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Corse : A Ajaccio, manifestation avec de nombreux élus pour dire « dehors » à la mafia

La Corse a tenu samedi à montrer son désir de lutter contre le crime organisé. Avec notamment le slogan « A Maffia Fora ! » (la mafia dehors !), des personnes ont manifesté samedi à Ajaccio à l’appel des deux collectifs antimafia de l’île, en présence de nombreux élus et avec l’intervention saluée et inédite du préfet.

Derrière une banderole « Assassini, maffiosi, fora » (Assassins, mafieux, dehors), cette manifestation, organisée par les collectifs « Maffia no, a vita ié » (Non à la mafia, oui à la vie) et « Massimu Susini », du nom d’un militant nationaliste assassiné en septembre 2019 à Cargèse, en Corse-du-Sud, a rassemblé quelque 1.500 personnes selon la police, et plus de 3.000 selon les organisateurs.

« Les vivants se révoltent »

Organisée après le meurtre mi-février d’une étudiante de 18 ans, sans doute ciblée par erreur, la mobilisation, dix jours après une session de l’assemblée de Corse consacrée aux dérives mafieuses, est partie de la gare à 14h30 pour rejoindre la préfecture. « Les vivants se révoltent et ils le font savoir », avaient annoncé les collectifs dans un communiqué.

Etaient présents notamment la présidente autonomiste de l’Assemblée de Corse Marie-Antoinette Maupertuis « en tant que présidente, mais aussi citoyenne, professeure et mère », trois des quatre députés de l’île, le sénateur autonomiste Paul-Toussaint Parigi et des politiques, de la droite aux indépendantistes de Core in Fronte, à l’exception des indépendantistes de Nazione.

Drapeaux corses et petites pancartes brandies par les manifestants flottaient dans le cortège : « Mafieux, fossoyeurs de notre peuple », « maffiosi traditori » (maffieux = traîtres), « U silenziu tomba » (le silence tue). « Merci d’être venus si nombreux pour troubler ce silence assourdissant qui a duré trop longtemps. Nous sommes tous victimes de la mafia », a lancé au mégaphone Josette Dell’Ava-Santucci du collectif « Maffia No, a vita ié », devant la préfecture.

L’action symbolique du préfet

Puis Jean-Jérôme Mondoloni, du collectif « Massimu Susini », a assuré que « le premier pouvoir en Corse, ce n’est ni celui des élus, ni celui du préfet, c’est celui de la mafia » en égrenant son « capital criminel » : 10 élus assassinés en vingt ans, 15 chefs d’entreprise en dix ans, un total de 192 assassinats ou tentatives en vingt ans, 80 restaurants victimes d’incendies criminels en dix ans…

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Événement rarissime en Corse où un préfet a été assassiné en 1998, il a ensuite passé le mégaphone au préfet de région, Jérôme Filippini, qui a reconnu que « ça n’arrive pas souvent dans la vie d’un préfet » de monter sur un camion de manifestants pour parler à la foule. « Je suis venu au nom de l’Etat, au nom du gouvernement, vous dire que le rassemblement populaire que vous formez aujourd’hui, il a mon soutien, notre soutien et il peut nous donner confiance », a-t-il déclaré sous les applaudissements et les remerciements.