Procès Le Scouarnec : « Je dois la vérité à chacune d’entre elles »… Les « excuses » de l’ex-chirurgien à ses victimes

A la cour criminelle du Morbihan, à Vannes,
« Je n’ai que du mépris pour l’homme que j’ai été, pour l’homme qui a fait tout ça, qui en a été capable et qui s’est complu là-dedans ». Démarré lundi, son interrogatoire vient de s’achever. Et pour la première fois depuis l’ouverture de son procès devant la cour criminelle du Morbihan, Joël Le Scouarnec semble enfin, ce mercredi après-midi « fendre l’armure », comme le relève son avocat Maître Maxime Tessier. Affaissée dans son box et des sanglots dans la voix, le chirurgien pédocriminel montre pour la première fois son émotion.
Car oui, il a bien « été un violeur d’enfants », chose qu’il a longtemps niée. « Je ne pouvais pas me reconnaître avec ce terme, avoue-t-il. Mais c’était un déni total ». Il assure aujourd’hui qu’il est « libéré » de ses pulsions pédophiles – « c’est une certitude pour moi » – et qu’il souhaite désormais « en finir avec les mensonges » qui ont rythmé sa « carrière » de pédophile pendant trente ans. « Je ne veux plus rien cacher de ce qu’a été cette vie », affirme-t-il.
Son « souhait de les entendre chacune »
A la veille de l’audition de ses premières victimes, l’ancien chirurgien viscéral veut avoir une pensée pour elles. « J’imagine le désarroi, le choc, le traumatisme que ça a dû être quand on leur a fait lecture du paragraphe qui les concernait, et je leur présente mes excuses pour ce que je leur ai fait », déclare-t-il avant de fondre en larmes. Des excuses qu’il réitère quelques minutes plus tard à l’égard de la petite voisine qu’il avait violée en 2017 à Jonzac (Charente-Maritime), et « à ses parents qui ont été totalement dévastés ».
A partir de jeudi et pendant trois mois, Joël Le Scouarnec fera face à 299 autres de ses victimes. « Le but de ce procès, ce n’est pas moi. Ce sont ces personnes-là », assure-t-il, évoquant son « souhait de les entendre chacune ». « Je ne voulais pas faire de ce procès une généralité, poursuit-il. Je dois la vérité à chacune d’elles ». Avant de prévenir : « A bien des questions que se posent les victimes, je ne pourrai apporter de réponse. Mais je veux être sincère ».
Des « blessures impardonnables et irréparables »
A la question d’un de ses avocats, le pire pédocriminel jamais jugé en France indique aussi « souhaiter » que ce procès soit « réparateur » pour ses victimes. « Je sais que cela va réactiver des souffrances et que ces blessures sont impardonnables et irréparables, confie-t-il. Mais si pour une seule, cela lui permet de reprendre un chemin de vie normal, ce sera pour moi une chose extraordinaire ».
Notre dossier sur le procès Le Scouarnec
Le procès de Joël Le Scouarnec doit se tenir pendant quatre mois devant la cour criminelle du Morbihan à Vannes. L’ancien chirurgien encourt la peine de maximale de vingt ans de prison.