France

RATP : Une agente menacée de licenciement pour une vidéo TikTok, la CGT dénonce une vague de répression

La RATP mène-t-elle une vague de licenciements abusifs ? Le 26 février dernier, Fatima, agente du Groupe de protection et de sécurité des réseaux (GPSR) plus communément appelé la « Sûreté RATP », était convoquée par sa hiérarchie pour « des faits fautifs avec la possibilité d’une mesure disciplinaire pouvant aller jusqu’à la révocation ».

Que lui est-il reproché ? « Un comportement et des propos inappropriés [qui] ne respectent pas le code éthique applicable au sein de la RATP et le code de déontologie applicable au sein du service de Sûreté », selon la régie des transports contactée par 20 Minutes. Une accusation « sans fondements », juge la CGT, qui cache une vague de licenciements abusifs dans le cadre de l’ouverture à la concurrence des transports en Île-de-France.

Une vidéo sur TikTok qui ne passe pas

Fatima est une habituée des vidéos TikTok. L’agente aime à exposer son quotidien ou ses humeurs. Problème, pour sa hiérarchie, l’une de ses dernières vidéos ne passe pas. Dans celle-ci, on la voit chanter et danser en uniforme. Elle chante en arabe et un petit logo à l’effigie du drapeau algérien apparaît. C’est une réponse à la vidéo d’un autre agent qu’elle juge sexiste.

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La vidéo ne passe pas auprès de la RATP qui lui envoie un courrier le 6 février. « Ils m’ont dit que je ne pouvais pas m’exposer comme ça et entacher ma profession et l’entreprise. Sauf que sur la vidéo, je n’ai que mon uniforme bleu, semblable à celui de tous les corps de sécurité du pays, et il n’y a pas de badge reconnaissable. Et je n’ai mis aucun hashtag ou ne cite ni la RATP ni le GPSR dans la vidéo », explique-t-elle à 20 Minutes. Surtout, selon elle, cette vidéo est faite sur le ton de l’humour comme elle le précise en sous-titre, et comme le montrent les réponses en commentaires.

Un arrêt de travail à l’origine de sa convocation ?

Pour Fatima, la vraie raison de cette convocation est ailleurs. En janvier dernier, elle bénéficie d’un arrêt de travail après une intervention durant laquelle l’individu interpellé, un toxicomane, raconte-t-elle, lui crache au visage. Pendant l’interpellation, elle ressent une douleur à l’épaule qu’elle néglige. Mais le lendemain, la douleur se fait plus vive et Fatima va voir un médecin qui constate une contusion. L’agente contacte alors la RATP pour faire ajouter cette blessure à son arrêt de travail.

« C’est là que ça s’est emballé, explique Fatima, ma hiérarchie, malgré la radio que j’ai fournie, a avancé que je simulais. » En guise de réponse l’agente obtient des réserves de sa hiérarchie sur son arrêt de travail. « Ça s’est passé le 17 janvier, comme par hasard, le 23, la hiérarchie découvrait mes vidéos sur TikTok d’après ce qu’ils m’ont dit à l’entretien. Des vidéos qui datent de plusieurs mois », exprime-t-elle dégoûtée.

La CGT dénonce « une purge »

« Ce cas n’est qu’un de plus parmi plusieurs décisions de révocations abusives dans les rangs de l’entreprise », commente la CGT-RATP, contactée par 20 Minutes. Selon le syndicat, la régie multiplie les sanctions à l’encontre de ses agents depuis plusieurs mois. Le syndicat explique cette politique par plusieurs motifs.

D’abord par une volonté de « nettoyer » le service du GPSR dans le contexte de l’ouverture à la concurrence dans laquelle est impliquée l’entreprise. « La RATP a besoin que les agents GPSR renvoient une image intimidante à la population. Cette convocation vise à serrer la bride d’un secteur qui doit incarner l’autorité, loin de toute forme de proximité avec l’Algérie ou les quartiers populaires. »

Toujours dans ce contexte de concurrence, la RATP, selon la CGT, appliquerait « une purge » à l’encontre de tout agent en arrêt de travail afin de « faire sauter les statuts » pour les remplacer par des CDD et des intérimaires « afin de baisser la masse salariale et privilégier les contrats précaires qui ne pourront pas faire grève ». « C’est un plan social déguisé, explique un responsable syndical, le braquage du siècle. »

« Des manquements répétés », selon la RATP

Un avis appuyé par Fatima qui a signalé, lors de son entretien d’autres agents, tout aussi présents sur les réseaux, avec signes de l’entreprise très visibles et auteurs de propos homophobes ou islamophobes. « Mais eux, comme ils s’appellent Julien et qu’ils ne sont pas en arrêt, ils ont eu cinq jours de mise à pied alors que moi je vais être licenciée… », constate l’agente qui avoue être psychologiquement atteinte depuis et ne dormir que sous médication depuis son entretien.

La RATP dément ces accusations mais confirme « l’entretien disciplinaire pouvant aller jusqu’au licenciement » dont Fatima aura la réponse dans le courant du mois de mars « suite à des manquements répétés de l’agent » sans en dire plus.