Mutineries, agressions, prises d’otages… Les deux prisons à narcos choisies par Darmanin ont un passé bien chargé

Gérand Darmanin a mis fin, jeudi soir sur France 2, au suspense sur le choix des deux prisons qui accueilleront les 200 narcotrafiquants les plus dangereux. Il s’agit de celles de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, et de Condé-sur-Sarthe, dans l’Orne. Deux établissements récents, parmi les plus sécurisés de France, qui ont néanmoins connu bien des troubles.
Vendin-le-Vieil, Pas-de-Calais
Livré en 2014, le centre pénitentiaire de Vendin a été conçu pour l’incarcération de détenus condamnés à de longues peines avec une capacité de 238 places. Il n’aura fallu qu’un an après son inauguration pour que cette prison connaisse son premier incident grave.
Le 9 septembre 2015, en fin de matinée, le directeur adjoint de l’établissement est pris en otage par un détenu signalé comme particulièrement dangereux, armé d’un poinçon, dans le quartier d’isolement. L’otage est libéré sans violences en début d’après-midi et le détenu se rend sans violence. Pour l’anecdote, ce même détenu avait été transféré de la prison de Condé-sur-Sarthe, où il avait déjà été l’auteur d’une prise d’otage.
Un an plus tard, en juillet 2016, deux détenus prennent en otage un jeune surveillant et le séquestrent sous la menace d’une lame dans une cellule. Condamnés l’un pour meurtre, l’autre pour actes de barbarie, ils demandaient un transfert dans un autre établissement. La prise d’otage aura duré trois heures avant que les détenus se rendent aux policiers du Raid. Le surveillant n’a pas été blessé.
Le 11 janvier 2018, un détenu radicalisé et particulièrement surveillé de 51 ans, Christian Ganczarski, agresse trois surveillants avec une paire de ciseaux et un couteau volé à la cantine. Les victimes sont blessées au cou, aux côtes et une autre, plus gravement touchée, à la tête. Le détenu, incarcéré depuis 2002, était en fin de peine mais devait être extradé aux Etats-Unis pour sa participation présumée aux attentats du 11 septembre. Cette attaque a engendré un mouvement de grève général et le blocage de la plupart des prisons françaises.
Condé-sur-Sarthe, dans l’Orne
Les premiers détenus sont arrivés en mai 2013 dans ce centre pénitentiaire proposant 249 places, là encore essentiellement pour les longues peines. La première prise d’otage est survenue seulement huit mois plus tard, en décembre 2013. Deux détenus, dont celui dont nous parlions plus haut, séquestrent un surveillant stagiaire à l’aide d’une arme blanche pendant cinq heures dans les quartiers sociaux de la prison. Il faut l’intervention des Eris, les équipes d’intervention en milieu carcéral, pour que les détenus libèrent le surveillant et se rendent.
Le 5 mars 2019, Michaël Chiolo, un détenu radicalisé condamné à trente ans de réclusion, agresse deux surveillants avec un couteau en céramique alors qu’il se trouvait à l’unité de vie familiale de la prison en compagnie de sa femme. Une agression que le détenu a revendiquée au nom de l’Etat islamique. Les deux agents sont blessés, dont un gravement. Le couple s’étant retranché, le Raid doit mener un assaut lors duquel l’épouse du détenu est tuée. Là encore, un appel national à la grève avait été lancé.
Le 11 juin de la même année, Francis Dorffer, condamné pour viol puis pour l’assassinat d’un co-détenu, a mis à exécution sa sixième prise d’otage en prison. Il retient deux surveillants, dont une jeune stagiaire, sous la menace d’un poinçon dans une coursive. Après près de cinq heures, il finit par libérer ses otages sans faire de blessé.
La dernière prise d’otage dans cette prison remonte au 22 février dernier. Cette fois, ce n’est pas un surveillant mais une infirmière qui est brièvement retenue sous la menace d’une lame par un détenu. Elle est libérée au bout de dix minutes grâce à l’intervention des équipes de sécurité qui ont maîtrisé le détenu à l’aide de gaz lacrymogène.
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Plusieurs mutineries ont par ailleurs émaillé la vie de cette prison, notamment en octobre 2015 par 15 détenus, ou en juillet 2019. Dans les deux cas, les mutins protestaient contre des mesures de sécurité renforcées ou demandaient leur transfert dans des établissements moins stricts.