gouvernée pendant un demi-siècle par le clan Assad, a connu les pires violences depuis l’arrivée au pouvoir le 8 décembre d’une coalition menée par des islamistes. Les combats ont été déclenchés par une attaque sanglante le 6 mars de partisans du régime déchu contre les forces de sécurité dans la région de Lattaquié, où se concentre la minorité alaouite dont est issu le clan Assad. Ces affrontements ont fait 231 morts dans les rangs des forces gouvernementales et 250 du côté des insurgés, selon l’OSDH.
« Nous annonçons la fin de l’opération militaire […] après le succès de nos forces pour atteindre tous les objectifs fixés », a annoncé lundi le porte-parole du ministère de la Défense, Hassan Abdel Ghani, cité par l’agence officielle Sana. Il a assuré que les forces de sécurité avaient pu « contenir les attaques contre ce qui reste du régime déchu » et « déjouer l’effet de surprise », dans une allusion au fait que ces groupes planifiaient une attaque d’envergure.
Une commission d’enquête indépendante
« Plus de cinquante personnes de ma famille et de mes amis ont été tués. Ils ont ramassé les corps avec des bulldozers et les ont enterrés dans des fosses communes », a témoigné à l’AFP dimanche un habitant alaouite de la ville de Jablé qui a requis l’anonymat. « Les zones visées étaient celles des alaouites et des chrétiens », a indiqué de son côté le patriarche orthodoxe d’Antioche, Jean X. « De nombreux chrétiens innocents ont également été tués », a-t-il souligné. Aucun chiffre officiel n’a été communiqué sur le nombre de chrétiens tués.
Ahmad al-Chareh a promis dimanche soir de poursuivre les responsables de « l’effusion de sang de civils » et formé une commission d’enquête indépendante. Selon des témoignages d’habitants, des djihadistes étrangers faisaient partie des combattants qui se sont livrés à des exactions contre les civils.
Condamnations internationales
Ahmad al-Chareh dirigeait avant sa prise du pouvoir le groupe radical sunnite Hayat Tahrir al-Sham, soumis à des sanctions internationales. « Nous ne permettrons à aucune force extérieure ou à aucun acteur local d’entraîner la Syrie dans le chaos ou la guerre civile », a-t-il par ailleurs assuré, sans autre précision.
L’Iran, allié du régime déchu, a formellement démenti lundi toute implication dans les violences en Syrie, qualifiant les accusations de certains médias de « ridicules ». L’ONU, Washington, Pékin et d’autres capitales ont condamné ces tueries, appelant les autorités syriennes à y mettre fin.