Maroc

Retour des pluies : Trop tard pour les céréales, bouffée d’oxygène pour le maraichage et l’arboriculture

Les précipitations qui intéressent différentes régions du Royaume dans ces jours-ci, notamment, le nord et le centre du pays, réconfortent un monde rural en crise. Même si c’est déjà trop tard pour les cultures d’automne, en particulier les céréales, ces pluies constituent une bouffée d’oxygène pour la filière maraîchère et l’arboriculture fruitière. «Ces pluies ne peuvent avoir d’impact que sur les cultures déjà en bon état d’avancement, notamment dans des régions du Gharb et du Saïss qui ont été les principaux réceptacles des récentes pluies», explique au journal «Le Matin» l’ingénieur-agronome Abdelmoumen Guennouni. Selon lui, même si la germination des céréales a déjà eu lieu, deux mois ne suffiront pas pour le cycle céréalier, les moissons démarrant en mai prochain. De même, poursuit l’agronome, s’agissant des pâturages, les herbes d’automne ne poussent pas au printemps. En dépit de ces précipitations, les éleveurs ne peuvent donc pas espérer une régénération suffisante des parcours. «Les précipitations, même tardives, ont toujours un impact positif sur le monde agricole. C’est vrai que pour les cultures céréalières, l’impact est pratiquement nul puisqu’une bonne partie des terres cultivées se trouvant en zone Bour n’a pas connu de germination, du fait du retard des pluies. En revanche, les producteurs de céréales se trouvant dans des zones irriguées peuvent espérer une bonne récolte, car, en l’absence de précipitations, ils se sont mis à irriguer leurs parcelles.

Les réserves des barrages s'améliorent après les dernières pluies

Le retour des pluies les soulagera au moins un peu des charges liées à l’irrigation», nous déclare Saïd Lahrech, technicien agricole opérant dans la région de Casablanca-Settat. La succession des années de sécheresse a poussé un bon nombre d’agriculteurs à abandonner définitivement la culture céréalière, surtout dans les zones où l’irrigation est pratiquée. «Dans la région des Doukkala, par exemple, une grande partie des petits et moyens agriculteurs s’est investie dans le maraîchage, encouragée à cela par la disponibilité des ressources hydriques de surface et souterraines. La pratique du maraîchage permet justement à ces agriculteurs de générer de la valeur tout au long de l’année, contrairement aux céréales», révèle Lahrach. Sauf que cette reconversion au maraîchage sera limitée dans le temps. Le fait est que l’intensification du pompage dans la région précipitera l’épuisement des nappes phréatiques.

Sécheresse : les nouveaux mécanismes de l’État pour développer les filières de production

Le Maroc est confronté, aujourd’hui, à de grands défis socio-économiques et environnementaux, notamment en termes de sa souveraineté alimentaire, avec un besoin de renforcer la production nationale des produits agricoles essentiels, comme les céréales, le sucre, les huiles alimentaires, les fruits, les légumes, les viandes et le lait. Un processus qui implique un développement accru des filières de production végétales et animales afin de garantir un approvisionnement régulier du marché et réduire la dépendance aux importations. Dans le cadre de la déclinaison des axes du deuxième fondement de la stratégie nationale, Génération Green (2020-2030) portant sur le développement des filières de production, le département de l’Agriculture avait conclu avec les interprofessions agricoles, des contrats programmes pour le développement et la modernisation des principales filières de production agricole, couvrant 15 filières végétales et 5 filières animales. Cependant, la sécheresse récurrente qui a frappé le pays lors des sept dernières campagnes agricoles a impacté négativement, aussi bien les cultures conduites en Bour, que les ressources en eau pour l’irrigation, limitant ainsi la production au niveau des périmètres irrigués. En plus des fluctuations imprévisibles des précipitations, les changements climatiques que connaît le Royaume, à l’instar des autres pays, ont entraîné l’augmentation des amplitudes thermiques affectant les cycles de développement des principales cultures. Face à ces défis, l’Agriculture assure avoir adopté de nouveaux mécanismes. Il s’agit notamment de la réorientation des aides octroyées par l’État dans le cadre du Fonds de développement agricole (FDA) vers le remplacement des cultures vulnérables au manque d’eau par des espèces végétales résilientes aux changements climatiques comme l’olivier, le palmier dattier, l’arganier, le cactus, l’amandier, le figuier et le caroubier. À cela s’ajoutent, le développement et l’utilisation de variétés génétiquement améliorées pour faire face à la sécheresse et à la rareté des ressources en eau, notamment pour les céréales, les légumineuses et les cultures oléagineuses. Dans la foulée de ces mesures, les services d’Ahmed Bouari intensifient l’encadrement des organisations professionnelles et l’appui à l’investissement, notamment pour l’adoption des techniques d’économie d’eau d’irrigation. Le tout assorti de la poursuite de l’assurance pour les céréales, les légumineuses et les cultures oléagineuses et pour les arbres fruitiers contre les risques climatiques, en plus du soutien à l’irrigation d’appoint pour couvrir les besoins en eau des cultures en Bour en vue d’améliorer la stabilité de la production et le développement de l’agriculture écologique par l’adoption de pratiques de conservation des ressources naturelles (eau et sol), l’amélioration durable de la productivité et la promotion et la diffusion de ces techniques.