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Let Him Cook : Cuisine et techno, le mix parfait qui enflamme les réseaux sociaux

18h30, L’Arbre Bleu. En terrasse, ça trinque, ça discute, ça profite du Vieux-Port à Marseille, sans se douter que derrière les fourneaux, l’ambiance est tout autre. Car derrière, ça ne sent pas seulement le plat qui mijote, mais aussi la fête qui s’annonce.

Aux fourneaux, Théo Ferrato, créateur de Let Him Cook, mélange les genres avec une énergie contagieuse. D’un côté, les plats s’envoient, de l’autre, les enceintes crachent du bon son. Ici, une seule règle : l’authenticité qui s’invite entre deux casseroles et une table de mix. Véritable phénomène sur les réseaux, 20 Minutes est parti à la découverte de la recette secrète de ce succès.

L’origine d’une idée pas comme les autres

L’aventure Let Him Cook est née du pari audacieux de réconcilier deux univers que l’on croyait incompatibles : la gastronomie et la musique électronique. Inspiré par des concepts internationaux tels que Boiler Room, Rinse et le fameux Hör berlinois, Théo Ferrato, jeune entrepreneur marseillais, décide de mettre sa touche méditerranéenne sur un format qui traverse les frontières.

Un jour, à la salle de sport, Théo a eu l’idée. « Je venais me produire en tant que DJ dans ce restaurant, et j’ai proposé au propriétaire de mettre des platines dans la cuisine, et il a accepté. Depuis maintenant six mois, on organise deux sessions par jour, une au service du midi et une lors du service du soir. »

Derrière les portes de L’Arbre Bleu, la cuisine s’anime et se transforme en un véritable laboratoire où DJs et chefs se côtoient. Tandis que les casseroles fument et que les poêles bouillonnent, l’atmosphère se charge d’une énergie nouvelle.

Mais ce concept inédit n’était pas au goût de tout le monde. Il explique : « J’ai été élevé par ma grand-mère, elle est vietnamienne et elle voulait que je sois médecin. Moi, je voulais faire quelque chose dans l’artistique. Elle avait un restaurant et il fallait que je lui fasse comprendre ce que je faisais, que je réunisse les deux univers. Au fur et à mesure des vidéos, elle voyait les gens heureux, DJs comme cuisiniers, et maintenant elle adore. Elle a même son set préféré – s’en est un de hard techno – et elle passe souvent au restaurant pour voir qui va mixer. »

Isabelle, qui veille à l’accueil des artistes, ajoute : « Ici, comme dans les bars d’à côté, tout le monde diffuse les sets sur des télés. Beaucoup de personnes sont intriguées et s’arrêtent pour boire un coup. Récemment, un couple de Parisiens est même passé à L’Arbre Bleu, c’était prévu dans leur visite de Marseille. »

Quand la cuisine devient une rave

Derrière la façade conviviale se cache un spectacle inattendu. Dans un espace exigu mais vibrant, la musique se mêle au crépitement des flammes, créant une atmosphère digne d’une rave improvisée. Comme le résume Théo avec passion : « Nous, c’est l’authenticité qui prime, il y a une connexion entre les chefs et le DJ, et dans une cuisine, on ne peut pas tricher. »

Ce savant mélange d’improvisation, de technicité et de bonne humeur crée une ambiance particulière. Kheli, DJ parisienne performant ce soir-là, plaisante après sa performance : « J’ai eu chaud. C’est la première fois que je mixe dans une cuisine. J’ai mixé dans pas mal d’endroits différents, mais là, c’est vraiment spécial : c’est petit, mais l’équipe est au top et tout s’est très bien passé. »

Chaque service, un nouveau DJ vient performer dans les cuisines de ce restaurant. « On a deux artistes par jour, ils viennent mixer pendant une heure. Nous après on se charge de diffuser la vidéo, sur les réseaux sociaux », explique Théo.

Un succès mijoté à petit feu

Rapidement, Let Him Cook s’est imposé comme une référence pour les mélomanes et les épicuriens. Des DJs venus des quatre coins du globe se succèdent dans la cuisine marseillaise, apportant avec eux une diversité de styles et de cultures. « On a eu beaucoup de nationalités différentes, ils se sont déplacés de loin pour venir. On a eu une Ukrainienne récemment, des Belges, des artistes d’Égypte, d’Italie, d’Espagne… » explique Isabelle.

Théo insiste sur l’importance de la diversité dans ce concept : « On essaye de mettre en avant des DJs au style différent, venant du monde entier. Le but, c’est de faire découvrir de nouvelles musiques. C’est un peu comme les plats : chacun a ses préférences. Si tu n’aimes pas le poisson, nous, on va essayer de te le faire aimer. Ici, avec la musique, c’est pareil. »

Avec plus de des millions de vues sur les réseaux sociaux, Let Him Cook incarne aujourd’hui une nouvelle manière de vivre la musique, où chaque épisode est une célébration de styles différents. « Il n’y a pas de profil type pour venir mixer ici. On essaye de se focaliser sur les différences pour proposer le maximum de genres. On diversifie chaque épisode et on cherche des profils atypiques, » conclut Théo.

Une ambiance familiale

Au-delà du simple concept de set performance, ce projet réunit les talents de chacun dans une ambiance résolument conviviale et familiale. « Let Him Cook, c’est avant tout une histoire de famille : tout le monde aide pour que ce concept fonctionne. » explique Isabelle et Théo.

La DJ parisienne témoigne de cette ambiance : « Je suis heureuse de venir vivre cette expérience et passer ce moment ici. La musique, elle rassemble toujours autant. Ici, ils sont vraiment très accueillants, tu te sens comme à la maison. » Et c’est peut-être ça, la véritable recette du succès de Let Him Cook : un savant mélange d’improvisation et de passion. Ici, pas de frontières entre la musique et la cuisine, entre les artistes et le public.